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Le député LREM Patrice Anato veut faire de la Seine-Saint-Denis une Silicon Valley à la française

Le député LREM de Seine-Saint-Denis Patrice Anato. @ Christine Calais

La plate-forme Le Grand Numérique vient d’être lancée pour booster l’emploi, la formation et la création d’entreprises dans le secteur du digital en Seine-Saint-Denis. Interview de Patrice Anato, député LREM, à l’origine du projet, pour qui « l’avenir s’inscrit en numérique ».

 

Solutions Numériques : Pourquoi avoir lancé Le Grand Numérique ?

Patrice Anato : J’ai souhaité créer un projet structurant pour le département dont je suis représentant, la Seine-Saint-Denis, afin d’initier une dynamique de développement économique et réduire la fracture sociale. Je suis convaincu que l’avenir s’inscrit en numérique. La crise sanitaire a ainsi mis en exergue l’importance des outils numériques.
Or la Seine-Saint-Denis compte de nombreux datacenters et est dynamique en matière de création d’entreprise. J’ai souhaité créer un outil utile pour faire du 93 une « Silicon Valley à la française », où le numérique prend son essor, tout en prenant en compte ses impacts sociaux et environnementaux.

 

S.N. : Quels en sont les objectifs ?

P.A. : Nous avons deux ambitions majeures :

– une plate-forme au service de la création d’emplois et de l’inclusion. Nous voulons avoir formé et inséré 20 000 personnes en six ans, jusqu’à 2027.

– la transformation du territoire et le développement d’entreprises du numérique. Nous voulons accompagner 150 startups. Nous voulons attirer dans nos dix Zones Franches Urbaines (ZFU) les startups les plus innovantes.

Le siège de la plateforme est à La Courneuve. Des campus numériques vont couvrir tout le département, afin que l’on puisse se former au plus près de son lieu de résidence.

Le Grand Numérique a pour vocation de rayonner dans toute l’Ile-de-France, et de servir de modèle duplicable sur tout le territoire français. La plateforme a été officiellement lancée le 31 janvier 2022 à l’Assemblée Nationale en présence d’Elisabeth Moreno, ministre chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l’égalité des chances et de Cédric O, secrétaire d’Etat à la transition numérique.

 

S.N. : En quoi la plate-forme répond aux besoins du marché de l’emploi du numérique ?

P.A. : On estime actuellement les besoins en recrutement dans le numérique francilien à 45 000 postes. Une personne accompagnée par la plate-forme l’est depuis sa formation jusqu’à la signature du premier contrat auprès d’entreprises partenaires ou jusqu’à la création d’une entreprise. Le dispositif est ouvert à tous, quel que soit son niveau d’études, jeunes, décrocheurs ou en reconversion. Nous accueillons celles et ceux qui souhaitent saisir les opportunités de formation et d’emploi offertes par le numérique. La plateforme permet à chacun d’eux d’entrer en relation avec les organismes de formation et les recruteurs partenaires.
Les métiers cibles du Grand Numérique sont tous ceux dont les entreprises ont besoin : développement, data, intelligence artificielle, cybersécurité, infrastructures, jeux vidéo…

Une personne accompagnée par la plate-forme l’est depuis sa formation jusqu’à la signature du premier contrat auprès d’entreprises partenaires ou jusqu’à la création d’une entreprise

S.N. : Quelles sont les lignes directrices du projet ?

P.A. : Il comprend trois axes :

– développer la formation au numérique auprès des jeunes, des demandeurs d’emploi et des personnes en reconversion ;
– favoriser l’entrepreneuriat et l’innovation (accès facilité au foncier, politique fiscale, mise en relation avec les partenaires) ;
– être un incubateur de politiques publiques, un laboratoire pour la co-innovation des politiques publiques du numérique, afin de développer l’écosystème du numérique en France.

Nous nous appuyons sur des dispositifs existants, comme le plan 1 jeune, 1 solution de l’Etat, le financement de la Région Ile-de-France.

 

S.N. : Quelles sont les parties prenantes au projet ?

P.A. : Plus de cent acteurs sont partie prenante. C’est un projet transpartisan au service du département. Je suis allé voir les collectivités de droite comme de gauche pour le construire. Les membres fondateurs de la plateforme sont la CCI de la Seine-Saint-Denis, la JFD (ex-Journée de la Femme Digitale), Interxion et Simplon, et moi-même.
Nous avons plus de 80 partenaires dans la boucle, certains partenariats déjà concrétisés, d’autres étant en cours de discussion : Samsung, Cap Gemini, OVH, Meta, Air France, la French Tech… Ils peuvent abonder de différentes façons : financement, prêt de locaux, programmes de formation. Deloitte pourrait ainsi proposer du mentorat. Les entreprises s’engagent à recruter des personnes accompagnées et formées au sein de la plate-forme. Une trentaine d’organismes de formation, comme Descodeuses, l’Ecole 42, Les Plombiers du Numérique, Webforce3, proposent déjà ou devraient proposer leurs dispositifs. Les acteurs de l’emploi sont aussi partenaires : Pôle Emploi, 12 missions locales, ainsi que Cap Emploi qui accompagne les personnes en situation de handicap.
De plus, une levée de fonds est en cours. Elle réunira en plusieurs tranches 16 millions d’euros. Elle servira à l’organisation des différents dispositifs, la formation, le développement des startups, et à aider les personnes qui ne rentreraient pas dans les cases des aides classiques. Nous cherchons actuellement des business angels. Nous devrions bénéficier de l’accompagnement de BpiFrance, de la Banque des Territoires et d’Initiative France.

 

Une levée de fonds est en cours. Elle réunira en plusieurs tranches 16 millions d’euros.

S.N. : Quelles actions allez-vous mener pour promouvoir la plateforme ?

P.A. : Tous les partenaires sont les ambassadeurs du Grand Numérique dans leur réseau. Nous allons faire vivre Le Grand Numérique en organisant des événements de type hackathon ou concours d’innovation. Nous allons mener des actions de sensibilisation auprès des collégiens, des lycéens, des femmes et des personnes en situation de handicap. En tant qu’élu, je vais aussi en parler dans les réunions publiques, auprès des associations de terrain.

 

 

Propos recueillis par Christine Calais