Historiquement associé à l’univers de l’impression et de la bureautique, Konica Minolta opère depuis plusieurs années une transformation stratégique profonde. Le groupe japonais a choisi de se repositionner en acteur des services numériques et du conseil. Interview de son PDG France Jonathan Levya.
Cette réorientation ne s’est pas faite à la légère. Elle repose sur un constat : l’information, autrefois imprimée, circule aujourd’hui sous forme numérique. Pour rester pertinent, Konica Minolta a donc développé une offre centrée sur la gestion numérique des contenus, l’infrastructure IT et la cybersécurité. Le tout avec un objectif assumé : ne pas être considéré comme un généraliste, mais devenir un spécialiste reconnu dans ses domaines de compétence.
En France, ce virage est piloté par Jonathan Levya, qui porte une vision claire : miser sur l’expertise, s’appuyer sur des partenaires solides, recentrer les activités autour de services à forte valeur ajoutée. Et bâtir progressivement une structure de consulting IT, à même d’accompagner les clients dans leur mutation numérique. Une stratégie ambitieuse, mais en phase avec les évolutions du marché. C’est dans ce contexte que nous avons rencontré Jonathan Levya pour évoquer les grands chantiers, les défis et les nouvelles attentes des entreprises.
SNC – Comment évolue le positionnement de Konica Minolta dans le contexte actuel de mutation généralisée ?
Jonathan Levya – Notre ADN, c’est l’information. Avant, elle passait par le papier, aujourd’hui, elle est de plus en plus digitale. Nous avons donc naturellement élargi notre activité à la gestion numérique des contenus. Depuis 15 ans, nous avons construit une expertise forte dans l’intégration de solutions digitales. Mais après avoir exploré plusieurs pistes IT, nous avons compris qu’il fallait se concentrer. Aujourd’hui, nous nous positionnons uniquement sur les contenus numériques, l’infrastructure associée (cloud, physique) et la cybersécurité. Rien de plus. C’est notre choix stratégique.
Nous nous positionnons uniquement sur les contenus numériques, l’infrastructure associée (cloud, physique) et la cybersécurité. Rien de plus. C’est notre choix stratégique.
Quel poids représente cette activité numérique dans le chiffre d’affaires ?
Le segment de services numériques pèse actuellement entre 22 et 23 %, avec une projection à 30 % d’ici à 2028. C’est une croissance modeste, mais saine, alignée sur la dynamique du marché. Nous gardons aussi notre cœur de métier historique, l’impression, qui continue d’exister, même si ses usages évoluent.
Justement, comment évolue ce marché de l’impression ?
C’est un marché mature. Les volumes baissent, notamment pour des raisons économiques, mais il existe encore des opportunités de croissance, notamment dans le secteur public et la massification des achats. Il faut désormais se différencier par la qualité de service et la capacité à offrir une solution globale.
Quel rôle joue l’IA dans vos projets ?
L’intelligence artificielle est une évolution naturelle pour la gestion documentaire. Elle permet de lire, classer, traiter les documents automatiquement. Nos partenaires éditeurs l’intègrent progressivement, mais ce que nous avons surtout constaté, c’est le besoin d’accompagnement. Les entreprises ne voient pas toujours clairement le ROI de l’IA. C’est pourquoi nous développons une approche de consulting en intelligence artificielle, pour aider nos clients à structurer leur projet, à choisir les bons outils, sans forcément aller jusqu’à l’intégration.
Nous développons une approche de consulting en intelligence artificielle, pour aider nos clients à structurer leur projet, à choisir les bons outils
Et demain ? Quelle sera la répartition des activités de Konica Minolta ?
Le papier ne disparaîtra pas. Comme le livre n’a pas été remplacé par la liseuse, l’impression garde son utilité, parfois même renforcée par les enjeux de souveraineté et de cybersécurité. Notre modèle économique évolue vers un équilibre entre le physique et le digital. Nous voulons rester un partenaire agile, capable d’accompagner nos clients, peu importe la forme que prend leur donnée.
Notre modèle économique évolue vers un équilibre entre le physique et le digital.
Dans ce contexte, l’élargissement de la transformation aux métiers la rend-elle plus complexe ?
Absolument. La transformation numérique ne se limite plus aux DSI. Elle est désormais transversale et touche toutes les fonctions de l’entreprise : direction financière, opérationnelle, métiers… Cela rend la lecture du marché plus complexe, car les décisions ne dépendent plus d’un seul interlocuteur, mais d’un collectif. Cependant, cette complexité est contrebalancée par une montée en maturité des acteurs. Les échanges sont plus riches, plus stratégiques.
Mourad Krim