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Pourquoi Magellan Partners investit-il dans la plateforme SAP S/4Hana et dans le conseil ?

INTERVIEW – Magellan Partners développe encore ses activités de conseil sur les technologies de Microsoft, Salesforce, AWS, ServiceNow, etc. Y compris à l’étranger bientôt. Son président, Didier Zeitoun, nous explique également pourquoi sa société de conseil et d’intégration IT investit désormais sur SAP. 2 premières acquisitions lui permettront de participer à la migration de ses clients vers SAP S/4Hana.

Olivier Bellin, journaliste Solutions Channel et Solutions Numériques : Quelles sont les priorités de Magellan Partners en cette fin 2022 ?

Didier Zeitoun, président de Magellan Partners, une importante société de conseil et d’intégration IT française spécialisées sur les logiciels BtoB de Microsoft, Salesforce, AWS, ServiceNow, GCP et SAP :

Magellan Partners prévoit de se développer davantage dans le conseil depuis la publication, dès fin 2020, de son plan stratégique Vision 2025. Celui-ci fait reposer notre croissance sur deux piliers : le conseil en transformation des organisations, amélioration des processus et transformation digitale d’un côté, et de l’autre, le conseil et l’intégration des solutions de grands éditeurs : Microsoft, Salesforce, AWS, ServiceNow, GCP et SAP plus récemment.

Quelle part occupe déjà le conseil dans votre chiffre d’affaires ?

Magellan Partners génère déjà 25 % de son chiffre d’affaires sur le conseil. Cela permet au groupe de travailler en amont avec les directions métiers des entreprises sur leurs projets d’organisation, puis sur leurs systèmes d’information. Nous menons ensemble d’importants projets de réorganisation depuis la Covid. Magellan Partners réalisera de la croissance organique sur l’ensemble des activités où nous sommes déjà présents, avec un objectif de 15 % par an jusqu’en 2025. C’est ambitieux mais réaliste compte-tenu de la demande du marché.

Magellan Partners pourra-t-il assurer les 15 % de croissance organique qu’il a prévu de réaliser chaque année, du fait de la pénurie sur les talents dans le secteur IT ?

Je confirme que la situation est très tendue dans le recrutement et le maintien des bonnes compétences. Partout, le turn-over est important, chez les collaborateurs les plus jeunes notamment. C’est un sujet de préoccupation pour toutes les entreprises du secteur. Ce qui n’empêche pas Magellan Partners de vouloir recruter environ 500 nouveaux consultants cette année.

Comment pensez-vous parvenir à recruter autant de nouveaux consultants concrètement ?

Magellan Partners réalise actuellement environ 40 % de ses recrutements grâce à une politique de cooptation en interne. A cela s’ajoute le développement réussi d’une vraie politique d’alternance développée sur 9 mois. Le groupe recrute environ 80 % des candidat(e)s formé(e)s via l’alternance. Magellan Partners a également développé une stratégie de reconversion professionnelle, avec l’aide de Simplon et d’autres écoles, qui nous aident à former les nouvelles recrues à temps plein pendant trois mois.

Magellan Partners a réalisé cette année ses 11 et 12e acquisitions en rachetant deux expert de SAP, MMH Ingénierie et MBV SI, pourquoi vous focalisez-vous autant sur l’offre SAP désormais ?

Magellan Partners n’avait pas investi sur SAP durant cette dernière décennie, car trop d’ESN opéraient déjà sur la plateforme de cet éditeur. Mais un bouleversement important s’est produit il y a deux ans avec l’introduction de SAP S/4Hana. C’est un nouveau progiciel révolutionnaire qui oblige désormais les sociétés de service et les clients à détenir des compétences différentes. Et comme SAP a redéveloppé entièrement son logiciel pour le rendre 100 % cloud, la migration vers S/4Hana ne sera pas aussi « simple » qu’avant. Raison pour laquelle nos clients, dans les secteurs de l’énergie et de l’industrie par exemple, ont demandé à Magellan Partners de se positionner également sur S/4Hana afin de les accompagner dans ce processus.

La migration vers SAP S/4Hana constitue-t-elle vraiment une grosse opportunité pour Magellan Partners à court terme ?

Elle est très conséquente effectivement. D’autant que SAP annonce qu’il va arrêter en 2027 la maintenance sur son ERP classique. Une entreprise du CAC 40 a récemment évalué à environ 500 M€ le coût de sa migration vers S/4Hana sur cinq ans.

Magellan Partners pourra-t-il rivaliser grâce à ses acquisitions avec les plus grands spécialistes actuels de l’écosystème SAP ?

Non, pas aujourd’hui. Mais Magellan Partners est capable de mettre autour d’une même table des experts des processus, ainsi que des consultants qui savent parler aux différents métiers de l’entreprise, ce qui constitue en soit un élément de différenciation important.

Vos investissements sur SAP se font-ils au détriment de vos pôles d’activités sur Microsoft (Exakis Nelite) ou Salesforce par exemple ?

Non. Magellan Partners réalisera – encore cette année – environ 30 % de son chiffre d’affaires avec les solutions de Microsoft, dont nous sommes désormais le premier intégrateur en France grâce à nos quelques 600 consultants. C’est davantage qu’Avanade en France, qui est pourtant le premier intégrateur Microsoft au plan mondial. Magellan Partners souhaite également développer ses compétences dans l’Internet des Objets (IoT) en partenariat avec Microsoft, mais pas uniquement, afin de répondre à la demande de nos clients, et notamment dans l’industrie.

Que représentent chacune des plateformes logicielles de ces grands éditeurs dans votre chiffre d’affaires 2022 ?

Magellan Partners réalisera environ 10 % de ses 240 M€ de chiffre d’affaires sur les offres d’AWS (120 consultants), mais aussi 10 % sur celles de Salesforce. La demande sur cette plateforme de gestion de la relation-client (CRM) est encore énorme, mais nous devons aussi accompagner le virage que Salesforce a pris pour fournir d’autres solutions à ses clients qui en sont déjà équipés. Sa croissance sera très forte sur les solutions qu’il a racheté, dont celles de Mulesoft, Slack ou encore Tableau. Par ailleurs, Magellan Partners accompagne également Salesforce sur ses développements en No Code / Low Code pour salesforce.com. Le Low Code / No Code prendra d’ailleurs aussi une grosse part de marché sur les plateformes ServiceNow et Microsoft dans les 5 à 10 ans à venir. Nous sommes bien positionnés pour y répondre.

Quel est votre objectif de chiffre d’affaires à moyen terme ?

Magellan Partners prévoit d’atteindre les 375 millions d’euros de chiffre d’affaires d’ici 2025. C’est jouable si le groupe réalise encore chaque année ses 15 % de croissance organique, tout en y ajoutant certaines acquisitions ciblées. La question qui se pose actuellement est de savoir si l’économie européenne et mondiale peut entrer en récession dès 2023. C’est une possibilité même s’il n’y a pas encore vraiment de signes avant-coureurs.

Magellan Partners va-t-il poursuivre ses acquisitions ? Uniquement en France ? Et pour renforcer quelles expertises en particulier ?

Magellan Partners se focalise surtout sur le développement de ses savoir-faire et expertises en France avant de se tourner vers l’international. Avec l’aide du fonds Capza, nous investirons dès 2023 en priorité, et via des acquisitions, dans des pays comme le Royaume-Uni, l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Espagne. Le problème est qu’il reste très peu d’acteurs indépendants de qualité à vendre sur les plateformes des éditeurs qui nous intéressent.

Magellan Partners n’est-il pas trop dépendant, voire perçu comme inféodé à ses grands éditeurs américains, à l’heure où les entreprises françaises sont davantage sensibles à la notion de « souveraineté » Numérique ?

Non, même s’il est vrai que le Cloud Act américain est une réalité qui a déjà empêché des clients français de choisir certaines offres commercialisées par des éditeurs américains. En théorie, il existe bien des offres logicielles SaaS françaises équivalentes, mais toutes ne possèdent pas le même niveau d’industrialisation. Magellan Partners travaille donc aussi notamment avec OVHCloud, car la demande pour le cloud de confiance « souverain » augmente en France. Mais si les clients y placent 10-15 % de leurs données les plus sensibles, le reste part dans le cloud public ou hybride. Les entreprises sont désormais plus matures qu’avant sur ces questions. Et c’est donc bien le client qui décide au final en connaissance de cause.

Pourquoi Magellan Partners a-t-il laissé le fonds Capza investir environ 100 M€ sur 5 ans dans son capital au début 2021 ?

Si Capza a acheté 4 % du capital de Magellan Partners au début 2021, le reste est encore détenu par les dirigeants et une partie de l’équipe de direction. L’entrée de ce fonds nous a permis de créer certaines activités en ne partant pas de zéro. Sur SAP par exemple, les fonds collectés ont permis à Magellan Partners, on l’a dit, de renforcer ses compétences grâce à deux acquisitions récentes.

Les fondateurs de Magellan Partners ont-ils mis en place un vrai projet de transmission de leur entreprise ?

Je peux juste vous confirmer que les équipes de direction de Magellan Partners prendront davantage de responsabilités dans les années à venir avec l’accord de nos actionnaires de référence.