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Accélérer les recrutements, une nécessité pour la reprise immédiate de la filière des infrastructures numériques

C’est une des préconisations de l’étude d’impact du Covid sur la filière, réalisée par Ernst & Young et Tactis pour la fédération InfraNum, afin que soient tenus les objectifs 2022 du Plan France Très Haut débit.

Présentée mi-juin en vidéoconférence, l’étude* dresse un constat imparable : la crise a impacté l’ensemble de la chaîne des infrastructures numériques, mais elle a aussi imposé son caractère essentiel. « Quand la quasi-totalité de l’activité française a reposé sur le télétravail, que 92 à 95 % de l’éducation est passé par les réseaux, que les téléconsultations médicales ont explosé et que le lien avec les personnes fragiles a été maintenu grâce à Internet, il devient évident que les télécommunications, après les secteurs de la santé et de l’alimentation, constituent une activité essentielle », a estimé Etienne Costes, associé en charge du département Télécoms chez Ernst & Young.

InfraNum craignait avant tout que les déploiements s’arrêtent totalement alors même que l’activité de la filière est en plein boom et qu’elle peine à recruter, mais le pire a été évité. Selon l’étude, l’activité est descendue à 40-45 % de son niveau « normal » au pire de la crise. Elle est remontée à un niveau de 75 % après le 11 mai et devrait atteindre 90 % en septembre. « Des pertes de chiffre d’affaires de 36 % en moyenne ont été enregistrées par les acteurs de la filière », note Etienne Costes, tandis que 30 % déplorent des difficultés de trésorerie. « 11 % d’entreprises envisageaient de procéder à des licenciements au moment de l’étude, précise-t-il. C’est peu, mais c’est significatif pour une filière sensée tourner à plein régime ».

A ce stade, très peu de sociétés envisageaient, malgré les problèmes de trésoreries, d’être acculées à des liquidations. « La raison est simple, analyse Etienne Costes. Nous sommes sur un marché d’avenir où la demande reste très élevée, et l’objectif de la plupart des acteurs est d’être résilients et de résister pour pouvoir revenir, dès septembre ou en janvier prochain, à un volume élevé d’activité ». Afin de rattraper le retard pris dans le déploiement des prises FTTH (déficit d’un million de prises cette année),  l’étude a mis en exergue 7 leviers destinés à accélérer la reprise de la filière.

Reconstruire l’outil de production

Le levier numéro 2 suggère de mettre en place, dès cet été, des actions « coup de poing » pour recruter. « Beaucoup de gens se retrouvent au chômage suite à la crise alors que la filière embauche, déclare Stéphane Lelux, fondateur et CEO de Tactis. Nous aimerions que l’Etat et les collectivités locales nous apportent leur soutien pour communiquer sur les opportunités d’emploi. Nous souhaitons par ailleurs travailler avec des filières qui sont, elles, en difficulté, afin de créer des passerelles avec la notre et favoriser des reconversions rapides de leurs personnels. En troisième lieu, nous voulons renforcer la création et l’utilisation de tutos et de supports de formation numérique, afin de permettre aux nouvelles recrues d’accéder rapidement à des niveaux de qualification et de réduire le temps de validation par Pôle emploi ». Des initiatives comme Les Plombiers du Numérique seront ainsi renforcées.

Plombiers du Numérique
Les Plombiers du Numérique

Paradoxe de la filière InfraNum, selon Stéphane Lelux, elle crée de nouveaux emplois et risque dans le même temps, avec la crise du coronavirus, de perdre des entreprises, ce que la fédération InfraNum se refuse d’envisager. « Le quatrième axe de notre plan de reprise est de soutenir financièrement les acteurs de la filière, et tout particulièrement les TPE/PME impactées. Pour rassurer la myriade de petites entreprises, locales et ancrées dans les territoires, qui œuvrent aux déploiements FttH quotidiens, plusieurs mécanismes peuvent être activés : avance de phase sur les subventions de l’Etat aux collectivités, renforcement des fonds propres des entreprises via un fond de filière, et gel des pénalités de retard liés à la crise sanitaire », détaille-t-il.

Plus de 5 000 créations d’emplois en 2020

Quelques jours après la présentation de cette étude, l’Observatoire du THD d’InfraNum réalisé en partenariat avec la Banque des Territoires et l’Avicca (Association des Villes et Collectivités pour les Communications électroniques et l’Audiovisuel), a dévoilé son édition 2020 avec pour maxime « les mesures clés dans le cadre du plan de relance gouvernemental pour une véritable ambition numérique ». Plus de 800 participants ont assisté à cet événement virtuel qui s’inscrivait en complément de l’étude sur l’impact du Covid-19. Parmi les grandes thématiques de l’Observatoire 2020, figurent l’emploi et la formation. Après une année record en 2019, avec 9 000 recrutements, 2020 sera également une année de tous les défis avec 5 300 nouveaux emplois directs répartis partout en France. «  Une campagne de communication signée par l’Etat et incitant les demandeurs d’emploi à s’intéresser aux métiers de la fibre semble aujourd’hui indispensable pour maintenir le cap de 2022, où la filière atteindra son pic à 30 500 emplois directs » a déclaré Hervé Rasclard, délégué général d’InfraNum, s’inscrivant ainsi dans la lignée des recommandations émises dans l’étude d’Ernst & Young et Tactis. Les industriels en appellent à l’Etat pour que celui-ci soutienne la filière dans le cadre de son plan de relance attendu en septembre prochain.

 

 

* Une cinquantaine d’entretiens qualitatifs réalisés auprès d’un panel d’acteurs représentatif du secteur et une enquête quantitative auprès d’une centaine de membres, menés en distinguant 3 périodes : le confinement, la reprise (période actuelle) et le retour à des conditions proches de la « normale » à partir de septembre.

** Huitième édition de l’Observatoire, fruit d’une enquête qualitative menée auprès d’un panel représentatif de 120 entreprises du secteur interrogées en début d’année. Un grand nombre de données a été réajusté par rapport à l’édition 2019.

 

Auteur : Patricia Dreidemy