Avec l’intégration de Census et Tobiko Data, Fivetran consolide sa position de leader du « mouvement des données ». Entre automatisation, open source et intelligence artificielle, Virginie Brard (RVP France & Benelux chez Fivetran) et Boris Jabes (fondateur de Census et Data evangelist chez Fivetran) expliquent comment cette stratégie façonne une nouvelle génération de plateformes data ouvertes, fiables et prêtes pour l’IA.
SNC : Fivetran se décrit comme le leader du « mouvement des données ». Que recouvre cette expression aujourd’hui ?
Virginie Brard : Être le leader du mouvement des données, c’est proposer à nos clients une plateforme complète et automatisée, capable d’intégrer, transformer et activer les données. Nous avons plus de 700 connecteurs pour l’extraction et 200 pour l’activation.
Nos clients recherchent avant tout une donnée fiable, sécurisée et centralisée. La plupart commencent par les données financières et logistiques (souvent issues d’ERP comme SAP), puis élargissent au marketing ou à la relation client. Notre plateforme répond à cette multiplicité de sources et de formats, dans des environnements hybrides ou cloud, tout en garantissant un très haut niveau de sécurité.
Aujourd’hui, centraliser la donnée est devenu le cœur des projets des grandes entreprises françaises.
Comment définiriez-vous la convergence entre data integration et data activation ?
Boris Jabes : C’est l’essence même de ce que nous faisons. L’intégration consiste à collecter et transformer la donnée, tandis que l’activation consiste à la rendre utile et exploitable dans les outils métiers. Ces deux dimensions forment un flux continu : le véritable moteur du data movement. Fivetran, dbt (ndlr : Data Build Tool, un outil open source de transformation et de modélisation SQL) et Census étaient déjà des briques fondamentales du « modern data stack ». En les réunissant, nous créons une architecture complète : une seule plateforme capable d’orchestrer, transformer, gouverner et activer la donnée de bout en bout, tout en restant ouverte à toutes les infrastructures et environnements cloud.
Quelle place occupe désormais l’open source dans votre stratégie ?
B. J. : L’open source fait partie intégrante de notre ADN. Toutes les entreprises du groupe ont toujours entretenu une forte relation avec la communauté, notamment autour de dbt. La communauté dbt compte aujourd’hui plus de 100 000 membres, et nous continuons à y contribuer activement : nous avons déjà créé plus d’une centaine de librairies open source pour accélérer les transformations.
Notre vision est claire : rester dans une architecture ouverte. Les connecteurs, les outils et les modèles doivent continuer à être ouverts pour permettre à chacun d’apprendre plus vite et de progresser collectivement.
L’intelligence artificielle change-t-elle la manière dont les entreprises exploitent leurs données ?
B. J. : L’IA exige une donnée prête, fiable et bien structurée. C’est un travail invisible mais fondamental : la donnée est en réalité l’infrastructure même de l’intelligence artificielle. Les entreprises qui investissent dans l’IA doivent d’abord renforcer leurs fondations data. C’est exactement ce que fait Fivetran : fournir des données prêtes à l’usage, rapidement exploitables et maintenables dans le temps.
Nous intégrons déjà de l’IA dans nos propres outils, par exemple un copilote dans dbt pour accélérer la modélisation, ou encore des fonctions de création automatique de connecteurs. Nous explorons aussi la couche sémantique, qui agit comme une « source de vérité » pour réduire les erreurs des modèles d’IA.
Quels sont aujourd’hui vos axes de développement prioritaires sur le marché français et Benelux ?
V. B. : Depuis deux ans, nous avons fortement accéléré sur les grands comptes. Historiquement, Fivetran était surtout présent dans les scale-ups de la French Tech. Désormais, nous accompagnons aussi les grandes entreprises avec des cas d’usage complexes. Le rachat d’HVR, une société néerlandaise, a été déterminant : il nous a permis de gérer la réplication de données à grande échelle et d’adresser des environnements lourds, comme ceux des ERP.
Aujourd’hui, des clients comme LVMH utilisent notre plateforme pour connecter plus de 700 applications. Cela illustre la robustesse et la scalabilité que nous apportons aux grands groupes.
Quelles difficultés rencontrent encore les entreprises locales pour valoriser leurs données ?
B. J. : En Europe, la réglementation sur la souveraineté et la conformité crée des contraintes fortes. Les entreprises veulent rester conformes tout en profitant des outils modernes. L’architecture de Fivetran aide à cela, car elle est conçue pour fonctionner directement dans les entrepôts de données des clients, au plus près de leurs infrastructures.
Un autre défi est la coexistence entre systèmes anciens et outils modernes : beaucoup d’entreprises ont encore des données « coincées » dans des environnements on-premise. Notre rôle est de les aider à les réintégrer dans des chaînes de traitement modernes, de manière fluide et sécurisée.
Pouvez-vous citer un cas client illustrant la synergie entre Fivetran et Census ?
V. B. :
Un exemple marquant est celui de Saint-Gobain, qui a présenté son retour d’expérience lors d’un événement data. Avant la mise en place de la plateforme, les systèmes étaient pilotés indépendamment, la donnée était fragmentée et peu fiable. Chaque site disposait de son propre ERP, ce qui rendait la gouvernance et la consolidation très complexes.
Avec Fivetran, dbt et notre écosystème partenaire, Saint-Gobain a pu centraliser ses données, garantir leur conformité réglementaire et accélérer la prise de décision. Aujourd’hui, plusieurs téraoctets de données sont accessibles aux utilisateurs, avec une ingestion dix fois plus rapide. L’entreprise a également optimisé ses coûts opérationnels liés à la gestion de la donnée, un point particulièrement sensible dans le contexte actuel.
Un autre exemple, c’est Interflora, qui a réduit le temps nécessaire pour ajouter une nouvelle source de données dans son entrepôt, passant de quatre semaines à seulement cinq minutes. Cela leur permet d’adapter leurs campagnes marketing en temps réel — par exemple, juste avant la Saint-Valentin.
Comment voyez-vous évoluer le lien entre data management et IA dans les prochaines années ?
B. J. : Nous allons vers des architectures toujours plus ouvertes, notamment avec des formats comme Iceberg, qui séparent le stockage du calcul. Le monde de la BI va aussi changer : on passera de tableaux de bord statiques à des interfaces de question/réponse interactives.
L’enjeu sera de rendre la donnée accessible en temps réel, presque comme un flux continu.
Et puis, de nouveaux cas d’usage vont émerger : des expériences personnalisées, dynamiques, ajustées à chaque utilisateur. Cela va exiger des données encore plus fiables et connectées, prêtes à être activées instantanément.
En une phrase, quelle est votre vision commune pour 2026 ?
B. J. : Livrer l’architecture de 2025 dans une seule plateforme : une solution unifiée, orchestrée de bout en bout, avec gouvernance centralisée et ouverture totale vers tous les systèmes.
V. B. : Je partage totalement cette vision. Notre ambition, c’est de proposer une plateforme complète, simple à adopter et fidèle à notre ADN : ouverture, fiabilité et accompagnement des clients dans leur croissance.








