Accueil Démat-Ged Un rapport et une proposition de loi pour prôner la « sobriété » numérique

Un rapport et une proposition de loi pour prôner la « sobriété » numérique

(AFP) – Un centre de réflexion a appelé jeudi à « repenser » les usages numériques devenus environnementalement « insoutenables », pour aller vers une « sobriété numérique », sujet qui fait l’objet d’une proposition de loi déposée au Sénat.

Le « Shift project », think tank qui promeut « une économie libérée de la contrainte carbone« , a publié un rapport proposant des pistes pour « déployer la sobriété numérique« , alors que la consommation énergétique du secteur croît de 9% par an.
« La croissance de nos systèmes numériques est insoutenable et construite autour de modèles économiques qui rentabilisent l’augmentation de contenus consommés et de terminaux et infrastructures déployés« , soulignent les auteurs. « Le numérique n’est pas du tout une chose dématérialisée, » a insisté lors d’une présentation en ligne Jean-Marc Jancovici, directeur du Shift Project, en relevant le paradoxe d’un secteur qui a permis « plein de gains d’efficacité mais n’arrive pas à faire baisser sa propre consommation« .

Le rapport préconise notamment d’évaluer les usages en terme de « cycle de vie », prenant en compte les effets environnementaux de la fabrication ou de la consommation énergétique totale (fabrication, usage, fin de vie). Une vision globale importante alors que la 5G laisse entrevoir un développement massif des objets connectés, dont l’impact « peut surpasser l’économie d’énergie venant du gain d’efficacité du système » installé, soulignent les auteurs.
Ils recommandent une « évaluation systématique » de la « pertinence environnementale » des projets – pour laquelle ils proposent unz « boîte à outils » méthodologique; un meilleur pilotage des systèmes d’information des acteurs publics et privés, avec là encore un « guide » de méthode; et un renforcement de l’information et des politiques publiques, qui favorisent certains usages par leurs choix technologiques.

Ce débat sur la « sobriété numérique » a récemment été relancé avec la polémique sur un éventuel moratoire sur le déploiement de la 5G, demandé par la Convention citoyenne sur le climat ainsi que certains élus. Le gouvernement a tout de même mené les premières enchères de fréquences, mais la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili a souhaité une réflexion sur les usages.

Une proposition de loi « visant à réduire l’empreinte environnementale du numérique en France » a par ailleurs été déposée mercredi par les sénateurs Patrick Chaize (LR), Guillaume Chevrollier (LR) et Jean-Michel Houllegatte (PS). Ils proposent notamment la lutte contre l’obsolescence programmée des matériels, la « limitation de certaines pratiques énergivores« , streaming automatique ou forfaits data illimités ou une « éducation à la sobriété numérique« .