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Les DSI sont-elles prêtes ?

“L'entreprise est déjà concernée, mais n'en a pas toujours conscience”, estime Jean-Michel Jurbert. Il faut dire que toutes les entreprises ne sont pas logées à la même enseigne : elles n'ont pas toutes les mêmes besoins ni les mêmes perspectives de croissance de leurs volumes de données. Dans de nombreux secteurs, les volumes concernés aujourd'hui vont de quelques dizaines de To à plusieurs Po (milliers de To). Pourtant, une récente étude intitulée “The Deciding Factor: Big Data & Decision making”, réalisée pour Capgemini par l’Economist Intelligence Unit, révèle qu'une majorité d'entreprises s'estiment “pilotées par la donnée”. 607 décideurs représentant 20 secteurs d'activité et venus du monde entier ont été interrogés, dont 38 % en Europe. Plus des deux tiers des répondants affirment que la collecte et l'analyse de données sont la base de la stratégie de leur entreprise et des décisions qui y sont prises au quotidien. Ils déclarent avoir enregistré en moyenne une amélioration de performance de 26 % grâce au Big Data et estiment que dans les trois ans à venir ce chiffre grimpera à 41 %. Même si en l'occurrence la notion de “performance” demeure imprécise et sujette à interprétation, ces chiffres reflètent assez bien l'état d'esprit général. Mais les organisations ont toujours du mal à utiliser efficacement les données non structurées (images, textes, vidéos) pour prendre leurs décisions : 42 % des répondants estiment qu'elles sont trop difficiles à interpréter et 62 % des décideurs interrogés pensent que de nombreuses décisions tactiques et opérationnelles pourraient encore être automatisées. Enfin, les mêmes (55 %) qui affirment que leur entreprise est pilotée par les données estiment également que la culture du Big Data n'est pas assez répandue dans leur organisation et qu'il n'est pas vu comme stratégique par leur top management. Le Gartner va dans le même sens : s'il estime que le Big Data fait partie des 10 préoccupations majeures des DSI, il prédit également que d'ici 2015, plus de 85 % des entreprises classées Fortune 500 vont échouer dans leur exploitation du Big Data à des fins de recherche d’un avantage concurrentiel. “Les tendances actuelles à l'adoption de terminaux intelligents et la croissance de la connectivité Internet créent un accroissement significatif des volumes de données disponibles, mais en associant la complexité, la variété et la vitesse à laquelle ces données apparaissent, on amplifie le problème de manière substantielle, bien au-delà des simples questions de volumes. La collecte et l'analyse des données ne suffisent pas : elles doivent être présentées de manière adéquate, pour que les décisions prises puissent en découler logiquement et avoir un impact sur la productivité, la rentabilité et l'efficacité de l'organisation. La plupart des organisations sont insuffisamment préparées aux défis à la fois techniques et managériaux que lance le Big Data. Rares seront donc celles qui seront capables d'exploiter efficacement cette tendance et d'en tirer un avantage concurrentiel”, précise le rapport. Si les grandes entreprises semblent néanmoins relativement préparées et conscientes de l'importance du Big Data, les PME sont plus éloignées de ces préoccupations ; l'étude Markess International citée plus haut montre que le Big Data et l’analyse de données non structurées sont encore peu identifiés comme des enjeux majeurs : Le Big Data est essentiellement vu comme entraînant de nouvelles approches des traitements et de la gestion et peu comme une opportunité pour l’entreprise (cf. figure 2). “Les PME qui ont à faire face à des problèmes de volumétrie ont une approche très terre-à-terre”, constate Jean-Michel Jurbert. Il est aujourd'hui nécessaire pour toutes les entreprises de se préparer, sinon au Big Data tel que défini par les experts, au moins à un accroissement très important des volumes de données et des besoins de traitement : certaines entreprises sont d'ailleurs déjà dans ce domaine sans même s'en rendre compte. Quelle que soit la taille de l'organisation, les volumétries de données et les besoins de puissance de traitement s'envolent, même si à l'échelle d'une PME on ne parle pas forcément en Po. La définition d'une stratégie idoine paraît indispensable ; on ne peut traiter l'année n 10 fois plus de données que lors de l'année n-5 : c'est pourtant à ce rythme-là qu'augmentent les volumes actuellement. Mais qui dit mise en place d'une stratégie dit forcément aussi investissement. C'est sur ce terrain que se fera la différence.