Accueil Confidentialité des données Affaire Cambridge Analytica/Facebook : Mark Zuckerberg se dit « désolé »

Affaire Cambridge Analytica/Facebook : Mark Zuckerberg se dit « désolé »

Sortant d’un long silence, le patron de Facebook, Mark Zuckerberg, s’est dit mercredi 21 mars « désolé » et a reconnu des « erreurs » après des jours de polémique autour de l’utilisation indue de données personnelles de millions d’utilisateurs par la firme britannique Cambridge Analytica.

« Cela a constitué un abus de confiance très important et je suis vraiment désolé de ce qui s’est passé. Notre responsabilité est de faire en sorte que cela ne se reproduise pas », a déclaré le responsable dans une interview mercredi soir sur la chaîne CNN. Mark Zuckerberg a également indiqué qu’il « serait heureux » de venir témoigner devant le Congrès américain comme plusieurs parlementaires le lui ont déjà publiquement demandé.

Des erreurs et des regrets

M. Zuckerberg était resté silencieux ces derniers jours mais avait rompu son silence plus tôt mercredi via une publication sur sa page Facebook, reconnaissant « des erreurs » et sa « responsabilité dans ce qui se passe » sur Facebook, mais sans s’excuser. Sa numéro deux Sheryl Sandberg, a quant à elle exprimé des « regrets » peu après. Dans ses premiers commentaires sur cette affaire, il promettait de permettre aux usagers de mieux contrôler l’utilisation de leurs données personnelles collectées par son entreprise. « Il y a encore à faire, nous devons aller plus vite et le faire« , avait-il écrit aux plus de 2 milliards d’usagers du réseau social mais aussi aux actionnaires qui encaissent de lourdes pertes depuis plusieurs jours. « Nous avons la responsabilité de protéger vos données et si nous ne pouvons pas le faire, nous ne méritons pas de vous servir« , avait-t-il aussi écrit, ajoutant que le groupe allait examiner de près les applications présentes sur Facebook et que les applications tierces auront désormais accès à moins de données.

Limiter l’accès aux données personnelles

Facebook est au cœur d’un scandale retentissant et est déjà visé par des enquêtes et des plaintes des deux côtés de l’Atlantique, après la révélation le week-end dernier que Cambridge Analytica (CA) avait utilisé des données personnelles de 50 millions d’utilisateurs du site – via une application de tests psychologiques mise au point en 2013 par le psychologue Alexandre Kogan – pour les utiliser à des fins politiques. Mark Zuckerberg a redit mercredi que M. Kogan avait assuré à Facebook en 2015 avoir effacé ces données mais que cela s’est ultérieurement révélé faux. C’est « un coup porté à la confiance entre (M.) Kogan, Cambridge Analytica et Facebook » mais c’est « aussi un coup porté à la confiance entre Facebook et ceux qui partagent leurs données avec nous (…). Nous devons réparer cela« , a encore écrit M. Zuckerberg, qui confirme également que l’application avait été téléchargée par « environ 300 000 personnes qui ont partagé leurs données ainsi que certaines des données de leurs amis« . « Compte tenu de la façon dont notre plateforme fonctionnait alors, cela signifie que (M.) Kogan a pu accéder à des dizaines de millions de données des amis », a-t-il aussi confirmé, ajoutant que Facebook avait modifié sa plateforme en 2014 de façon « à limiter énormément les données auxquelles pouvaient accéder les applications » tierces, auxquelles l’usager accède via son compte Facebook.

M. Zuckerberg confirme également que le groupe avait appris en 2015, par un journaliste britannique, que M. Kogan avait partagé les données avec Cambridge Analytica, spécialisée dans l’analyse de données et la communication stratégique, qui a travaillé pour la campagne du républicain Donald Trump, élu président des Etats-Unis fin 2016. CA a nié avoir utilisé ce type de données dans ce cadre même si des déclarations de son patron recueillies par une caméra cachée semblent indiquer le contraire.

Mark Zuckerberg a aussi promis de limiter l’accès aux données personnelles par les applications tierces et de les passer au peigne fin. Il a également promis d’informer tous les utilisateurs dont les données auraient pu être utilisées sans leur consentement.

Des changements qui ne vont pas assez loin pour Matt Hancock

Le ministre britannique de la Culture Matt Hancock a jugé ce jeudi 22 mars insuffisantes les mesures annoncées la veille par le patron de Facebook Mark Zuckerberg pour protéger les données des utilisateurs après le scandale Cambridge Analytica. « J’ai vu la nuit dernière que Mark Zuckerberg s’était excusé et avait dit qu’ils allaient faire des changements. Mais franchement, je ne pense pas que ces changements aillent assez loin« , a déclaré le ministre sur la BBC. « Il ne devrait pas revenir à une entreprise de décider quel est l’équilibre approprié entre la protection de la vie privée, l’innovation et l’utilisation des données. Ces règles devraient être établies par la société dans son ensemble et fixées par le Parlement », a-t-il ajouté. « C’est l’approche que nous adoptons: les grandes entreprises de technologie
doivent respecter la loi, et nous, nous renforçons la loi ».

Un des pionniers du web, le Britannique Tim Berners-Lee, a estimé que le scandale était un « moment important pour le futur » d’internet. « J’imagine que Mark Zuckerberg est bouleversé par le fait que sa création ait été malmenée et utilisée à mauvais escient« , a-t-il dit sur Twitter. « Je lui dirais: Tu peux régler le problème. Ce ne sera pas facile mais si
les entreprises travaillent avec les gouvernements, les militants, les universitaires et les internautes, nous pouvons nous assurer que les plateformes (internet) servent l’humanité« , a ajouté Tim Berners-Lee, qui fut l’un des premiers à développer l’idée d’un réseau mondial connecté.

 

Auteur : La Rédaction avec AFP