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SAP explique les changements majeurs dans la migration et la maintenance de S/4 Hana

INTERVIEW – Dès 2023, SAP publiera une nouvelle version de S/4 Hana tous les 2 ans, et non plus tous les ans. L’éditeur allonge aussi à 7 ans le délai de maintenance courante de chaque future version de S/4Hana. Orlando Appell, son directeur des opérations en France, nous explique les raisons de ces changements.

Olivier Bellin, journaliste à Solutions Numériques et Channel : Qu’est-ce que SAP prévoit de modifier dans la commercialisation et la maintenance de son progiciel S/4 Hana dès 2023 ?

Orlando Appell, le directeur des opérations en France de SAP, le premier éditeur européen de progiciels de gestion :

SAP a annoncé le 15 septembre 2022 ses nouvelles orientations pour la publication et la maintenance de ses progiciels S/4 Hana. Dès 2023, le groupe publiera une nouvelle version de S/4 Hana tous les 2 ans jusqu’à 2025, et non plus tous les ans. Le groupe allonge aussi à sept ans le délai de maintenance courante de chaque future version de S/4Hana. Celui-ci n’était que de cinq ans pour les versions précédentes. Par ailleurs, nous proposons à nos clients de prolonger jusqu’à 2025 la maintenance des versions S/4 Hana 2021 et antérieures moyennant un paiement additionnel de 4%. Je précise aussi qu’il n’existe pas, par définition, de date de fin de maintenance pour les versions public cloud de S/4Hana. En revanche, celle « On Premise » de SAP ECC6 s’arrêtera en 2027 et en 2040 pour nos offres « On Premise » S/4 Hana.

Pourquoi la migration des progiciels ECC6 et S/4Hana vers le Cloud semble quasi impossible pour 86 % des 150 entreprises sondées par l’USF (association des utilisateurs francophones de SAP) ?

SAP l’a toujours dit, la migration de nos progiciels dans le cloud ne s’effectuera pas dans l’urgence. Le principal frein à cette évolution réside dans la part souvent importante de développements spécifiques conçus par les entreprises afin d’adapter notre offre SAP S/4Hana standard aux besoins de leur métiers. Or, le passage au cloud suppose de recourir à des approches techniques plus standardisées.

SAP invite-t-il donc ses clients à renoncer à leurs développements spécifiques afin d’accélérer leur adoption des versions Cloud de S/4Hana ?

Pas forcément. Par exemple, les fonctionnalités de la version S/4Hana Cloud Public sont figées en standard. A l’inverse, la version S/4Hana Cloud Privé peut reprendre certaines fonctionnalités spécifiques développées par nos clients. Les entreprises devront donc réaliser des arbitrages en fonction de leurs priorités lors de leur passage vers nos offres cloud. Certaines privilégieront par exemple le cloud public afin de s’affranchir de coûts de maintenance qui peuvent s’avérer très élevés. D’autant que les développements spécifiques coûtent très cher à maintenir en conditions opérationnelles.

Il est illusoire de croire que toutes les entreprises décideront de se passer complétement de leurs développements spécifiques du jour au lendemain. Mais cela est possible, comme SAP l’a démontré avec son ERP Success Factor par exemple. Nous continuerons donc à évangéliser pour expliquer aux organisations comment solidifier nos offres standards sur la base d’un « clean core » combiné avec des spécifiques dédiés aux 25 industries sur lesquelles SAP et ses partenaires travaillent depuis longtemps.

La pénurie de consultants formés sur les offres SAP freine les projets SAP 4/Hana selon l’USF… comment y remédier ?

Cette tendance n’est pas spécifique à SAP. Elle concerne tous les principaux éditeurs de logiciels. Le groupe a déjà lancé plusieurs initiaves pour élargir la montée en compétences d’experts sur nos logiciels dans tous les canaux disponibles, via le programme « People to Work » de retour à l’emploi de chômeurs avec Pôle Emploi, ou notre Partenaires Academy par exemple. SAP fait également appel à des agences de travail interimaire telle qu’Adecco.

Pourquoi les clients jugent-ils souvent que le coût journalier des partenaires SAP est trop élevé ?

La question de l’optimisation des coûts journaliers des experts SAP est plus importante en France qu’en Europe, car il y a moins de consultants disponibles parlant français. J’invite donc nos partenaires à combiner leurs expertises avec des centres nearshore certifiés par SAP, au Portugal ou en Roumanie par exemple. Je les encourage également, ainsi que nos clients, à recourir davantage à des outils de migration automatisés et à des applicatifs préconfigurés, qui accélèrent grandement les projets de migrations vers S4/Hana.

Seuls 39% des clients sont satisfaits du support SAP selon l’association USF, un chiffre encore en baisse par rapport à 2020. SAP peut-il corriger le tir sachant que l’enquête a eu lieu avant l’augmentation des coûts de maintenance annoncée par SAP en septembre 2022 ?

SAP a une conscience assez aiguë du problème, et surtout dans le cadre du passage de nos clients vers SAP S/4Hana dans le Cloud. Y obtenir des taux de satisfaction élevés pour des contrats de 3 à 5 ans figure en haut de la pile de nos préoccupations. Le groupe place même cette nécessité au dessus de la fourniture de nouvelles fonctionnalités, qui était pourtant jadis l’une de nos principales préoccupations pour les offres SAP exploitées sur site. Dans le même temps, je reconnais que le support sur tous nos logiciels devenait compliqué pour les clients possédant différents logiciels SAP. Raison pour laquelle le groupe a déjà opéré des changements sur tous ses modes de support, en lançant le portail One Support dès fin 2021 par exemple. SAP n’exclue pas d’actualiser cet outil prochainement, car la qualité du support est toujours l’une de nos priorités ; mais nous préférons attendre un peu pour analyser les premières retombées, car la période est trop courte pour en mesurer les bénéfices réels pour nos clients.

SAP prévoit-il de compenser le manque à gagner pour ses revendeurs sur le support et la maintenance en raison du passage de leurs clients à la version cloud de S/4Hana ?

SAP a mis en place des modèles de revente à valeur ajoutée pour ses partenaires. Ils compensent un manque à gagner sur la tierce maintenance applicative (TMA) par exemple, dont le chiffre d’affaires sera forcément moindre pour les versions S/4Hana Cloud. En termes de revenus, le groupe leur propose aussi de combiner le chiffre d’affaires récurrent généré en mode Saas avec le pilotage du premier niveau de production des versions cloud que SAP fait tourner. Nous reconnaissons également mieux la vente de nos offres cloud et de certains spécifiques, ainsi que les connaissances métier de nos partenaires sur ces offres.