L’Éducation nationale produit une masse considérable de données : résultats scolaires, absences, usage des plateformes numériques, parcours d’orientation… Pourtant, ces informations restent souvent dormantes, figées dans des rapports d’analyse postérieurs aux faits. Il est temps de passer à une éducation pilotée en temps réel selon Niki Hubaut, Country Leader France chez Confluent.
De la donnée figée à la donnée vivante
« Le système éducatif français regorge de données, mais elles sont exploitées trop tard. On est dans une logique de réaction, pas d’anticipation », constate Niki Hubaut, Country Leader France chez Confluent.
Cette entreprise, spécialiste des architectures de streaming de données, plaide pour une approche continue : faire circuler l’information en temps réel, afin de déclencher des actions immédiates plutôt que d’attendre la fin d’un cycle scolaire.
Concrètement, un établissement pourrait être alerté dès les premiers signes d’un décrochage : baisse des résultats, absences répétées, désengagement sur les plateformes. Les rectorats pourraient ajuster plus vite la répartition des enseignants ou les dotations matérielles. Et le ministère pourrait adapter sa politique éducative sans attendre la rentrée suivante.
Un pilotage plus agile pour une école plus équitable
Aujourd’hui, les projections de moyens humains et matériels sont souvent établies sur des données annuelles. Or la réalité du terrain évolue sans cesse : effectifs variables, remplacements urgents, besoins spécifiques…
Une circulation continue des données offrirait une vision plus juste et actualisée, capable d’alimenter un pilotage agile. « Ce n’est pas une refonte totale des systèmes existants », précise Niki Hubaut. Elle cite naturellement l’outil de Confluent fondé sur Apache Kafka, qui “permet de connecter progressivement les plateformes existantes, sans rupture”.
Cette approche pragmatique, déjà éprouvée dans d’autres secteurs publics ou financiers, pourrait faire entrer l’Éducation nationale dans une culture de la donnée plus réactive et collaborative.
Sécurité, gouvernance et accompagnement : les clés du changement
La question de la confidentialité reste centrale. Confluent met en avant une plateforme « entièrement sécurisée, chiffrée et conforme au RGPD », garantissant une traçabilité fine des flux et un accès strictement limité aux acteurs autorisés. « Le temps réel ne signifie pas moins de contrôle. Au contraire, les données sont plus fiables et mieux gouvernées », souligne Niki Hubaut.
Mais le défi est aussi culturel : « Il y a un frein psychologique, c’est vrai, surtout dès qu’on touche à l’éducation ou à la santé. Pourtant, une fois qu’on démontre l’efficacité et qu’on accompagne les équipes, ces freins tombent. »
Confluent recommande d’ailleurs d’avancer par étapes : expérimenter un premier cas d’usage concret, comme l’absentéisme, avant d’étendre la démarche à d’autres domaines.
L’humain, toujours au centre
Cette évolution ne vise pas à automatiser la pédagogie ni à remplacer les enseignants. Elle vise à renforcer leur capacité d’action.
« Les enseignants garderont le contrôle des décisions, mais disposeront d’une vision plus précise et instantanée de ce qui se passe dans leurs classes », conclut Niki Hubaut.
L’exploitation intelligente des données ne serait donc pas une menace, mais un levier, celui d’une école plus agile, plus juste et plus réactive face aux besoins réels des élèves.







