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Le Haut Comité pour le Numérique Responsable a présenté sa feuille de route pour réduire l’empreinte carbone du numérique

La feuille de route « décarbonation du numérique » présentée hier à l’occasion du Haut Comité pour le Numérique Responsable contient une série d’actions et de leviers à activer pour rendre le secteur du numérique plus engagé en matière d’éco-responsabilité, à commencer par les trois domaines du numérique qui ont le plus d’impact en matière d’empreinte carbone : terminaux, datacenters et réseaux.

Si les propositions ne semblent pas « révolutionnaires », s’appuient sur des pratiques qui existent déjà parfois – à des degrés plutôt limités pour le moment- elles ont l’intérêt de faire une synthèse de ce sur quoi il est possible d’agir davantage. Certaines idées semblent néanmoins à préciser.

En matière de matériel numérique, il s’agit d' »agir sur la phase de conception et de fabrication des terminaux », en augmentant la part des matières recyclées, d’allonger leur durée de vie et de diminuer leur consommation énergétique en phase d’utilisation. Il s’agit aussi d’augmenter la collecte de ces terminaux, leur réutilisation et leur recyclage. Le gouvernement souhaite que les objets connectés soient associés à ces efforts via de l’écoconception matérielle et logicielle, notamment. 

Du côté des datacenters, gourmands en énergie, la feuille de route met l’accent sur une série de mesures tout azimut. Par exemple, la mise en en œuvre de « systèmes de refroidissement adaptés » – on peut citer des technologies qui existent déjà comme le refroidissement par eau – et la limitation de « l’utilisation de gaz frigorigènes » pour accroître l’efficacité énergétique. La valorisation de la chaleur fatale informatique des datacenters est indiquée. Certains datacenters peuvent utiliser la chaleur qu’ils produisent pour chauffer des habitations des quartiers alentours par exemple. Autre proposition : optimiser l’urbanisation des salles serveurs et allonger la durée d’usage des équipements dans une logique d’économie circulaire – certains équipementiers revendiquent déjà de faire durer plus longtemps les serveurs par exemple. En matière de construction des datacenters, les idées portent également sur l’exploitation de friches industrielles – reste à déterminer en quoi cette exploitation réduirait l’empreinte carbone du numérique – ou l’utilisation du béton bas-carbone. 

Pour les réseaux, là aussi les propositions foisonnent, de l’écoconception des équipements de réseau mobile de nouvelle génération, des câbles, des boxes internet à la « réduction de la consommation des déplacements des opérations réseau mobiles avec l’IA », en passant par la « réduction automatique de la consommation des réseaux mobiles (en réduisant les interférences) », la « mise en veille de certaines fréquences du réseau mobile en l’absence d’usage » ou encore la « sobriété dans le déploiement des installations mobiles ». A préciser peut-être pour mieux comprendre de quoi il s’agit et comment mettre cela en place… Au milieu de tout cela, le « passage vers la 5G », sans explication supplémentaire, trouve aussi sa place.

Ces trois catégories (terminaux, datacenter et réseaux) représentent les parts les plus significatives de l’empreinte carbone du numérique : respectivement 79 %, 16 % et 5 % selon une étude ADEME-Arcep. Le reste des propositions portent de façon plus générale sur la promotion de l’écoconception, l’encouragement à la sobriété des usages, au développement de la formation et à l’action contre l’obsolescence.

Le numérique pour décarboner d’autres secteurs

Enfin, il consacre une partie de ces propositions à l’identification « des cas d’usage pour la décarbonation des autres secteurs ». On comprend qu’il s’agit là de développer les technologies numériques qui pourraient aider l’agriculture, les transports, la gestion des déchets ou d’autres secteurs à être aussi plus vertueux dans leur propre empreinte carbone, avec des capteurs installés dans les parcelles pour effectuer des diagnostics en temps réel, des outils favorisant la transition vers des mobilités douces, des robots de tri intelligents, etc. Là, c’est un autre débat : le numérique fera-t-il baisser l’empreinte carbone ou au contraire, avec son utilisation croissante, ne l’augmentera-t-il pas ? 

Un plan d’action associé dans le cadre de la prochaine SNBC

Cette feuille de route reflète la diversité des points de vue des acteurs consultés. et l’objectif de la consultation « n’est pas d’atteindre le consensus mais d’identifier l’ensemble des leviers de décarbonation », précise le gouvernement, alors que le numérique en France représente 2,5 % de l’empreinte carbone et que ce chiffre pourrait augmenter de 45 % en 2030 selon l’Ademe. « Prolonger la durée de vie des équipements numériques, réduire notre dépendance aux matières critiques et à l’épuisement des ressources, promouvoir un numérique responsable fabriqué en France, voilà autant de défis auxquels nous faisons face. Nous comptons sur la capacité d’innovation de l’écosystème tech afin de concilier les deux transitions, écologique et numérique, et faire de la France une véritable pionnière en la matière », a indiqué Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications.
Cette proposition contribuera à l’élaboration d’un objectif d’évolution de l’empreinte
carbone du numérique et d’un plan d’action associé dans le cadre de la prochaine SNBC (Stratégie Nationale Bas Carbone) qui sera publiée en 2024.