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Le lent décollage du recommandé électronique

Légitimée par un décret de 2011, la lettre recommandée électronique n’a jamais connu le succès. Elle pourrait enfin trouver sa place si le projet de loi « pour une république numérique » est adopté.

Sur le papier, la lettre recommandée électronique n’a que des avantages : accélération des processus contractuels (qu’ils soient collaboratifs ou contentieux), baisse des coûts (entre 30 et 70 % moins cher selon les volumes), et meilleure traçabilité qu’un envoi traditionnel. Pourtant le service n’a jamais vraiment décollé depuis 5 ans. La Poste est en partie responsable du flop. L’opérateur historique a en effet longtemps trainé des pieds, facturant la lettre recommandée électronique plus chère que sa version papier. Les tarifs ont depuis baissé et des prestataires concurrents sont apparus, mais l’e-recommandé peine à rentrer dans les mœurs, auprès des entreprises comme des particuliers.

Une étape décisive vers la généralisation de l’e-recommandé

Un coup de pouce est attendu de la part du gouvernement et son projet de loi « pour une république numérique » qui sera présenté le 19 janvier prochain à l’Assemblée nationale. Celui-ci comprend de nombreux volets dont le développement de nouveaux usages comme le recommandé électronique et le paiement par SMS. « Ce projet de loi pourrait être une étape décisive vers la généralisation du recommandé électronique. En précisant les exigences à respecter par les prestataires de ce service, le gouvernement affiche sa volonté de renforcer la confiance de ses usagers et de lui accorder la même valeur légale qu’un recommandé traditionnel », estime Magali Kolnik, chef de projet chez Neotouch. Pour cette experte, l’envoi numérique présente de nombreux atouts qui justifient que le gouvernement lui apporte un soutien appuyé. « Le recommandé électronique est avant tout synonyme de traçabilité. Il constitue une preuve recevable devant les tribunaux au même titre que le recommandé traditionnel mais permet également un suivi en ligne intégral de l’envoi à la réception et, en archivant pendant trois ans le contenu de chaque envoi, donne à l’expéditeur les moyens de prouver sa bonne foi en cas de litige. L’accusé de réception en ligne est donc porteur d’une crédibilité autrement plus forte que celle du simple accusé traditionnel auquel on opposait parfois l’argument de « l’enveloppe vide ». Cette clarté des échanges permise par le recommandé électronique est certainement l’une des principales raisons de la bienveillance du gouvernement à son égard », souligne-t-elle. La réduction des frais postaux et la productivité penchent aussi en faveur de nouvelles pratiques. Celles-ci s’inscrivent dans la dynamique de dématérialisation des échanges qui s’opère désormais au niveau européen.