Delphine Ducastel-Boulon, Senior Director France, Suisse, Luxembourg et Afrique de DataCore, revient sur l’année de transformation majeure du groupe : acquisitions stratégiques, élargissement du portefeuille, accélération en France et nouveaux besoins des organisations en matière de résilience, d’objets, de performances et de continuité d’activité.
SNC : Deux acquisitions majeures ont eu lieu cette année. Qu’apportent-elles concrètement à votre portefeuille ?
Delphine Ducastel-Boulon : DataCore s’est bien étoffé. On est passé d’une société mono-produit à sept produits au catalogue. Il y a eu une vraie transformation et je pense que cette transformation, et les acquisitions, se voient particulièrement cette année. Lors de notre événement annuel en octobre, à Avignon, on a annoncé beaucoup de choses.
C’est vraiment l’année de transformation majeure.
Avec les dernières acquisitions, on a accéléré et on s’est diversifié au-delà de notre étiquette virtualisation historique. On nous comparait à VMware sur le serveur, ou à Citrix sur le poste de travail ; nous, on le faisait au niveau du stockage. Aujourd’hui, notre portefeuille couvre tous les besoins : le bloc, le fichier, l’objet et même la partie conteneurs.
Ces acquisitions ont aussi nécessité une réorganisation ?
D. D-B. : Il a fallu intégrer les produits, les équipes, et lancer un nouveau programme. Nous avions des partenaires orientés infrastructures qui géraient seulement une petite brique du catalogue. Avec le programme Freedom 360, orienté sur la liberté à tous les niveaux, on leur propose une transition vers l’ensemble de nos gammes produits pour pouvoir les promouvoir et les intégrer chez les clients.
Comment cela repositionne-t-il DataCore sur le marché français et européen ?
D. D-B. : Nous dépendons de la région Western Europe, dirigée par Pierre Aguerreberry. Les acquisitions ont renforcé notre présence internationale, notamment dans les pays nordiques. En France, il y a une nouvelle dynamique, avec une forte croissance. On attire de nouveaux talents et de nouveaux partenaires qui n’étaient pas forcément attirés auparavant. Le fait de disposer d’une technologie qui couvre tous les besoins séduit beaucoup.
Côté clients, on est monté en gamme : auparavant, notre produit répondait plutôt à des besoins tactiques. Aujourd’hui, toute la gamme nous permet d’adresser de très beaux comptes, y compris beaucoup de références dans le CAC 40.
Quels sont les besoins ou défis qui ressortent chez les organisations françaises ?
D. D-B. : La continuité d’activité reste notre cœur de métier. Beaucoup de comptes français étaient frileux tant qu’ils n’avaient pas rencontré de problème. Aujourd’hui, c’est important.
La cyber-résilience ressort très vite aussi. Il y a également tout ce qui concerne l’archivage actif. Et enfin, la modernisation des infrastructures, avec des technologies adaptées. Sur la partie objet, la donnée explose : +70 % par an chez nos clients. SANsymphony continue de croître d’environ 20 % par an, mais sur la partie objet avec Swarm, ça explose vraiment.
Enfin, il y a les workloads qui demandent beaucoup de performance, comme Kubernetes ou le multimédia.
Comment vous différenciez-vous face à l’explosion des volumes et à la pression sur les coûts ?
D. D-B. : Nos trois dernières acquisitions ont amené Nexus (stockage fichier), Pixitmedia (flux média complexes) et Gytar (non lié à l’explosion des datas). Ce que nous proposons, c’est une seule infrastructure capable de gérer tous les besoins, une plateforme unifiée, cohérente et complète. Le fait que nous soyons 100 % logiciel fait que le stockage devient une commodité : peu importe le disque ou le constructeur, c’est la même chose. Ce qui compte, c’est la valeur apportée par le logiciel : disponibilité, traitement, performances.
Notre dernière acquisition dans le monde du HPC et de l’IA nous permet de répondre à des workloads très exigeants, tout en apportant de la résilience.
Quelle est la maturité du marché français ?
D. D-B. : Cela dépend des comptes. J’étais chez un client à Strasbourg, leader dans l’outillage ; il utilisait SANsymphony et nous avons parlé des autres technologies, comme Swarm sur la partie objet. Il m’a expliqué avoir été attaqué : son site a été entièrement aspiré et copié à 70 %. Tout le monde s’est connecté dessus du jour au lendemain.
Aujourd’hui, nos produits sont mûrs par rapport aux besoins : continuité, cyber-résilience, objet, cloud… Ce n’est plus un message de peur, ce sont des besoins réels. Il y a aussi des questions de budget et de priorisation, mais nos produits correspondent aux attentes du moment.
Sur quels axes d’innovation travaillez-vous ?
D. D-B. : Nous sommes dans la digestion de nos dernières acquisitions : intégration progressive des produits et des équipes. Nos équipes R&D travaillent à intégrer la gamme et à apporter un support 100 % DataCore, sans sous-traitance. L’objectif est une interopérabilité immédiate entre tous les produits, des migrations accompagnées, et des formations adaptées pour nos clients et partenaires.
Quels seront les leviers de performance pour les entreprises ?
D. D-B. : La continuité d’activité et la cyber-résilience seront clés. Dans certains secteurs — post-production, hors-cloud, multimédia — il y a aussi des volumes critiques et des workflows complexes. Les dernières acquisitions devraient vraiment accélérer sur la partie hyper-résilience et les besoins liés à l’IA. Les premiers retours clients parlent de meilleure performance, de réduction des coûts opérationnels et d’une plus grande agilité.
Quel message souhaitez-vous que les décideurs retiennent du positionnement de DataCore ?
D. D-B. : Le point essentiel, c’est la liberté. Le fait d’être logiciel fait que nous n’avons pas de contraintes d’infrastructures ou de matériel. Nous n’avons pas de solution propriétaire : le client choisit son constructeur, son évolutivité et sa plateforme. C’est notre différenciation majeure.








