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Les « Digital Native Vertical Brands » sont-elles les oubliées de la « startup nation » ?

A quel point Bercy est-il préoccupé par le sort des nombreuses marques nées sur Internet, alias les « Digital Native Vertical Brands » (DNVB) acculées par la crise sanitaire, la crise économique causée par la guerre en Ukraine et les effets du RGPD, qui ont fait flamber les coûts d’acquisition des clients ? C’est la question que se pose la communauté wearelucioles, qui a adressé en juin un appel au secours sous forme de lettre ouverte à Bruno Le Maire.

Une Digitally Native Vertical Brand est une marque créée en ligne et qui vend directement ses produits aux consommateurs, de la conception à la livraison, sans passer par un intermédiaire. Face aux difficultés économiques, 130 entreprises de ce type se sont réunies dans une communauté pour alerter les pouvoirs publics sur leur situation.

« Le seul retour que nous avons reçu après notre entretien le 6 juillet dernier avec Etienne Floret, le conseiller pour le numérique de Bruno Le Maire, est un nouveau contact à BPIfrance, déplore Florie Ducamp Albert, l’une des initiatrices de wearelucioles, et co-fondatrice de We Are Jolies. De son côté, Bercy, contacté par Solutions-Numériques, a répondu travailler avec Bpifrance pour trouver des solutions au problème des Lucioles, avec la palette d’outils qui est à sa disposition.

« Les DNVB n’ont pas l’habitude de solliciter des aides, ajoute Florie Ducamp Albert. Mais la situation est si dramatique que nous aurions besoin d’une subvention exceptionnelle pour nous aider à traverser cette période et être toujours là à la fin de l’année. Nous avions bien entendu anticipé le RGPD mais ni le Covid ni la crise économique ».

Lors de l’entretien à Bercy, les Lucioles ont une nouvelle fois expliqué la situation et orienté les débats sur des solutions rapides et facilement faisables : des subventions et aides d’Etat égales à celles des sociétés dites technologiques, des facilités d’obtention de prêts BPIFrance en temps de crise et  la mise à jour des critères dits d’innovation pour toutes les sociétés vraiment innovantes au niveau commercial et marketing et non uniquement technologique.

Les startups « tech » privilégiées

« Les DNVB ne sont pas BPI « friendly » car elles ne sont pas considérées comme innovantes selon les critères de subvention établis, qui privilégient à 90 % les startups
« tech »,
affirme Florie Ducamp Albert. Pourtant, les sociétés lucioles représentent une nouvelle façon plus éthique de penser le business, avec de véritables exigences par rapport à l’environnement et l’humain, ainsi que l’objectif de créer de l’emploi et d’être rentables ».

Cette inégalité de traitement chagrine d’autant plus la Luciole que, selon elle, certaines startups à fortes composantes technologiques ayant bénéficié d’une subvention ont complètement disparu des radars deux ans après. «  Souvent, il s’agit d’entreprises dirigées par des profils « tech », qui ne savent pas s’entourer de la bonne équipe commerciale et dont le projet n’atteindra même pas le stade du « proof of concept » », déclare-t-elle.

Les Lucioles n’ont cependant pas dit leur dernier mot. « Même si la période des vacances d’été n’y est pas très propice, nous allons continuer à faire signer la lettre ouverte, qui a dépassé les 150 signatures, confie Florie Ducamp Albert. A la rentrée, nous renouerons par ailleurs le dialogue avec notre nouveau contact à BPIfrance. Nous relancerons aussi Bercy avec une deuxième lettre ouverte ». En espérant que d’autres Lucioles n’auront pas cessé de briller, comme My Jolie Candle, placée en redressement judiciaire le 1er juin dernier.

 

 

Patricia Dreidemy