Face à la promesse d’un « better, faster, cheaper » grâce à l’IA, beaucoup d’entreprises découvrent un paradoxe : accélérer sans méthode mène surtout à plus de frictions, plus d’erreurs et peu de valeur mesurable. Dans cette tribune, Adrien Nortain, CTO de Zenika, plaide pour une approche plus mature, fondée sur la qualité, la gouvernance et l’alignement des équipes, afin que l’IA devienne enfin un levier de performance, et pas seulement un moteur de vitesse.
Depuis l’arrivée de l’IA dans les entreprises, chacun cherche à faire plus, mieux et plus vite. Mais sans méthode ni garde-fous rigoureux, l’IA peut tout aussi rapidement accélérer les erreurs, voire ne pas produire les résultats attendus. Or pour aller plus loin, il faut réfléchir à dépenser moins et mieux.
La course à l’IA s’est transformée en un véritable sprint mondial. Prises d’un véritable FOMO, les entreprises multiplient annonces et projets pour produire du code, concevoir des services, innover sans relâche. Mais voilà que les lendemains déchantent : quelques mauvais choix, un modèle mal supervisé, et la dette technique s’envole. Un rapport du MIT révèle d’ailleurs que 95 % des projets pilotes en IA échouent à générer un impact financier significatif.
La plupart des entreprises se contentent encore de mesurer l’IA à travers des indicateurs d’adoption — nombre de projets lancés, taux d’usage des assistants, ou économies ponctuelles de temps. Ces chiffres donnent une illusion de progrès, mais disent peu de la valeur réelle créée.
Car lorsqu’aucun « quality gate » n’est intégré dans le cycle de développement, les assistants IA peuvent générer des « code smells » ou du code bancal — preuve que la vraie différence réside dans la qualité intégrée, pas la vitesse aveugle.
L’IA n’est pas magique : c’est une question d’orchestration
Pour y parvenir, il convient de maîtriser les fondamentaux, et en particulier : gouvernance, architecture, compétences et éthique. C’est à ce prix qu’elle peut réellement transformer la performance en valeur.
Mais pour que cette promesse devienne réalité, il faudra apprendre à mesurer intelligemment la performance de l’IA et à piloter les investissements technologiques, non plus à la dépense, mais au résultat.
Car les promesses de gain de productivité de l’IA sont bien réelles. Mais sans alignement entre les équipes produit, IT et métier, ces initiatives deviennent vite des “proofs of concept” sans lendemain. Or, c’est à l’intersection de ces trois dimensions que naît la vraie performance.
Il faut donc adopter une approche intégrée qui articule vision stratégique, exécution et synchronisation technique pour créer un effet multiplicateur durable :
- des produits testables et évolutifs,
- des systèmes fiables et observables,
- des opérations optimisées et traçables.
Faire mieux, plus vite, moins cher… oui, mais durablement
« Cheaper, better, faster with AI » ne doit pas être qu’un slogan : c’est une directive, une exigence collective à atteindre pour des résultats tangibles.
À moyen et long terme, les organisations devront corréler leurs usages de l’IA à des indicateurs tangibles de valeur : réduction du time-to-market, amélioration de la qualité de service, stabilité des systèmes, satisfaction client ou ROI opérationnel.
Cette évolution confirme un pivot structurel profond dans les entreprises : les investissements technologiques ne sont plus des centres de coûts, mais des sources de profit et de performance. C’est à ce niveau d’exigence — stratégique, mesurable et partagé — que l’IA tiendra enfin sa promesse : produire mieux, plus vite et à moindre coût…durablement, et de la bonne manière.





