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Back Up de WWoW : une application mobile de signalement au secours des victimes de viols de guerre

» Ethique

 

L’ONG We Are Not Weapons of War (WWoW) a développé une application avec l’aide de ShareIT pour venir en aide aux victimes de viol de guerre, et qui servira, dans l’avenir, aux tribunaux internationaux pour punir les auteurs.

 

> Céline Bardet

WWoW est une ONG fondée par Céline Bardet, juriste internationale spécialisée dans les crimes de guerre, les crimes internationaux, la justice et les questions de sécurité, qui se bat pour faire reconnaître le viol comme une arme de guerre. Elle travaille dans le monde entier, sur toutes les zones de conflits, comme experte consultante pour les Nations Unies, l’Union Européenne ou des Institutions telle qu’Interpol. Avec l’aide du programme d’accompagnement des acteurs sociaux ShareIT, l’ONG a pu développer une solution numérique, Back Up, afin “d’industrialiser” le recueil de preuves, la structuration de cas et donc l’outillage des juges de tribunaux pénaux internationaux. « On avait un concept très clair », explique Céline Bardet, « mais rien de réalisé concrètement », faute de moyens de développement et d’expertise technique. Les experts pro bono de ShareIT s’attèlent à la tâche. Il s’agit de développer une application capable de faciliter et multiplier les actes de témoignages et donc le recueil de preuves. Mais également de documenter, grâce aux preuves recueillies, les exactions commises sur chaque territoire. Enfin, de constituer grâce à cette documentation, un maximum de “cas”, pour faire progresser les connaissances en la matière et la capacité des juges à reconnaître les victimes et à juger les criminels.

Une appli hypersécurisée

Pour authentifier les informations, l’application utilise d’ailleurs la blockchain. « Demain, alors qu’un partenariat se met en place avec la Cour Pénale Internationale, la blockchain garantit que les documents n’ont pas été altérés », précise Céline Bardet. Même des années plus tard… Au-delà, l’exploitation des données temporelles et géographiques permettra à terme d’anticiper les exactions, et de dissuader les criminels d’agir. Les bénéficiaires de la solution, hommes, femmes et enfants victimes d’actes de viol, d’agression sexuelle, de prostitution forcée et d’esclavage sexuel commis dans un contexte de guerre ou de conflit, peuvent se connecter à l’application, se géolocaliser, donner un certain nombre d’informations, dont des détails sur les agresseurs, par écrit ou oral, demander de l’aide, se faire aider pour porter plainte si souhaité – l’ONG comptant quelques 80 institutions locales à travers le monde (associations, médecins, psychiatres, etc.). « Ce sont les victimes qui décident et qui sont partie prenante. »

Elles entrent dans une « démarche de la justice pour leur propre pays ». Pour protéger les victimes, confrontées aux représailles, les infos sont ensuite totalement supprimées des appareils utilisés, mais entre-temps hébergées sur des datacenters ultrasécurisés. Les “activistes” et témoins peuvent aussi utiliser cette appli et faire remonter des informations de manière sécurisée. « L’outil technologique est un moyen d’alerte, un moyen de faire le lien dans des zones qui ne sont accessibles ni aux journalistes ni aux Nations Unies. »

Prêt fin mars, le prototype va être testé jusqu’à la fin de l’année dans 4 pays, en République centrafricaine, Birmanie, Libye, enfin en Ouganda ou au Kurdistan irakien. La version 2 sera lancée en 2019 dans le monde entier.

Céline Bardet se félicite de l’accompagnement de ShareIT sur le versant technologique, mais aussi de la formation dispensée sur l’intégration de l’outil « dans un plan stratégique plus global ». « L’application est un outil transversal, qui permet de développer notre vision sur la question du viol de guerre », souligne-t-elle. Pour en savoir plus sur les acteurs technologiques impliqué dans le projet, lire notre article “Un partenariat technologique au service de l’entrepreneuriat social et de l’humanitaire”.


La plateforme numérique de WWoW

Elle se focalise sur trois axes de développement.

1/ Le recueil de preuves, destiné aux victimes et aux personnels de justice formés (envoi de photos, vidéos, sons, témoignages écrits…)

2/ La récupération des données et structuration des cas

3/ Des données qui permettent la structuration d’un livre blanc, destiné aux juges des tribunaux pénaux internationaux