Accueil Formation Compétences numériques : presque 30 % des agents territoriaux en grande difficulté

Compétences numériques : presque 30 % des agents territoriaux en grande difficulté

C’est l’un des résultats marquants d’une enquête, la première du genre, sur les compétences numériques des agents territoriaux. 27 % d’entre eux ont « un niveau débutant non suffisant pour une activité professionnelle. » 

Quel est le niveau de maîtrise des compétences numériques des agents territoriaux, alors que l’Etat a un ambitieux programme de dématérialisation des services publics, nationaux et locaux ?
Pour la première fois, une enquête* portée par l’association les Interconnectés, Syntec Numérique et Pix, en partenariat avec la Gazette des Communes et Tech’In France, alliant questionnaire en ligne et tests avec mise en situation réelle, a été menée auprès d’agents volontaires. « Le choix méthodologique de cette enquête a été de ne pas se situer uniquement sur du déclaratif, raconte Marie Bancal, responsable des partenariats et du développement chez Pix, service public en ligne pour évaluer, développer et certifier ses compétences numériques. Le corps de l’étude se base sur une mesure réelle de la compétence ». C’est le propre de la plateforme Pix qui propose des tests en environnement réel.
« Afin de restituer les différents niveaux de maîtrise du numérique des agents, nous avons choisi de les présenter selon trois niveaux (voir ci-dessous) : débutant, intermédiaire et autonome, indique-t-elle. Il faut préciser que l’on n’est pas dans la mesure de la maîtrise des outils mais bien de celle de la maîtrise des compétences associées, qui implique de comprendre les enjeux ».

Un niveau globalement insuffisant

Selon les résultats de l’étude, plus d’un quart des agents territoriaux (27 %) sont aujourd’hui en grande difficulté et ce manque de compétences numériques peut être un frein et un réel problème pour eux dans leur environnement professionnel. « Même sur des fonctionnalités basiques des usages du numérique, ils sont à un niveau débutant non suffisant pour une activité professionnelle notamment, mais pas seulement puisque la compétence de la personne au sens large est également en question dans ce cadre », souligne Céline Colucci, déléguée générale de l’association Les Interconnectés.

D’après l’étude, 38 % des agents interrogés sont dans une situation intermédiaire qui leur permet d’agir de façon relativement autonome dans un environnement qu’ils connaissent, sans doute suffisant pour leurs tâches quotidiennes. « Mais dès qu’on sort de ce champ, ils sont en difficulté et n’ont en tous cas pas le niveau suffisant pour maîtriser véritablement ces enjeux », déclare Céline Colucci. Enfin, selon l’enquête, un peu plus d’un tiers des agents sont autonomes.

Un manque de compétences croisées

Globalement, le niveau de maîtrise le plus avancé se retrouve sur l’usage des e-mails. Le niveau intermédiaire concerne plutôt des sujets tels que les données personnelles, la cybersécurité et les pratiques collaboratives. Les sujets plus récents, où la pratique est insuffisante, sont les réseaux sociaux et le numérique responsable.
« Il est intéressant de faire le lien entre les différents thèmes, indique Marie Bancal. On pourrait en effet se satisfaire que l’e-mail soit maîtrisé, sauf que, si on le croise avec les thèmes « mot de passe » et « source d’infection d’un ordinateur », on se rend compte que, potentiellement, les agents savent manipuler le mail mais pas forcément bien sécuriser leurs accès avec un mot de passe. Ils sont donc susceptibles de faire l’objet de tentatives de phishing sans être totalement capables d’en repérer les contours et les risques ». Un croisement de compétences s’avère donc nécessaire pour être à l’aise dans différentes situations.

L’étude montre par ailleurs que la maîtrise des compétences est corrélée à l’âge : 56 % des agents de moins de 34 ans ont un niveau autonome contre 17 % des plus de 55 ans. Cependant, les digital natives restent en fragilité sur certaines compétences indispensables pour leur activité, comme par exemple les données personnelles et la cybersécurité.

 

  • Concernant la méthodologie de l’étude « Les compétences numériques des agents territoriaux », la participation basée sur le volontariat induit, selon Pix, des biais dans l’échantillon (« notamment des résultats peut-être un peu optimistes ») mais les enseignements restent solides car ils sont basés sur des mises en situation réelle et sur un nombre de répondants conséquent (1337). 

Patricia Dreidemy