Accueil Intelligence artificielle Le TechSonar analyse une IA toujours plus autonome et plus intrusive

Le TechSonar analyse une IA toujours plus autonome et plus intrusive

Si le TechDispatch propose une analyse approfondie des technologies émergentes, les rapports TechSonar du contrôleur européen de la protection des données (EDPS) visent à les anticiper.

On lit dans le rapport 2025-2026 que l’intelligence artificielle quitte le rôle d’outil pour devenir actrice, capable d’initiative, d’interprétation et d’autonomie. Une évolution qui promet des gains d’efficacité, mais qui ouvre surtout des zones de risque inédites. Comme le rappelle l’introduction, cette édition se concentre sur des technologies « profondément interconnectées », révélant la manière dont l’IA « façonne comment nous travaillons, apprenons et interagissons ». 

De l’IA-outil à l’IA-actrice : l’essor de l’Agentic AI

La tendance phare du rapport est attendue : des systèmes capables de raisonner, planifier et accomplir des objectifs sans instructions pas à pas. Cette nouvelle génération ne se contente plus d’exécuter : elle coordonne, hiérarchise, ajuste et corrige ses propres erreurs, grâce à une mémoire persistante. Le document évoque l’exemple d’un système médical composé de plusieurs agents spécialisés, imagerie, extraction de données, synthèse diagnostique, orchestrés par un quatrième agent chargé de piloter l’ensemble du processus clinique.

Mais cette autonomie entraîne une inquiétude majeure : l’agent peut collecter, croiser et réutiliser des données au-delà de l’intention initiale, rendant la traçabilité et l’exercice des droits extrêmement complexes. Le rapport met en garde sur le risque de réduire l’humain à un rôle de supervision symbolique, celui de « berger de systèmes autonomes ».

Le socle de confiance indispensable : le retour en force du confidential computing

Face à cette délégation d’autonomie, le rapport identifie une condition de protection : garantir la confidentialité des données au moment même où elles sont traitées. C’est l’objet du confidential computing, qui isole données et code dans des enclaves matérielles à l’abri même des fournisseurs cloud ou des systèmes d’exploitation.

Le rapport insiste sur son importance croissante pour les identités numériques, les données de santé, les données financières ou les infrastructures cloud situées hors UE. Il rappelle toutefois que cette technologie dépend de la fiabilité de la chaîne matérielle, vulnérable aux attaques d’approvisionnement ou techniques avancées. Le confidential computing devient ainsi un outil essentiel pour maintenir un cadre de souveraineté technique dans un monde où l’IA agit sans supervision constante.

L’humain n’est plus celui qui agit, mais celui qui oriente, contrôle et corrige des systèmes désormais capables d’initiative. La vision de l’EDPS est claire : préserver la dignité, la transparence et la protection des données dans un monde où l’IA devient un interlocuteur, un décideur, un surveillant, parfois même un confident.