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Numérique : la reprise se dessine, tirée par l’IA et les premiers investissements souverains

Après une année 2025 sous tension, le marché numérique français montre enfin des signes de redressement. Encore modeste, la croissance de +2 % masque toutefois un basculement en fin d’exercice, porté par l’industrialisation progressive de l’IA générative, la solidité des éditeurs logiciels et l’émergence de projets autour de la souveraineté numérique. 

Une année 2025 contrastée, mais un second semestre en inflexion

L’exercice 2025 restera comme une année d’attentisme. La croissance globale du numérique plafonne à +2 %, dans un environnement économique et géopolitique instable. Mais derrière ce chiffre, les dynamiques divergent nettement selon les segments. Les activités de services continuent de souffrir sur l’ensemble de l’année, tandis que les éditeurs de logiciels confirment leur rôle d’amortisseur, voire de moteur.

C’est surtout en fin d’année que le paysage évolue. Les indicateurs opérationnels des entreprises de services se redressent progressivement : remontée des taux d’occupation, meilleure visibilité commerciale, carnets de commandes moins dégradés. Sans effacer les difficultés, ces signaux marquent une rupture après plusieurs trimestres de décélération, comme le souligne l’étude de Numeum publiée en décembre. 

Les éditeurs logiciels confirment leur statut de pilier du marché

Dans ce contexte heurté, les éditeurs de logiciels et plateformes poursuivent leur trajectoire ascendante. Avec une croissance de +8,2 % en 2025, ils portent une large part de la dynamique du secteur. La bascule vers le SaaS s’impose désormais comme un fait structurel : près de huit nouveaux projets sur dix sont aujourd’hui déployés dans ce modèle, contre un peu plus d’un sur deux il y a quatre ans.

À cette lame de fond s’ajoute la pression réglementaire. NIS2, IA Act ou encore RGAA génèrent des projets récurrents et peu compressibles, qui sécurisent l’activité. La demande en data, en intelligence artificielle et en cybersécurité reste soutenue, malgré des arbitrages budgétaires plus serrés. Résultat : des engagements contractuels plus longs et un volume de projets qui continue de progresser, même dans un climat économique incertain.

L’IA générative sort de l’expérimentation

Autre bascule notable en 2025 : l’IA générative commence à produire des effets économiques tangibles. Près de 40 % des acteurs du numérique observent déjà un impact positif sur leurs marges ou leur chiffre d’affaires. La technologie n’est plus cantonnée aux POC ou aux discours prospectifs ; elle s’intègre progressivement aux chaînes de valeur.

Les leviers sont désormais bien identifiés. Nouvelles offres, accélération des cycles de delivery, meilleure capacité à répondre aux appels d’offres ou encore personnalisation accrue des solutions clients. Pour les éditeurs, les gains de productivité atteignent en moyenne 12,5 % en 2025, avec une progression attendue dès 2026. L’IA devient ainsi un facteur de différenciation économique autant qu’un outil d’optimisation interne.

La souveraineté numérique, encore embryonnaire mais stratégique

Longtemps cantonnée aux intentions, la souveraineté numérique commence elle aussi à se traduire en projets concrets. En 2025, plus de quatre entreprises du numérique sur dix accompagnent déjà leurs clients sur ces sujets, même si la majorité des organisations en est encore aux premières étapes. Les projets restent peu nombreux et d’un montant modéré, mais ils traduisent une prise de conscience durable, portée par les enjeux de sécurité, de conformité et de confiance.

Dans un contexte géopolitique incertain, la souveraineté s’impose progressivement comme un axe transversal, appelé à irriguer aussi bien les choix cloud que les stratégies de cybersécurité ou de gestion des données.

2026, l’hypothèse d’un retour à une croissance plus franche

Fort de ces signaux de reprise, Numeum anticipe une accélération de la croissance du marché numérique français à +4,3 % en 2026. Les services devraient renouer progressivement avec une dynamique positive, tandis que les éditeurs poursuivraient leur trajectoire soutenue. L’industrialisation de l’IA générative, la montée en puissance des projets de souveraineté et la reprise des investissements IT constituent les principaux moteurs identifiés.

« On passe enfin de la parole aux actes, notamment en matière d’IA générative et de souveraineté », résume Véronique Torner, présidente de Numeum, tout en rappelant que l’effort d’investissement devra s’inscrire dans la durée pour maintenir la compétitivité du tissu numérique français. 

La reprise est là, encore fragile, mais désormais visible. Reste à savoir si elle saura résister aux incertitudes macroéconomiques et se transformer, en 2026, en véritable cycle de croissance.