L’essor des datacenters edge reflète une transformation majeure de l’infrastructure numérique, portée par l’explosion des besoins en traitement de données à la périphérie du réseau. Ces installations, qui permettent de rapprocher les capacités de calcul des usages finaux, vont jouer un rôle crucial dans l’optimisation des performances des applications exigeantes, comme l’Internet des objets (IoT), l’intelligence artificielle (IA), l’industrie 4.0, la Smart City et le Smart Building. Elles répondent également aux attentes fortes des clients des datacenters : la sécurité et la souveraineté.
À l’origine, il y avait le edge computing, une vision d’usages de proximité de l’informatique portée par la transformation des télécoms, de l’industrie 4.0 et de la Smart City, autour de la 5G et de l’automatisation des chaînes logistiques et de production. Un départ douloureux, les entreprises et les collectivités publiques n’étant pas au rendez-vous de cette vision qui peine encore à se mettre en place. Si les usages sont bien identifiés, le lien entre les métiers utilisateurs et la DSI n’est pas passé, et le edge computing est encore mineur dans les investissements. Pourtant, l’idée d’une infrastructure edge à proximité de la donnée a fait son chemin et le datacenter edge est désormais une réponse claire d’une infrastructure qui rapproche la puissance de calcul du lieu où les données sont générées ou consommées. Pour autant, deux visions dominent…
Aux États-Unis, le cœur des infrastructures informatiques repose sur des hubs qualifiés de Tier 1 : la Virginie du Nord avec plus de 250 datacenters ; la Silicon Valley avec plus de 150 ; Dallas, également plus de 150 infrastructures et qui progresse rapidement grâce à des coûts immobiliers et un prix de l’énergie particulièrement bas ; Los Angeles et les États de New York, Chicago, Washington, Atlanta, Miami, etc. Dans cette dimension géographique, le datacenter edge trouve sa place dans les agglomérations qualifiées de Tier 2. La proximité edge se mesure donc à l’échelle du continent américain, avec la massification des datacenters de grande taille par les hyperscalers (les géants du cloud), la colocation dans des principaux hubs et des déclinaisons régionales pour assurer les relais locaux.
En Europe, l’échelle est différente, et les hyperscalers se concentrent sur les grands hubs, Londres, Dublin, Amsterdam et Francfort – Paris faisant exception –, sans chercher à se décliner régionalement, puisque l’échelle des territoires est plus réduite. La vision des acteurs de la colocation sur les projets de edge vient d’ailleurs confirmer cette approche : les temps de latence, l’un des principaux arguments en faveur du edge, seraient suffisamment réduits pour couvrir tout le territoire national sans nécessiter de déployer des infrastructures de proximité… Et si la problématique porte plutôt sur les usages, et donc des infrastructures technologiques plus spécifiques, certains acteurs de la colocation comme Equinix ou OVHcloud répondent par le bare metal, des serveurs à construire sur mesure, et tous se lancent dans le déploiement du DLC (direct liquid cooling) dans leurs datacenters pour accueillir les gourmandes infrastructures d’IA. Pour autant, un courant edge émerge en France et en Europe : les datacenters des territoires, qui jouent la carte de la proximité mais aussi de la souveraineté. Nous citerons en exemple Etix Everywhere, Euclide, NDC, UltraEdge ou Voltekko, dont l’ambition est de couvrir les territoires ou, plus surprenant, Phocea DC à Marseille, qui déploie son datacenter à l’ombre du géant Digital Realty. Tous ces acteurs régionaux de l’hébergement de la donnée se présentent aujourd’hui comme des acteurs des datacenters edge.
La croissance dynamique du marché
Il était jusqu’à présent difficile de disposer de chiffres sur le marché du datacenter edge. D’abord parce que le edge computing était plutôt une vision technologique en devenir. Ensuite parce qu’il prenait place à l’ombre des géants de l’hyperscale, de la colocation et de l’hébergement. Ce qui est encore plus vrai pour le marché français, observé par le petit bout de la lorgnette. Mais les temps changent et certains analystes s’intéressent aujourd’hui à ce marché.
Le marché des datacenters edge est en pleine expansion. En 2023, il est globalement évalué à 11,96 milliards de dollars, avec en prévision 41,02 milliards de dollars d’ici 2031, soit un taux de croissance annuelle de 16,7 %. Dans leurs commentaires, les analystes indiquent que cette dynamique est largement attribuable à la montée en puissance de la 5G, à la prolifération des appareils IoT et à la nécessité croissante de décentraliser les infrastructures informatiques pour réduire la latence et augmenter la résilience des réseaux.
En France, le marché des datacenters dans son ensemble est en pleine transformation, avec une croissance projetée de 8,57 % par an entre 2023 et 2028. Le marché passera de 8,89 milliards à 13,41 milliards de dollars sur cette période. Nous ne disposons pas de chiffres sur le marché du edge français mais le développement s’annonce crucial pour répondre aux exigences locales en matière de traitement rapide des données, surtout dans les secteurs critiques comme la finance, la santé et les services publics.
Facteurs clés de croissance
Plusieurs facteurs stimulent la croissance du marché des datacenters. L’explosion de la donnée, la numérisation accélérée des services publics, les initiatives en matière d’IA ainsi que les investissements massifs dans la connectivité et les technologies de cloud sont autant de moteurs du marché. En France, c’est la région Île-de-France qui reste particulièrement le cœur névralgique des activités de datacenters, avec un accessit pour Marseille qui accueille une part significative des installations de colocation, un segment qui continue de dominer le marché car les hyperscalers tardent à s’implanter en direct sur le territoire. D’ailleurs, à regarder de plus près l’hyperscale, AWS, Microsoft Azure et Google Cloud sont de loin les premiers clients de la colocation et réservent des salles informatiques entières avant même leur construction.
Difficile pour les datacenters edge de trouver leur place sur ce marché dominé par les géants de la colocation… Et pourtant, leur adoption croissante par divers secteurs, notamment la finance, les télécommunications et le commerce de détail, vient démontrer que ces infrastructures sont appelées à jouer un rôle central dans la transformation numérique du pays. Les investissements en 5G, l’expansion des réseaux IoT et les nouvelles normes en matière de sécurité des données renforceront encore davantage leur importance. Les datacenters edge représentent une composante essentielle de l’écosystème numérique français. Leur croissance rapide, soutenue par des besoins de plus en plus complexes en matière de traitement des données en temps réel, fait de la France un acteur clé dans le paysage européen des technologies de l’information. Et les perspectives pour ce marché sont robustes mais nécessitent une attention continue aux enjeux environnementaux et à la réglementation pour assurer un développement durable et sécurisé.
Une réponse innovante à la sécurité et la souveraineté
Les datacenters edge, déployés en périphérie des réseaux, apparaissent comme une solution stratégique pour répondre aux enjeux de sécurité et de souveraineté. Ces infrastructures permettent de traiter les données au plus près de leur source, garantissant non seulement une réduction des latences mais aussi un contrôle accru sur les données sensibles, essentielles pour la protection de la vie privée et la sécurité nationale. Pour comprendre la problématique, rappelons que face aux géants d’Internet qui hébergent une part significative des données des utilisateurs français sur des serveurs situés à l’étranger, rendant ainsi la France dépendante de juridictions étrangères en matière de protection des données, les exigences croissantes en matière de cybersécurité et de souveraineté numérique poussent les organisations publiques comme les entreprises à privilégier des solutions de proximité pour réduire les risques associés à la centralisation des données.
Cette centralisation pose des problèmes de sécurité majeurs. Un cyberattaquant qui parvient à pénétrer dans un datacenter centralisé peut potentiellement accéder à une quantité massive de données, créant un risque systémique. De plus, elle expose les organisations à des interruptions de service en cas d’attaque par déni de service (DDoS), qui peuvent paralyser les opérations. Répartis géographiquement, les datacenters edge réduisent les surfaces d’attaque et rendent plus difficile le ciblage d’une grande quantité de données à la fois. En répartissant les informations sur plusieurs sites, la probabilité qu’une attaque réussisse à compromettre l’ensemble des données est grandement diminuée. Le traitement local des données permet de détecter et de réagir plus rapidement aux cybermenaces, apportant la réduction des latences pour identifier plus tôt les activités suspectes et une meilleure réactivité pour appliquer des mesures correctives en temps réel et limiter ainsi les dégâts potentiels. Les entreprises peuvent également utiliser les datacenters edge pour séparer, isoler et protéger des données particulièrement sensibles en les stockant localement, ce qui réduit le risque de vol de données critiques, même en cas de compromission d’une partie du réseau. Enfin, en cas d’attaque, ils permettent une résilience renforcée des systèmes informatiques. Si un site est compromis ou subit une défaillance, les autres peuvent continuer à fonctionner normalement, assurant ainsi la continuité des services. Cette redondance géographique est cruciale pour minimiser l’impact des cyberattaques et des catastrophes naturelles.
En matière de souveraineté, les datacenters edge permettent aux organisations de disposer d’un contrôle accru des données sensibles et stratégiques en les conservant sur le territoire national, réduisant les risques liés aux lois extraterritoriales telles que le Cloud Act américain. En traitant les données localement, les datacenters edge offrent une réactivité optimale pour les applications critiques, essentielle pour des secteurs entiers, grâce à la réduction des latences. Enfin, la décentralisation des données via ces installations réduit le risque de cyberattaques en limitant les cibles potentielles. Un réseau de datacenters edge bien réparti est plus résilient face aux menaces comparé à un grand datacenter centralisé.
Les datacenters edge représentent une solution stratégique pour répondre aux défis de la gestion des données. En décentralisant le traitement et le stockage des données, ils permettent de rapprocher les capacités de calcul des utilisateurs, des métiers et des usages. Les investissements en 5G, l’expansion des réseaux IoT, les nouvelles normes en matière de sécurité des données et la stratégie politique concernant la souveraineté renforceront encore davantage leur importance. À l’avenir, les datacenters edge, composante essentielle de l’écosystème numérique, sont appelés à jouer un rôle clé dans la stratégie des organisations et des entreprises.
Sources
- Spherical Insights, « France Datacenter Market Report 2023-2033 »
- GlobeNewswire, « France Datacenter Market Growth Trends & Forecasts 2023-2028 »
- The Insight Partners, « Edge Datacenter Market Size and Regional Overview 2023-2031 »
Phocea DC, un datacenter edge à Marseille
Phocea DC construit un datacenter edge écoresponsable en plein cœur de Marseille, qui sera opérationnel prochainement. D’une superficie de 1 700 mètres carrés, il disposera d’une puissance de 1,2 mégawatt, pour un budget de 5 millions d’euros. Conforme à la norme Tier 3, il devrait atteindre un PUE (Power Usage Effectiveness) de 1,2. Damien Desanti, à l’origine du projet, nous explique sa démarche.
SNC – Vous êtes le fondateur de Phocea DC, quelle est votre approche du edge ?
D. D. – Les datacenters edge sont une offre complémentaire et nécessaire. Les datacenters hyperscales ont leur raison d’être, poussés par l’IA et le HPC. Nous disposons d’une offre complémentaire pour des acteurs régionaux. La proximité leur apporte souplesse et sécurité, avec une vue sur leurs données. C’est un tissu économique qui affiche sa volonté d’avoir des données localisées et une latence réduite. Tout ne peut pas être localisé autour de Paris. Et il n’y a plus d’hyperscaler souverain français ! C’est pour cela que l’axe de développement de la souveraineté passera par le edge, en correspondance avec notre territorialité. Nous devons créer un maillage du territoire de manière organique. Nous avons énormément de chance en France, nous disposons de deux hubs de l’électricité nucléaire la moins chère, Paris et Marseille, c’est un terrain favorable. Et nous avons encore la chance d’avoir des acteurs qui veulent compléter l’offre.
SNC – Qu’est-ce qui différencie un projet edge d’un projet de datacenter classique ?
D. D. – Le edge est une très bonne volonté mais il y a trop de barrières. Les clients du edge sont plus longs sur le cycle de vente et de décision, c’est donc plus difficile. Il n’y a pas d’économie d’échelle, le coût au kilowattheure est supérieur, il est difficile d’atteindre la rentabilité. Et nous devons chercher des partenaires bancaires qui se montrent plutôt frileux. Ce n’est pas le chemin le plus facile. Dans les usages, je vois trois axes technologiques. D’abord, il y a la sécurité, qui correspond à la première prise de conscience dans les entreprises. La sécurité du réseau et des infrastructures se conçoit dans les datacenters, comme la sécurité physique et énergétique. Le deuxième, c’est la performance énergétique et la RSE. Le client peut migrer dans un datacenter dont la performance énergétique est supérieure à celle de la salle informatique dans l’entreprise. Je vois aussi des contraintes de niche – et c’est le troisième axe –, celui de la latence, de la 5G et des opérateurs télécoms. Les besoins 5G et IoT sont surévalués aujourd’hui mais ils arriveront, à terme.
SNC – Vous n’évoquez pas l’intelligence artificielle.
D. D. – L’IA ? Où vont les données ? Où est le moteur d’IA ? L’IA a besoin de connexions extérieures pour se mettre à jour, la latence a un intérêt limité. Je pense que notre intérêt doit plutôt porter sur le maillage pour la 5G. Des municipalités aux réseaux d’hôpitaux, nous devons nous concentrer dans un réseau local. Les acteurs edge ont besoin d’accueillir des infrastructures classiques mais aussi de la haute densité, d’être souples sur le multi-technologique et d’anticiper la multiplicité de l’offre.
SNC – Peut-on parler d’une taille edge ?
D. D. – Il n’y a pas une réponse unique, cela dépend du lieu, de 100 kilowatts à 1 mégawatt. L’acteur edge est un acteur de proximité et c’est ce que les clients attendent dans la relation. Par exemple, nous avons moins de clients par salarié. Sur les gestes de proximité, à nous d’être plus réactifs et performants, d’offrir un SLA égal ou inférieur, de passer de l’heure au quart d’heure. Nous devons faire preuve de plus de souplesse, offrir une capacité de conseil plus proche. La proximité physique, c’est s’intégrer dans une zone urbaine, ne pas apporter de nuisance, ni de contraintes sonores. Des innovations arrivent pour améliorer la discrétion. Le datacenter edge doit être ramené à l’échelle pour la fourniture d’énergie. Le edge a l’avantage de boucher les trous liés aux capacités réparties dans la ville. La taille d’une PME dans l’industrie permet plus de réalisme dans la demande
en énergie d’une ville. Le edge doit également être un moteur pour les pépinières d’entreprises, le socle de beaucoup de créations qui s’appuient sur l’informatique.
SNC – Et quel est le risque associé au edge ?
D. D. – C’est la souveraineté. Le risque, c’est de se faire manger. Ce sont des sujets politiques.
UltraEdge, 250 sites pour répondre aux attentes edge
UltraEdge, nouvel acteur du edge en France, est issu de l’association d’un expert français du datacenter, Fabrice Cousin, et d’un investisseur majeur, Morgan Stanley Infrastructure Partners. UltraEdge a acquis les datacenters et antennes de SFR, du groupe Altice, pour 764 millions d’euros.
SNC – Quel est le projet d’UltraEdge ?
F. C. – Le montage d’UltraEdge repose sur la cession d’activités de SFR afin de leur donner une seconde vie, de conserver voire d’apporter des capitaux en s’inscrivant dans le temps. Nous voulons faire évoluer les besoins d’hébergement et non exploiter la valeur télécoms. Pour cela, nous allons valoriser l’empreinte pour proposer une nouvelle offre d’hébergement à destination des acteurs régionaux, des opérateurs et des acteurs du cloud. Nous répondons à la nécessité de disposer de points d’appui partout en France via une offre accessible sur l’ensemble du territoire.
SNC – UltraEdge participe-t-il à la consolidation des antennes sur le territoire ?
F. C. – Nous avons la chance d’avoir un opérateur puissant qui couvre le territoire avec ses assets. Un opérateur avec la 5G a besoin de dizaines de sites pour distribuer son réseau. En tant qu’opérateur neutre, j’associe ce service d’accès 5G aux services de l’opérateur télécoms et de l’opérateur de datacenters neutre. C’est nouveau face aux autres acteurs du marché : associer l’hébergement à l’opérateur télécoms, tout en mutualisant l’hébergement. J’hérite de l’histoire d’un opérateur, des dizaines d’années chargées de créer le réseau de datacenters. Cet accord est une composante essentielle et longuement discutée soutenue par l’investissement de plusieurs centaines de millions d’euros pour redonner un niveau de qualité. C’est la prise de risque du fonds d’investissement américain de vérifier un outil de qualité et d’apporter la capacité à développer et faire mieux que des concurrents. Il s’agit de partir de cette base et d’investir pour pouvoir traiter les aspects qualité, environnemental (PUE des sites), construction de nouveaux sites, « upgrader » les sites existants, mettre l’accent sur les Net Centers, développer les surfaces existantes, donner plus de puissance, accueillir de nouveaux acteurs et aller au-delà du edge service provider.
SNC – Comment l’infrastructure d’UltraEdge se décline-t-elle ?
F. C. – Le parc est composé de plus de 250 sites, certains exclusifs SFR. Environ 90 sites entrent dans la catégorie « datacenters ». Avec trois à quatre bâtiments existants, ils sont la base pour accueillir les clients. Nous disposons d’un accès pour le développement commercial de 30 à 40 sites de colocation edge. Nous sommes sollicités sur les territoires, nous sommes là pour animer le marché régional et proposer une alternative à la construction avec une infrastructure existante et régionale, au service des entreprises du numérique et des opérateurs télécoms pour installer leurs équipements et dupliquer la même formule sur les territoires. Nous disposons du foncier, des datacenters et d’espaces à réaménager pour répondre aux besoins de déploiement de nos clients.
SNC – Comment répondez-vous aux attentes de souveraineté ?
F. C. – L’investisseur américain n’a pas droit de regard sur les données stockées chez un acteur français. Nos sites sont majoritairement utilisés par un opérateur national français qui répond aux exigences des OIV et les équipements de SFR continuent d’être hébergés sur les sites soumis au contrôle des autorités.
SNC – Quelle est votre feuille de route ?
F. C. – Après avoir complété l’inventaire, nous avons plusieurs programmes qui dureront deux ou trois ans pour imposer le rétrofit et redonner du potentiel. Nous allons construire l’offre pour rejoindre les attentes du marché et traduire la demande dans la feuille de route.
SNC – On imagine mal un tel projet sans des femmes, des hommes et des compétences…
F. C. – SFR a souhaité que l’expérience acquise, l’ingénierie intrasite et exploitation restent sur la base du volontariat pour rejoindre UltraEdge. Nous apportons la motivation d’appartenir à une nouvelle aventure. Et nous partons armés avec l’expérience, la connaissance des sites et des compétences incomparables.
Yves Grandmontagne