Accueil Quantique Thales & CEA : Évaluer la robustesse des algorithmes post-quantiques

Thales & CEA : Évaluer la robustesse des algorithmes post-quantiques

À Rennes, lors de l’European Cyber Week 2025, Thales et le CEA ont dévoilé les résultats d’une coopération qui n’avait encore jamais eu lieu en France : deux CESTI, reconnus par l’ANSSI, ont travaillé ensemble sur l’évaluation d’implémentations de cryptographie post-quantique. 

Une évaluation croisée, inédite en France

Le projet GIVERNY, lancé en 2025, a réuni cryptologues et experts cybersécurité des deux organisations autour de deux algorithmes de signature : HAWK, proche du futur FN-DSA du NIST, et FAEST, apparenté à l’AES. L’idée était de tester leur résistance dans des conditions réelles, celles que rencontreront demain les produits électroniques intégrant de la post-quantique.

Les équipes ont mis à l’épreuve les implémentations face aux attaques par canaux auxiliaires. Elles ont identifié des vulnérabilités encore non divulguées et évalué l’efficacité de premières contremesures. Ce travail, soutenu par les capacités d’évaluation du CEA, premier laboratoire français agréé EUCC pour la PQC, et par l’engagement du CESTI Thales dans le même schéma, marque une montée en maturité pour l’écosystème français.

« La cryptographie post-quantique représente un tournant stratégique pour la souveraineté numérique européenne », rappelle Pierre Jeanne, vice-président Cybersécurité souveraine de Thales. Selon lui, cette coopération illustre la capacité de la France « à conjuguer innovation et sécurité au plus haut niveau ».
Même lecture côté CEA. Pour Philippe Mazabraud, directeur du programme transversal sécurité globale, ce partenariat renforce un rôle : celui d’un acteur de confiance « très impliqué dans la construction et la réussite des écosystèmes » et engagé dans une transition numérique maîtrisée pour les citoyens, les entreprises et les institutions.

Une avancée qui s’inscrit dans un calendrier déjà contraint

Les résultats interviennent alors que l’ANSSI pose un jalon net : les produits mis sur le marché après 2030 devront avoir migré vers des algorithmes post-quantiques, et dès 2027 pour les produits sensibles cherchant une qualification. Autrement dit, la fenêtre d’adaptation se réduit, et les industriels doivent s’appuyer sur des évaluations techniques solides pour anticiper la transition.

Pour Pierre Jeanne, cette démarche montre surtout « la capacité de la France à conjuguer innovation et sécurité au plus haut niveau ». Quant à Philippe Mazabraud, il y voit un mouvement structurant pour la filière, estimant que cette coopération renforce le rôle du CEA comme « acteur de confiance en France et en Europe ». Ensemble, leurs analyses dessinent les contours d’un écosystème qui cherche à se préparer à l’arrivée des standards post-quantiques et à leur future évaluation au niveau européen.