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AVIS D’EXPERT – Virtualisation 2.0 : vers plus d’agilité et d’indépendance avec le « cloud native »

La virtualisation reste au cœur des stratégies IT, mais son rôle évolue. Face aux besoins croissants de performance, de flexibilité et d’indépendance, les entreprises explorent de nouvelles approches pour moderniser leurs applications et intégrer l’IA. Dans cette tribune, Mos Amokhtari, Sr Manager Specialist Solutions Architects chez Red Hat, décrypte les mutations en cours et les perspectives ouvertes par le « cloud native ».

Avec l’explosion des volumes de données à traiter et l’émergence de nouveaux cas d’usage, notamment liés à l’IA, la modernisation applicative s’impose désormais comme une priorité pour les entreprises, soucieuses de répondre aux attentes croissantes des utilisateurs. Dans ce contexte, l’adoption des architectures en conteneurs progresse, à un rythme plus lent qu’anticipé mais de façon continue. Parallèlement, l’évolution du marché de la virtualisation crée de nouvelles opportunités d’innovation, incitant les entreprises à rechercher une plus grande flexibilité et une indépendance stratégique. Pour tirer parti de ces nouvelles opportunités, il faut repenser la virtualisation dans le cadre du paradigme cloud natif. Il s’agit à la fois de tirer parti des capacités d’orchestration désormais indispensables, d’intégrer une diversité d’outils et d’environnements, et de préserver un maximum d’agilité.

De la virtualisation aux conteneurs : une évolution de l’IT

La virtualisation est apparue pour optimiser l’usage des ressources matérielles, notamment des serveurs physiques, autrefois limités à un seul système d’exploitation et régulièrement à une seule application pour limiter les risques de dépendances applicatives. Cela entraînait une sous-utilisation chronique des capacités matérielles. Les machines virtuelles (VM) ont permis de créer plusieurs environnements isolés sur une même machine, chacun avec son propre système d’exploitation et ses ressources virtuelles.

Cependant, cette approche présente des limites. Les VM nécessitent chacune un système d’exploitation complet, ce qui alourdit la consommation de ressources et ralentit les temps de démarrage. À mesure que les besoins en agilité et en rapidité se sont accrus, notamment avec l’essor du cloud et du développement agile, une alternative plus légère est apparue : les conteneurs, qui reposent sur une logique différente. Plutôt que de virtualiser le matériel, ils partagent le noyau du système d’exploitation hôte et isolent uniquement les applications et leurs dépendances. Résultat : ils sont bien plus légers que les VM, se lancent en quelques secondes et consomment moins de ressources. Leur portabilité facilite le passage d’un environnement à un autre (développement, test, production, cloud).

Le déploiement de conteneurs implique la mise en place de mécanismes d’orchestration, indispensables pour assurer leur gestion, leur mobilité et la continuité de service, en garantissant la disponibilité des applications même en cas de défaillance d’un nœud. Historiquement, cette orchestration reposait sur un empilement complexe de couches : machine physique, hyperviseur, machines virtuelles, outils de conteneurisation puis conteneurs. Les nouvelles architectures simplifient considérablement ce modèle : l’installation d’un orchestrateur de conteneurs directement sur la machine physique suffit désormais à remplir ces fonctions. Cette simplification, en réduisant le nombre de couches d’abstraction, marque une évolution majeure de la virtualisation, qualifiée de « virtualisation 2.0 ».

Les microservices et l’ère de l’agilité

Les principes d’architecture de microservices se sont imposés comme un levier majeur de modernisation applicative, en apportant à la fois des gains économiques et une agilité renforcée. Contrairement aux applications monolithiques, souvent rigides et difficiles à faire évoluer, les microservices reposent sur un découpage en modules indépendants, alignés sur des cas d’usage précis et interconnectés via des API. Hébergés dans des conteneurs, ces modules sont autonomes, ce qui permet d’accélérer l’évolution fonctionnelle des applications et de générer de la valeur de manière plus rapide et granulaire.

Cette approche favorise une optimisation ciblée : il devient possible d’augmenter la capacité de traitement uniquement sur les microservices représentant des goulots d’étranglement, sans impacter l’ensemble de l’application. Toutefois, ce modèle n’est pas universellement applicable. Certains types d’applications, en fonction des bases de données ou des logiciels sous-jacents, ne se prêtent pas à une architecture en microservices.

Dans ce contexte, la capacité à exécuter simultanément des composants applicatifs sur des conteneurs et d’autres sur des machines virtuelles, au sein d’un même cluster, constitue un facteur clé. Elle permet d’assurer une gestion cohérente des environnements hétérogènes tout en garantissant leur maintien en conditions opérationnelles.

Du défi technique à l’opportunité commerciale

Pour la plupart des entreprises, la modernisation n’est pas un événement ponctuel, mais un processus continu. Le fait qu’environ 70 % des applications restent sur des machines virtuelles n’est pas un signe d’échec, mais une réalité stratégique. Le défi commercial est clair : comment continuer à tirer parti de ces applications héritées essentielles tout en innovant avec des services modernes basés sur des conteneurs, en particulier ceux axés sur l’IA ?

Tenter de gérer ces deux mondes dans des silos séparés crée une complexité inutile, augmente les coûts opérationnels et ralentit l’innovation. La solution consiste à mettre en place une plateforme unifiée qui traite les machines virtuelles et les conteneurs comme des éléments à part entière. Cette approche transforme un défi technique en opportunité commerciale en permettant aux entreprises trois choses : tout d’abord, de mener leur modernisation à leur propre rythme, en faisant évoluer leurs applications petit à petit, en transférant les charges de travail des machines virtuelles vers des conteneurs sur la même plateforme, sans avoir à tout remplacer ; ensuite de simplifier leurs opérations en éliminant les silos technologiques grâce à un ensemble unique d’outils pour la gestion, la sécurité et la mise en réseau, ce qui réduit les besoins en formation et les frais généraux ; et enfin d’accélérer l’innovation, en permettant aux équipes de développement d’utiliser la meilleure architecture pour la tâche à accomplir (machine virtuelle ou conteneur) tout en fournissant une base cohérente pour la création, le déploiement et la gestion de toutes les applications.

L’impératif stratégique : une plateforme unifiée et prête pour l’avenir

Les chefs d’entreprise doivent prendre conscience que leur stratégie de virtualisation est désormais indissociable de leur stratégie en matière de cloud et d’IA. Les décisions prises aujourd’hui auront un impact direct sur leur capacité à être compétitifs dans un environnement de plus en plus façonné par les applications intelligentes.

Choisir une voie fondée sur des normes ouvertes est le moyen le plus efficace de garantir l’indépendance stratégique et d’éviter de s’enfermer dans la feuille de route d’un seul fournisseur. L’objectif est de construire un pont vers l’avenir, et non un nouveau silo. La question n’est plus de savoir si une entreprise a besoin d’une plateforme cloud native, mais si celle que ses dirigeants choisissent peut unifier à la fois leur présent et leur avenir.