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Services numériques : le marché ralentit mais les ESN restent confiantes

En dépit d’un contexte économique moins favorable, les sociétés de services du numérique se disent globalement confiantes en leur capacité à réaliser leurs objectifs de croissance selon une étude de Numeum et KPMG. Pour cela, elles font de la gestion des talents, du numérique responsable et de l’innovation leurs enjeux prioritaires.

De gauche à droite : Véronique Torner, présidente de Numeum, et Charles Mauclair, président du collège des ESN et ICT de Numeum

Fini l’euphorie. Après deux années exceptionnelles, les acteurs du marché des services numériques ont observé, depuis de le début de l’année, un ralentissement de leur activité. La guerre en Ukraine, le contexte inflationniste et la hausse des salaires pèsent sur les revenus et la rentabilité des Entreprises de services du numérique (ESN) et des sociétés d’Ingénierie et de Conseil en Technologies (ICT).

Pas question pour autant de parler de retournement de conjoncture mais plutôt d’une décélération de la croissance dans un secteur où nombre d’acteurs ont enregistré une hausse à deux chiffres de leur chiffre d’affaires l’an dernier. La lecture de l’édition 2023 de « Grand Angle ESN & ICT », l’étude de référence du syndicat professionnel Numeum et du cabinet de conseil et d’audit KPMG, prête d’ailleurs à l’optimisme.

98 % des ESN et ICT interrogées se disent confiantes dans leur capacité à réaliser leur objectif de croissance. Seule, la part des « très confiants » baisse de huit points en un an pour atteindre 26 %. Pour tenir le cap de la croissance, les dirigeants des sociétés de services misent sur la montée en gamme avec le développement d’offres à très haute valeur ajoutée et innovantes (80%), sur le recrutement (74%) et le positionnement sur les secteurs porteurs (62%), comme les services financiers, l’énergie et l’industrie.

Quant aux services et solutions les plus dynamiques en 2022, le conseil en transformation digitale (25%) prend la tête du classement devant le cloud (21%), la conception de solutions technologiques (16%) et la cybersécurité (14 %).

La gestion des talents, priorité numéro un

En ce qui concerne les facteurs de risques, les professionnels des services évoquent en priorité le manques de ressources (83 %), devant l’inflation et la compétitivité (53 %) et les crises majeures et les conflits internationaux (46%). Avec les tensions actuelles sur le marché de l’emploi, la gestion des talents reste leur principal défi. 81% des entreprises se disent confiantes dans leur capacité à remplir leurs prévisionnel de recrutement à trois ans, soit une baisse de huit points sur un an.

Pour recruter, les entreprises font feu de tout bois en multipliant les actions. « Elles privilégient la cooptation et les partenariats avec écoles », précise Maxime Charrier, senior manager chez KPMG France. Le recours aux freelances est aussi plébiscité, les indépendants représentant 11,7 % des effectifs contre 10,1 % un an plus tôt.

Une fois ces talents recrutés, il faut les fidéliser. Pour cela, les prestataires prévoient de consacrer 3,4% de la masse salariale à la formation en 2023. 58% d’entre entreprises misent sur l’augmentation des salaires. La hausse moyenne des rémunérations était déjà élevée en 2022 – + 4 % – sans qu’elle n’est pu être intégralement répercutée chez les clients. A défaut ou en complément, les entreprises accordent des primes ou s’ouvrent à l’actionnariat salarié.

La RSE, un projet fédérateur

La flexibilité de l’organisation du travail est une autre attente désormais incontournable des salariés et 85% des ESN et ICT proposent deux à trois jours de télétravail par semaine. La prise en compte des enjeux environnementaux et sociaux est un autre moyen de renforcer leur marque employeur. « Un projet RSE fédère tous les collaborateurs, note Xavier Niffle, membre du CoDir audit de KPMG France. C’est un levier d’attractivité et de rétention des talents. »

Conscients de cet enjeu, 63 % des ESN et ICT ont rattaché la fonction RSE/ESG à la direction générale et 61 % ont défini une raison d’être, soit une hausse de 7 points sur un an. Peut être plus impactant encore, 20 % d’entre elles ont intégré le performance RSE parmi les critères de rémunération de leurs dirigeants.

Dans les trois ans à venir, les objectifs prioritaires portent sur la réduction de l’empreinte environnementale du numérique (31%), la création d’emplois et le développement de nouvelles compétences (28%) et le développement de solutions et services innovants à finalité RSE (19%).

La R&D, 7 % du chiffre d’affaires

Pour les trois prochaines années, les acteurs du numérique tablent sur une réduction moyenne de leur empreinte carbone de 26 % pour les grands comptes et de 32 % pour les PME et TPE. 70 % des ESN et ICT qui se sont donné un objectif de neutralité carbone misent au minimum 2030 pour l’atteindre. En ce qui concerne le volet sociétal de la RSE, 55 % des grands comptes et des ETI et 76 % des TPE et PME se sont fixé des objectifs de parité et d’égalité salariale.

Dernier axe de développement : l’innovation. ESN et ICT ont investi en moyenne 7 % de leur chiffre d’affaires dans la R&D en 2022. 13 % de leurs effectifs s’y consacrent à temps plein, soit une hausse de 8 % par rapport à la précédente étude. Ces investissements concernent prioritairement le cloud (18 %), la conception de solutions technologiques (14 %), le conseil en transformation digitale (14 %), l’intelligence artificielle (14 %) et la cybersécurité (12 %).

 

Xavier Biseul