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5 tendances qui marqueront le recrutement en 2024

AVIS D’EXPERT – Robert Half, cabinet de recrutement spécialiste des fonctions support de l’entreprise, revient sur les évolutions en cours et dévoile cinq tendances qui façonneront le secteur du recrutement en France en 2024. Matthieu Imbert-Bouchard, Managing Director de Robert Half France, les analyse.

 

1. La tension autour du salaire et des avantages salariaux continue de croître

Si le ralentissement de l’inflation semble se confirmer, la baisse s’annonce lente et progressive. L’économiste Patrick Artus l’estime à 3,4 % pour l’ensemble de l’année 2024 (2,5 % selon Bercy), grevant de ce fait l’augmentation des « salaires réels ».
Alors que les attentes des salariés sont fortes, selon l’enquête Robert Half « Guide des Salaires 2024 ». En effet, deux tiers des salariés considèrent l’insuffisance de la rémunération comme la principale raison de rejet d’une offre d’emploi. 35 % des dirigeants craignent de ne pas pouvoir offrir une rémunération suffisante pour attirer les meilleurs talents en 2024. Et 61 % des employeurs se disent inquiets de leur capacité à attirer de nouveaux talents qualifiés.

S’ils veulent attirer ou retenir les meilleurs profils, les employeurs devront consentir à un effort financier ou trouver d’autres leviers permettant d’améliorer le pouvoir d’achat. La mise en place de primes pourra jouer un rôle stratégique : 59 % des salariés la plébiscitent. Une attente qui s’accorde avec la mise en place de la Prime de Partage de la Valeur par le gouvernement afin de soutenir le pouvoir d’achat des Français.

« Au-delà des augmentations de salaire continues, parfois difficiles à maintenir pour les entreprises, la proposition d’avantages tels que des primes ou des indemnités peut servir d’arguments pour se démarquer auprès des collaborateurs et des futures recrues.
Un juste équilibre à trouver entre la stabilité de l’entreprise et l’augmentation du coût de la vie », 
analyse Matthieu Imbert-Bouchard, Managing Director de Robert Half France.

2. La rétention des collaborateurs : un enjeu croissant face aux difficultés de recrutement

La rétention des talents sera un enjeu crucial pour les employeurs en 2024 :

  • 41 % d’entre eux sont confrontés à une augmentation du turnover
  • 33 % constatent une hausse du nombre de nouveaux collaborateurs quittant l’entreprise dans les 12 mois suivant leur embauche.

La formation interne constitue l’un des leviers clés pour retenir les talents au sein de l’entreprise, en leur permettant de progresser en compétences et de travailler leur employabilité. 51 % des salariés se disent intéressés par de nouvelles opportunités de formation. Une partie des salariés s’intéresse également à la possibilité de nouvelles expériences :

  • 23% seraient intéressés par la possiblité de changer de poste dans leur entreprise
  • 21% aimeraient pouvoir découvrir de manière temporaire des branches ou filiales à l’étranger
  • 20%aimeraient avoir la possibilité de travailler en détachement chez un client, un fournisseur ou une entreprsie partenaire.

« La rétention est un vrai enjeu car les possibilités de recrutement sont très tributaires des performances de l’entreprise et les processus de recrutement longs et exigeants. Pour fidéliser les collaborateurs et leur permettre d’évoluer au sein de l’entreprise, les employeurs peuvent notamment investir davantage dans le développement des compétences de leurs collaborateurs », explique Matthieu Imbert-Bouchard.

3. Retour au bureau : l’attractivité du présentiel sera déterminante pour réussir l’organisation du travail hybride

L’année 2023 a été marqué par une volonté de plus en plus affirmée des employeurs de faire revenir leurs collaborateurs au bureau. La baisse de productivité observée dans plusieurs études, mais aussi le souhait, souvent, des collaborateurs attachés à la vie sociale au sein de l’entreprise, en sont des moteurs importants. L’enjeu pour les entreprises est de trouver une forme de travail hybride qui satisfasse les deux parties, car un retour en arrière trop marqué sur le télétravail porterait une atteinte importante à leur attractivité.

  • 26 % des employeurs constatent une hausse des départs après avoir demandé aux collaborateurs de revenir au bureau.
  • 36 % des candidats se disent prêts à refuser une offre d’emploi si celle-ci manque de flexibilité, notamment en matière de télétravail.

Parmi les incitations possibles, l’indemnité carburant est un avantage plébiscité : 72 % des salariés souhaiteraient en bénéficier, mais seulement 16 % seulement des employeurs prévoient de la proposer.

4. L’exigence de transparence salariale va continuer de progresser

Si elle n’est pas nouvelle, la question de la transparence salariale a pris de l’ampleur en 2023 et continuera de croître dans le débat public.  Bien que souvent tabou, le sujet du salaire peut aussi être un sujet de frustration lorsque des disparités fortes entre certains profils sont découvertes. La directive européenne sur la transparence des rémunérations doit être transposée en droit français d’ici le 7 juin 2026 et promet de faire bouger les lignes au sein des entreprises en termes d’égalité salariale.

A cet égard, dirigeants comme salariés se montrent globalement favorables à davantage de transparence salariale dans des proportions équivalentes :

  • 70 % des employeurs et 69 % des salariés pensent qu’une plus grande transparence salariale bénéficiera à la culture d’entreprise
  • 65 % et 67 %, respectivement, disent qu’une réglementation en la matière est attendue de longue date
  • 56 % et ­61 % estiment que plus de transparence rendra les négociations salariales plus faciles
  • Seuls 38 % des employeurs estiment que la transparence pourrait conduire à la perte d’employés

« Ce qui dérange les salariés, c’est le sentiment d’opacité : lorsqu’on a l’impression que l’employeur ne joue pas franc-jeu, la confiance en pâtit. L’enquête de Robert Half « Ce que veulent les candidats » publiée en avril 2023 avait montré que près d’un candidat sur deux ne postule pas à une offre d’emploi sans indication de salaire, commente Matthieu Imbert-Bouchard. Avec la mise en place progressive de cette loi sur la transparence salariale, un rééquilibrage positif va devoir se faire au sein des entreprises. Les employeurs ont intérêt à poursuivre cet effort de transparence, en s’inscrivant dans une démarche de dialogue et de pédagogie ».

5. Les métiers de la tech et du numérique vont connaître un nouvel essor, portés par l’irruption de l’IA dans la société

Lorsqu’on interroge l’ensemble des dirigeants sur les raisons pour lesquelles ils sont plus confiants pour 2024, 14 % citent l’adoption des nouvelles technologies. Ce sentiment peut être mis en perspective avec le déploiement de l’intelligence artificielle dans de nombreux métiers et la perspective d’une augmentation de la productivité grâce à celle-ci.

Par ailleurs, 68 % des dirigeants de la tech se disent davantage confiants sur les perspectives de croissance de leur entreprise en 2024, soit 4 points de plus par rapport à la moyenne tous secteurs confondus. La digitalisation et l’adoption des nouvelles technologies est la première raison de ce niveau de confiance élevé.

Top 5 des raisons pour les employeurs de la tech :

  1. La digitalisation, l’adoption des nouvelles technologies : 53 %
  2. Augmentation de la demande du produit/service : 45 %
  3. Etendues des opportunités business : 42 %
  4. Augmentation des effectifs : 42 %
  5. Amélioration de la situation économique : 42 %

« Après une année 2023 en demi-teinte, les emplois dans la tech représentent un enjeu fort pour l’optimisation, la productivité et l’investissement dans l’avenir en 2024. A l’image du retour en grâce des GAFAM après quelques déconvenues, le niveau de confiance élevé des dirigeants de ce secteur s’inscrit dans un paysage ravivé par des sujets d’actualité comme la blockchain, la robotisation et bien sûr l’intelligence artificielle. Les candidats qui sauront accompagner les entreprises sur ces thématiques émergentes seront très courtisés »explique Matthieu Imbert-Bouchard.