Le secteur manufacturier vit une mutation profonde : le service devient désormais un moteur de croissance à part entière. C’est la principale conclusion du rapport State of Service 2025 – Manufacturing Transformation, publié par IFS en partenariat avec Accenture.
Basée sur les témoignages de 800 dirigeants industriels, l’étude montre que 39 % des entreprises placent la « servicisation », soit le passage d’un modèle produit à un modèle orienté service, au cœur de leur stratégie.
L’IA industrielle apparaît comme le catalyseur de cette transformation : 96 % des fabricants l’utilisent déjà pour leurs activités de service, mais seuls 28 % l’ont déployée à grande échelle. Les freins restent connus : gouvernance des données, cybersécurité et intégration aux systèmes existants.
Autre enseignement fort : la durabilité s’impose comme un pilier du modèle industriel de demain. 97 % des décideurs la citent parmi leurs priorités stratégiques, et près de 80 % suivent déjà les émissions liées à leurs services, souvent en temps réel grâce à des outils connectés.
Enfin, la pénurie de compétences accentue la pression : 98 % des entreprises interrogées manquent de main-d’œuvre qualifiée. Beaucoup investissent dans des académies internes, des plateformes de formation et l’automatisation de certaines tâches.
Pour Mark Moffat, CEO d’IFS, « le service n’est plus une fonction support : il devient un véritable moteur de profit ». Une affirmation que le cabinet Accenture partage, voyant dans cette transformation « le nouvel avantage concurrentiel de l’industrie ».
Mais derrière l’enthousiasme, un enjeu de fond persiste : la dépendance croissante des industriels à des plateformes d’IA propriétaires. Alors que la souveraineté numérique est devenue un sujet central en Europe, la concentration du marché autour de quelques acteurs (Siemens, Schneider Electric, Rockwell, ou IFS) soulève des questions sur l’interopérabilité, la sécurité des données et la capacité des entreprises à garder la main sur leurs modèles industriels. La promesse d’efficacité apportée par l’IA industrielle devra donc s’accompagner d’une vigilance accrue sur la gouvernance technologique.
