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Panne AWS : Quand le cloud tombe, comment rester debout ?

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Alors qu’une panne d’AWS a paralysé lundi une partie du web mondial, l’épisode rappelle à quel point la dépendance aux géants du cloud peut fragiliser les entreprises. Faut-il pour autant basculer vers le multi-cloud ou choisir un acteur français ? Kevin Baude Senior Platform Engineer chez Golem AI, partage son retour d’expérience.

Lundi, plusieurs sites majeurs ont été touchés par une panne affectant les services d’Amazon Web Services (AWS). Un incident rare, mais symptomatique de la dépendance croissante des entreprises aux hyperscalers américains.
« Quand Amazon tombe, c’est un peu comme si on sciait la branche sur laquelle on est assis », résume Kevin Baude. « Le marché a été structuré autour d’eux depuis plus de dix ans : les certifications, les formations, les écosystèmes… tout pousse à rester sur Amazon, Microsoft ou Google. »

Choisir européen : moins d’avance technologique, plus de proximité

Face à ces géants, certains acteurs font le choix d’un cloud souverain. C’est le cas de Kevin Baude, qui travaille avec Scaleway depuis plus de trois ans, après des expériences chez OVH, Azure et AWS.
« Mon choix est d’abord légal, pas technique », explique-t-il. « Beaucoup de mes clients refusent que leurs données soient hébergées hors d’Europe. »
Reconnaissant une avance technologique « d’environ dix ans » des Américains, il nuance aussitôt : « Les clouds français ne couvrent peut-être pas 100 % des cas d’usage, mais ils répondent déjà à 80 % des besoins réels des entreprises. Et surtout, ils offrent une vraie réactivité. Quand un problème survient, je sais qui appeler. »

Là où AWS ou Azure publient une page de statut et laissent leurs utilisateurs attendre le rétablissement du service, les acteurs européens offrent un support plus humain, souvent localisé. « C’est cette proximité qui fait la différence », insiste-t-il.

Multi-cloud : la solution miracle qui n’existe pas

À chaque panne d’un hyperscaler, la même réaction revient : « Il faut faire du multi-cloud ». En théorie, cela permet de répartir les services entre plusieurs fournisseurs pour éviter les interruptions. En pratique, la réalité est tout autre.
« Beaucoup en parlent, très peu le font », tranche Kevin Baude. « Gérer deux environnements différents, c’est doubler les coûts, les équipes, les compétences. Même des clients du CAC 40 renoncent à ce modèle. »

Le multi-cloud demande en effet de maintenir deux plateformes synchronisées, chacune avec son architecture et ses contraintes. « C’est un cauchemar opérationnel », résume-t-il. « Dans le vrai monde, un DSI aura bien du mal à justifier un tel investissement. »

Le vrai réflexe : penser multi-région, pas multi-cloud

Plutôt que de jongler entre fournisseurs, Kevin Baude préconise une autre approche : le multi-région, au sein d’un même provider.
« C’est aujourd’hui la meilleure pratique. Si ton application est bien conçue, tu peux la déployer sur plusieurs zones géographiques d’un même cloud, cela permet d’assurer la continuité sans multiplier les environnements ni les contrats. »

La souveraineté ne protège pas des pannes, mais elle responsabilise

Choisir un acteur français ne garantit pas l’absence d’incident. Mais cela change la nature de la relation. « En cas de panne, tu peux parler à quelqu’un, comprendre ce qui se passe, agir vite », conclut Kevin Baude.
« Le cloud souverain ne veut pas dire invulnérable, mais accessible, compréhensible et réactif. C’est cette proximité que recherchent de plus en plus d’entreprises. »