Accueil L’hyperconvergé rapproche le “on-premise” du Cloud

L’hyperconvergé rapproche le “on-premise” du Cloud

Trop rigides techniquement et commercialement, les serveurs et baies de stockage se rapprochent peu à peu des solutions présentes dans le Cloud public. Les plateformes hyperconvergées sont l’illustration la plus évidente de ce mouvement de fond du marché des infrastructures IT.

 

Quelle que soit la stratégie de la DSI vis-à-vis du Cloud public, une chose est sûre, des acteurs tels qu’AWS, Google, Microsoft Azure, OVH ont littéralement ringardisé les procédures d’achats des ressources informatiques traditionnelles. Attendre des semaines voire des mois pour disposer de nouveaux serveurs, étendre les capacités du Data Warehouse de l’entreprise alors qu’il suffit de 2 clics pour le faire sur le Cloud n’est plus tolérable à l’heure de la transformation digitale. Si, par définition les infrastructures on-premise ne peuvent scaler à l’infini comme le permet le Cloud, celles-ci doivent offrir plus de souplesse à leurs utilisateurs. Le passage de serveurs bare metal à la virtualisation puis au Cloud privé à permis aux exploitants de gagner en réactivité, désormais c’est l’hyperconvergé qui fait entrer le Cloud public dans les datacenters des entreprises comme l’explique Sylvain Siou, directeur de l’ingénierie pour la zone EMEA de Nutanix : « Notre stratégie consiste à fournir des services au-dessus de notre plateforme qui sont en tout point similaires à ce que l’on trouve dans le Cloud public. C’est ce qui va permettre l’hybridation et la possibilité de concevoir et déployer des applications aussi bien en on-premise ou dans le Cloud public ou sur les deux de manière transparente. On retrouve ainsi les API Kubernetes, S3 pour le stockage, etc. » La stratégie du “pure player” de l’hyperconvergé vient en opposition directe avec celle de VMware qui pousse sa propre plateforme sur le Cloud public.

Des serveurs hyperconvergés proposés en “as a Service”

Autre acteur de poids sur l’hyperconvergé, HPE qui avait réalisé l’acquisition des appliances hyperconvergées SimpliVity en 2017 et qui a récemment opéré un virage à 180° en s’alliant à son rival Nutanix. L’objectif du constructeur est de proposer les solutions de son concurrent en mode “As a Service” tout en continuant de commercialiser ses solutions SimpliVity de manière classique. Le logiciel hyperconvergé Nutanix est donc proposé par HPE en mode locatif sur ses serveurs ProLiant au sein de ses offres baptisées GreenLake. Pradeep Kumar, senior vice-président et directeur général de la division Pointnext d’HPE, a ainsi expliqué la position du constructeur lors de l’annonce officielle de cet accord : « Nous souhaitons proposer ces offres Nutanix avec un modèle de consommation qui offre un excellent TCO à nos clients. Nous allons continuer à commercialiser nos solutions SimpliVity auprès des entreprises qui souhaitent rester sur un modèle CAPEX traditionnel. Sous l’ombrelle GreenLake, nous offrons une alternative aux entreprises avec un autre modèle de consommation des ressources IT. »

Ajouter sans contrainte des appliances orientées calcul, stockage ou GPU à une infrastructure en fonction de l’évolution des besoins, le tout géré au moyen d’un portail unique, telle est la promesse de l’hyperconvergé.

Avec l’hyperconvergé et cette approche locative, les entreprises peuvent enfin sortir du cycle d’investissement qui veut que l’on renouvelle son infrastructure de calcul ou de stockage tous les 3 ans, avec toute la rigidité technique et financière que cela implique. Techniquement, l’hyperconvergé permet d’ajouter des ressources en fonction de l’accroissement des besoins sans devoir remettre en cause l’investissement initial. Techniquement, le on-premise gagne enfin en souplesse et flexibilité en reprenant les recettes qui ont fait le succès du Cloud public au point même de basculer dans un mode OPEX qui satisfera aussi les directions financières.

Avec une croissance de 76% au premier trimestre 2018 selon IDC, le marché mondial des solutions hyperconvergées s’envole, signe de ce besoin de renouveau exprimé par les DSI vis-à-vis de leurs plateformes on-premise. Les pure players tels que SimpliVity (aujourd’hui HPE) et Nutanix ont été rejoints par tous les grands fournisseurs d’infrastructures, à commencer par Cisco qui propose HyperFlex sur la base de ses solutions UCS et UCS Manager, Dell EMC avec VxRack SDDC et sa nouvelle plateforme XC, ou encore NetApp qui a récemment lancé une gamme d’appliances HCI s’appuyant sur l’hyperviseur VMware vSphere 6.

Le Cloud public s’impose dans les infrastructures de stockage virtualisées

L’essor du Cloud a bien évidemment fait bouger les lignes sur le marché du stockage objet. Les constructeurs de baies de stockage proposent des solutions intégrant les protocoles objets issus du Cloud, à commencer par Amazon S3, le standard de facto, mais aussi OpenStack Swift, Atmos pour Dell EMC et son offre ECS (Elastic Cloud Storage). L’américain fait face à NetApp, Scality, IBM et Hitachi Vantara, classés leader par IDC et qui tous ont intégré les standards issus du Cloud et tous proposent une déclinaison de leurs logiciels pouvant s’exécuter dans le Cloud pour maintenir une continuité entre on-premise et Cloud public.

Pour les entreprises qui hésitent encore à franchir le pas vers l’hyperconvergé, les solutions de stockage évoluent aussi afin d’intégrer cette nouvelle composante qu’est le Cloud public. Ainsi DataCore, le spécialiste de la virtualisation du stockage SANsymphony propose désormais une gateway afin d’intégrer Amazon AWS, Microsoft Azure au sein du pool de solutions de stockage sur lequel la solution va répartir les données. Le Cloud est alors considéré comme un nouveau tiers de stockage au sens iSCSI. La fonction d’auto-tiering du logiciel va privilégier les équipements les plus performants, donc a priori les baies de stockage on-premise pour y placer les données chaudes, mais le Cloud public offre la capacité d’étendre à l’infini les capacités de stockage de l’infrastructure. L’éditeur propose aussi une réplication vers Microsoft Azure et une intégration profonde avec OpenStack et récemment l’américain a dévoilé des plugins pour les environnements à base de conteneurs et notamment Kubernetes, une plateforme qui constitue une étape clé vers l’unification du on-premise et du Cloud au niveau applicatif.

 


Partage d’expérience

François Tiers,
Outsourcing Project Director de Thales

Thales : l’hyperconvergence génère des gains importants en phase de “run”

 

« Nous avons fait le choix de l’hyperconvergé et de Nutanix à l’occasion d’un renouvellement de plateforme métier, des plateformes qui sont mises en place à l’occasion d’un nouveau projet. Nous avons donc un fort besoin de standardisation et d’automatisation de ces plateformes avec le déploiement d’un stack qui est strictement identique. Nous avons choisi la solution Nutanix avec l’hyperviseur VMware sur des serveurs Dell et nous utilisons aujourd’hui cette infrastructure tant pour nos clients que pour nos besoins d’informatique de gestion interne.

Nous avons aujourd’hui plus d’une centaine de nœuds dans cette infrastructure et j’estime que nous avons gagné entre 20% et 30% d’efficacité dans l’exploitation de cette plateforme par rapport à ce que nous avions avant. L’hyperconvergence génère des gains importants dans le “run” car elle permet de concentrer les efforts de l’équipe sur une seule plateforme, une technologie unifiée, un portail unique. Une étude chez l’un de nos clients a montré que déployer un environnement standard nécessitait l’intervention de 13 compétences différentes contre seulement 5 sur un environnement hyperconvergé, avec des gains évidents en termes de Time-to-Market. »

 

 


AVIS D’EXPERT

Sylvain Siou,
directeur de l’ingénierie pour la zone EMEA de Nutanix

« Le Cloud interne doit pouvoir proposer les mêmes services que le Cloud public »

 

« Nutanix se pose comme l’infrastructure de Cloud interne qui va proposer les mêmes types de services que le Cloud public afin de faciliter l’hybridation des systèmes d’information. Toutes les API disponibles sur le Cloud ne seront bien évidemment pas implémentées sur la plateforme, mais un outil de packaging d’application permet à chaque entreprise de créer ses propres services au-dessus de la plateforme et ainsi donner accès à leurs applications on-premise sur la plateforme hyperconvergée. De notre côté, nous continuons à ajouter de nouveaux services sur la plateforme, qu’il s’agisse du stockage des VM qui est intégré à la plateforme, au stockage des volumes pour les applications qui ont besoin de partager des volumes, la capacité de supporter des modes fichiers comme un NAS sait le faire, et enfin supporter S3 qui est devenu un standard de fait dans le Cloud. »