Malgré un climat géopolitique tendu et les appels à renforcer la souveraineté numérique, les start-up européennes continuent de se tourner massivement vers les États-Unis pour se développer. Selon une étude d’Index Ventures, près des deux tiers d’entre elles visent le marché américain dès l’amorçage.
Une dynamique transatlantique qui s’accélère
L’Europe rêve d’autonomie, ses start-up partent aux États-Unis. Selon le rapport Winning in the US du fonds Index Ventures, les chiffres sont formels : 64 % des start-up européennes ayant levé des fonds s’implantent très tôt aux États-Unis, contre 33 % seulement en 2019. Les start-up « born global », c’est-à-dire qui adoptent dès leur création une stratégie tournée vers l’international, deviennent ainsi la norme. Une stratégie qui va à rebours des discours politiques sur l’indépendance technologique européenne et mesures prises par l’Union européenne.
Les créateurs de start-up interrogés affirment qu’aucune barrière politique ou migratoire ne les dissuade d’aller aux États-Unis. Le risque du repli européen serait même un frein majeur à l’émergence de champions globaux.
Le phénomène réactive la centralité de San Francisco, malgré le coût de la vie et les obstacles migratoires.
Ce n’est pas qu’une question de financement
Si bien entendu la quête de capitaux demeure une des raisons de ces choix stratégiques, 76 % des fondateurs de ces jeunes pousses affirment que c’est avant tout l’accès au marché américain pour ses nombreux clients, leur vitesse d’adoption et volume d’achats qui les motivent. L’IA joue également un rôle dans cette dynamique. En effet, elle présente l’avantage de cibler les marchés avec des équipes plus réduites.
Cinq archétypes de stratégie d’internationalisation
L’étude cartographie cinq modèles d’internationalisation stratégique.
- Aimant : tech en Europe, business aux États-Unis (Collibra, UiPath)
- Pendule : ancrage européen, expansion cyclique vers les États-Unis (Spotify)
- Télescope : revenus États-Unis sans présence physique (Supercell, Voodoo)
- Ancre : business central en Europe, présence États-Unis ciblée (Revolut, Adyen)
- Transplant : implantation directe aux États-Unis (Stripe, Hugging Face)
