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Le label, levier stratégique

Delphine Benard, directrice RSE de Docaposte

Engagée depuis près de dix ans sur le numérique durable (Green IT, éco-conception…), Docaposte a choisi fin 2023 de formaliser cette dynamique en obtenant le label Numérique Responsable (NR), un standard porté par l’Institut du numérique responsable (INR) et délivré par l’Agence Lucie. La filiale numérique du groupe La Poste a directement décroché le niveau 2, confirmant une stratégie déjà avancée et répondant à la demande croissante de ses grands comptes. Delphine Benard, directrice RSE, revient sur ce choix stratégique, les défis rencontrés et les perspectives ouvertes par ce label.

SNC – Pourquoi avoir choisi de vous engager dans la labellisation numérique responsable ?

D. B. – C’est une suite logique de nos engagements en faveur du numérique responsable. Nous travaillons sur ce sujet depuis presque dix ans. Avec le groupe La Poste,nous avons commencé par réfléchir au Green IT, puis à l’éco-conception et nous avons progressivement intégré ces problématiques dans notre stratégie. Fin 2023, nous avons souhaité formaliser tous nos engagements et obtenir une reconnaissance officielle. C’était aussi une demande de nos clients, notamment des grands comptes, qui attendaient des preuves au-delà du rapport RSE.

SNC – Pourquoi avoir choisi le niveau 2 du label ?

D. B. – Parce que nous avions déjà une démarche existante et voulions la faire reconnaître et la structurer. Nous avons embarqué toute l’entreprise, pas seulement une direction comme la DSI. C’était un vrai choix stratégique avec un périmètre très large.

SNC – Quel a été le plus gros défi ?

D. B. – Deux points surtout : la formation – car ce n’est pas la seule que doivent suivre les équipes – et la disparité entre nos business units. Certaines étaient déjà très engagées, d’autres beaucoup moins. Grâce au sponsoring du Comex et au pilotage transverse, nous avons pu embarquer tout le monde.

SNC – Comment avez-vous mobilisé vos collaborateurs ?

D. B. – Nous avons créé une communauté des ambassadeurs NR. Elle est basée sur le volontariat et compte aujourd’hui environ 400 personnes. Certains sont très actifs et publient, posent des questions, partagent des outils. Cette communauté est décorrélée de la labellisation mais elle permet d’embarquer nos collaborateurs et de diffuser la culture du numérique responsable dans toute l’entreprise.

SNC – Quels bénéfices concrets observez-vous ?

D. B. – En interne, cela a permis d’ancrer de nouvelles pratiques : 100 % de téléphones reconditionnés, intégration systématique de l’accessibilité et de l’éco-conception dans les comités d’offres. En externe, le label fait la différence : il est reconnu par nos grands comptes, il alimente notre communication et c’est un atout en termes d’attractivité RH. Les talents nous demandent ce que nous faisons en numérique responsable et le label est une attestation crédible.

SNC – Et pour la suite ?

D. B. – Le grand sujet, c’est l’intelligence artificielle : mesurer son impact environnemental, définir des bonnes pratiques et aborder le volet éthique. L’IA est le sujet numérique responsable des prochaines années. L’enjeu, c’est de trouver le juste équilibre entre progrès, performance et durabilité.

Le label Numérique Responsable en chiffres

  • 2019 : création par l’INR et l’Agence Lucie.
  • 2 niveaux :
    • Niveau 1 (durée 2 ans) : pour initier et structurer une démarche NR.
    • Niveau 2 (durée 3 ans) : pour les organisations déjà avancées, avec audit indépendant et reconnaissance officielle.
  • Procédure : auto-évaluation, constitution d’un plan d’action, audit externe (SGS, Bureau Veritas, Baker Tilly…), puis validation par un comité de labellisation.
  • Exemples récents : Ville de Rouen, SPIE ICS, laboratoires Pierre Fabre, Docaposte.
  • Tendance : plus de 150 organisations labellisées fin 2024, de la PME aux grands groupes en passant par les collectivités.

 

 

Camille Suard