Accueil Emploi L’informatique toujours pourvoyeuse n°1 d’emplois cadres

L’informatique toujours pourvoyeuse n°1 d’emplois cadres

Le secteur et la fonction informatique sont les moteurs principaux du recrutement des cadres. Si les entreprises ont des difficultés à recruter, le marché de l’emploi cadre profite aux profils de 1 à 10 ans d’expérience, moins aux jeunes diplômés et aux seniors, toujours délaissés.

L’Apec (Association pour l’emploi des cadres) révise légèrement à la baisse ses prévisions sur les recrutements de cadres en entreprise, du fait de la guerre en Ukraine. Face à ce triple choc économique – chocs d’incertitude, sur la balance commerciale, sur le prix de l’énergie et des matières premières, les entreprises devraient procéder à 282 000 recrutements de cadres cette année, soit une hausse de 5 % par rapport à 2021. Un chiffre à mettre en relation avec les 4 millions d’emplois cadres en France fin 2021, et une création d’emplois nettes de 63 500 créations d’emplois pour 269 100 recrutements en 2021, la majorité compensant les départs, 2021 a été une année de rebond avec +18% d’embauches après le creux de 2020.

 

Plus de 20 % des recrutements en informatique

Selon l’Apec, les 3 secteurs moteurs de l’emploi cadre que sont les activités informatiques, l’ingénierie-R&D et le conseil devraient renouer avec leur niveau d’avant la crise sanitaire. Ainsi, le secteur informatique concentre plus de 21 % des recrutements prévus de cadres, avec 61.000 embauches, en hausse de 8% sur un an. La fonction informatique quelle que soit le secteur est à des niveaux similaires, avec 59 200 recrutements sur l’année 2022.

Des difficultés de recrutement récurrentes

69 % des entreprises ayant embauché des cadres au 1er trimestre 2022 jugent qu’il a été difficile de le faire, soit 8 points de plus qu’au trimestre précédent. Les tensions conduisent fréquemment à allonger les délais de recrutement : bon nombre d’entreprises ont des postes de cadres à pourvoir depuis plus de trois mois (5 % des TPE, 8 % des PME et 36 % des ETI et des grandes entreprises). Depuis juin 2021, plus des 3/4 des entreprises anticipent des difficultés de recrutement pour les trois prochains mois ; elles sont 78 % en mars 2022.

Le plein emploi ne profite pas aux jeunes et aux seniors

Malgré ces difficultés récurrentes à l’embauche, les entreprises ne sont guère ouvertes à diversifier leurs recrutements. La discrimination liée à l’âge reste quasi structurelle en France. A l’heure du débat sur les retraites, de l’allongement de la durée de cotisations et de l’âge de départ à la retraite, elles interrogent sur la flexibilité des recruteurs, loin de ressembler à la flexibilité demandée aux candidats en termes de compétences et de missions.

Gilles Gateau, directeur général (à g.) et Pierre Lamblin, directeur des études de l’Apec : « 20 % des entreprises ont renoncé au moins à un recrutement en 2021 »

Gilles Gateau, directeur général de l’Apec, analyse :« Le contexte du marché de l’emploi des cadres reste hyper favorable avec beaucoup de recrutements prévus. Le marché des cadres, avec 4,1 % de taux de chômage, est en situation de plein emploi. Pourtant, il y a toujours un paradoxe français : cela ne se traduit pas une pleine utilisation des ressources disponibles. Malgré leurs difficultés à recruter, alors qu’il y a des ressources disponibles chez les jeunes et les seniors, les entreprises ne leur ont pas ouvert leurs chakras. Si le taux d’emploi des seniors a augmenté depuis 15 ans, et que les managers sont très satisfaits d’en avoir dans leurs équipes, les recruteurs restent frileux. Nous remarquons également une insertion des jeunes différente avec le même diplôme selon le quartier d’origine. Pourtant, 20% des entreprises ont renoncé au moins à un recrutement en 2021. Certaines entreprises se sont certes adaptées en réduisant le nombre de critères demandés, notamment quant au niveau d’expérience et aux compétences requises, mais l’exigence en niveau de diplôme reste une caractéristique bien française. Il y a du boulot pour l’Apec à faire du côté des recruteurs. D’autant que nous remarquons un phénomène qui s’accentue : les aspirations des jeunes, de un à dix ans d’expérience, les poussent à changer de métier. Ils sont en quête de sens, ont un autre rapport à la hiérarchie et à l’entreprise. »

Si les entreprises veulent en finir avec leurs difficultés de recrutement des cadres informatiques, la prime au diplôme, à l’origine sociale et à l’âge devra être reconsidérée. Remettre ainsi en cause ses process de recrutement ferait du bien au marché et à la performance des entreprises. Plusieurs études montrent que la diversité favorise l’engagement des collaborateurs, améliore la rétention des talents et favorise l’innovation.

 

 

Christine Calais