Comment l’IA peut contribuer à une bonne gestion des infrastructures ?

Crédit: Gerd Altmann, Pixabay
Crédit: Gerd Altmann, Pixabay

Aujourd’hui, les environnements informatiques sont composites. Comment l’intelligence artificielle peut contribuer à une bonne gestion des infrastructures et des systèmes est l’une des problématiques auxquelles réfléchissent les offreurs de solutions.

Des experts d’Akamai, Capgemini, Cohesity, Dell, Juniper et Lenovo ont échangé sur la gestion des infrastructures dans un environnement composite à l’occasion d’une table ronde du club de la presse informatique B2B mercredi dernier. Approche plateforme, criticité de la donnée, intelligence artificielle et automatisation des opérations ont été au cœur des débats.

Approche plateforme, au service des données

Sur la bonne gestion de l’environnement en elle-même, Skander Guetari, expert infrastructure transformation services chez CapGemini, prône une approche plateforme avec différentes interfaces. Akamai, qui offre des services cloud, de sécurité et de diffusion de contenu propose une plateforme cloud aux entreprises clientes pour héberger leurs applications. « Nous travaillons à standardiser les interfaces, souligne Alexis Potier, ingénieur solutions senior chez Akamai. Nous encourageons l’open source. »

Dans une économie fondée sur la donnée, partir des données est mis en exergue par deux experts. François-Christophe Jean, directeur EMEA Sud chez Cohesity, éditeur d’une plateforme de gestion et de sécurité des données, explique : « En amont, il faut bien connaître et classifier les données selon leur criticité pour l’activité de l’entreprise afin d’adapter l’infrastructure. » Vincent Barbelin, directeur technique chez Dell Technologies France, ajoute : « Les datas sont de plus en plus dispersées. Les infrastructures doivent être au service des données. Pour bien les gérer, il faut avoir une télémétrie globale (enregistrement et analyse d’informations sur les infrastructures). »

L’IA, pour quoi faire ?

Les cas d’usage de l’intelligence artificielle dans les infrastructures et le réseau ont été débattus. Selon le responsable de Cohesity, « il faut entraîner le modèle d’IA générative sur le stockage des données, les métadonnées techniques. » Pour celui de Dell Technologies, « les entreprises, dans le cadre de la sécurité informatique, souhaitent disposer d’outils de remédiation automatisée. Dans le cadre du green IT, elles recherchent aussi des mécanismes automatisés de gestion des infrastructures pour consommer moins d’énergie. »

Certains de ses confrères mesurent néanmoins le chemin qui reste à parcourir. « Nous faisons des Poc (Proof of concept) sur l’autoréparation grâce à l’IA, indique Cyril Fakiri, directeur commercial solutions d’infrastructure chez Lenovo France. Mais les clients ne sont pas prêts à cela, ils n’ont pas complètement confiance dans l’IA et pour des questions d’interopérabilité. » Alexis Potier d’Akamai, prévient : « Attention, l’intelligence artificielle bénéficie aussi aux attaquants, et rend leurs attaques plus dangereuses. Aussi les entreprises doivent-elles s’appuyer sur un environnement sécuriséet une gestion cohérente de la sécurité pour limiter les risques. Pendant longtemps, il n’y avait pas forcément de réponse automatisée aux attaques du fait de la peur du faux positif. Grâce au machine learning, on réduit les faux positifs. Aujourd’hui nos solutions de sécurité bloquent directement des attaques. »

Chez Dell Technologies, « l’IA prédictive détecte 98% des failles de sécurité lors du développement de ses produits et solutions, déclare Vincent Barbelin. Elle propose en moins d’une heure une solution de remédiation aux développeurs. Il faut prioriser les tâches dans le pipeline en fonction du niveau de criticité du développement, de la réparation. »

Vers un essor de l’AIOps

L’AIOps est un processus de maintenance de l’infrastructure informatique dans lequel on utilise des techniques d’IA. Il comporte une surveillance en masse des événements des SI, le machine learning qui analyse en continue de gros volumes de données, et le traitement automatique des événements. Pour Skander Guetari, l’AIops permet de détecter les signaux faibles et de gagner en productivité par l’automatisation des opérations : « L’intelligence artificielle entraînée par un corpus documentaire vertical peut orienter vers la résolution la plus plausible d’un incident dans le système d’informations. Couplée à l’IA générative, elle peut aider le helpdesk à répondre au client en fonction de différents critères qu’elle détecte : l’incident lui-même, mais aussi l’historique client, son humeur (semble-t-il énervé ?). »

Juniper, spécialiste de l’infrastructure réseau, propose l’assistant réseau virtuel Marvis. « Notre moteur de conversation basée sur l’IA, Marvis, ingère tous les problèmes connus et donne les informations pertinentes sur l’état de santé des infrastructures, explique Dominique Rech, directeur des ventes entreprise France chez Juniper. Grâce à son apprentissage continu, il peut répondre à des questions de moins en moins précises, par exemple « pourquoi Teams ne marche pas ? ». »

Il reste encore des marges de manœuvre pour optimiser et automatiser la gestion des infrastructures dans un environnement composite. Les cas d’usage de l’IA devraient prendre de l’ampleur dans un proche avenir.