La ville de Lyon lance un vaste chantier de transformation numérique pour réduire sa dépendance aux logiciels américains. En misant sur l’open source, la mutualisation et l’hébergement local, elle entend renforcer la souveraineté technologique de ses services publics.
Vers une souveraineté numérique locale
Lyon annonce une « transformation majeure » de ses outils numériques et affiche son ambition de s’émanciper des solutions logicielles états-uniennes, de renforcer sa souveraineté numérique et de prolonger la durée de vie des équipements. Pour cela, la ville s’attaque à deux axes : la création d’une suite collaborative libre et le remplacement progressif des logiciels Microsoft jusque-là utilisés.
Territoire Numérique Ouvert : une suite collaborative made in Lyon
Pour remplacer les outils collaboratifs de Microsoft, la Ville de Lyon mise sur une suite libre baptisée Territoire Numérique Ouvert (TNO). Cette solution a été développée avec le SITIV (le Syndicat Intercommunal des Technologies de l’Information pour les Villes), un opérateur public spécialisé dans les services numériques mutualisés, et la Métropole de Lyon.
TNO intègre des outils open source pour la visioconférence et la bureautique collaborative, avec notamment la co-édition de documents. Elle est hébergée localement dans des datacenters de la région Auvergne-Rhône-Alpes, renforçant ainsi l’ancrage territorial et la maîtrise des données.
Le projet a bénéficié d’un financement de 2 millions d’euros accordé par l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT). Sur le plan économique, plus de 50 % des marchés ont été attribués à des entreprises régionales et 100 % à des sociétés françaises, selon la Ville de Lyon.
Enfin, cette suite est déjà utilisée par plusieurs milliers d’agents dans neuf collectivités, ce qui en fait un exemple de mutualisation à l’échelle locale, potentiellement reproductible ailleurs en France.
Des alternatives libres à Microsoft Office et Windows
La ville de Lyon affirme sa volonté de sortir du système Microsoft pour ses services municipaux :
« Cette transition vise à renforcer la souveraineté technologique du service public, mais aussi à prolonger la durée de vie des équipements informatiques et ainsi réduire leur empreinte environnementale », affirme la Ville de Lyon dans son communiqué.
Elle a déjà entamé une migration progressive vers les logiciels libres avec OnlyOffice pour la bureautique, Linux pour la partie OS et PostgreSQL pour les bases de données.
Un signal fort pour le secteur public
En choisissant des solutions open source développées en interne ou avec des partenaires publics, Lyon adopte une trajectoire distincte de celle privilégiée par d’autres collectivités qui s’appuient sur des suites collaboratives proposées par des éditeurs français ou européens du marché. Cette approche pourrait susciter des tensions avec certains acteurs institutionnels, comme le Cigref (réseau de grandes entreprises promouvant un numérique de confiance) ou la DINUM (Direction interministérielle du numérique), qui soutiennent des solutions comme La Suite Numérique, plus centralisées.
Lyon assume néanmoins une voie alternative : celle d’un numérique libre, mutualisé, souverain et ancré localement, mis au service de l’intérêt général et des collectivités. Une stratégie qui pourrait inspirer d’autres territoires soucieux de garder la maîtrise de leurs outils numériques et de leurs données.