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Le Cyber Panorama pour enfin cartographier l’offre souveraine de cybersécurité

Cyber Panorama
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Alors que les organisations françaises et européennes prennent conscience de leur dépendance stratégique aux technologies extra-européennes, un obstacle majeur freine encore la transition vers des solutions souveraines : l’absence de visibilité claire sur l’offre disponible. Pour répondre à ce manque de lisibilité, le CESIN et Hexatrust lancent le Cyber Panorama, un outil destiné à guider les décideurs vers des alternatives fiables, structurées et opérationnelles.

Concrètement ?

Le Cyber Panorama se présente comme la première cartographie consolidée de l’écosystème souverain de cybersécurité en France. Construit conjointement par le CESIN et Hexatrust dans le cadre du Comité stratégique de la filière Industries de Sécurité, cet outil réunit plus de 300 solutions françaises, classées selon le NIST Cybersecurity Framework. Gouverner, identifier, protéger, détecter, répondre ou récupérer : chaque brique fonctionnelle est associée à des solutions souveraines clairement identifiées, permettant aux DSI, RSSI et acheteurs publics de disposer enfin d’une vision unifiée et directement exploitable du marché. Pensé comme une boussole stratégique, le Cyber Panorama ambitionne de devenir une référence partagée et évolutive, notamment grâce à une interface interactive qui permettra aux éditeurs de mettre à jour en continu leurs informations.

Pour Alain Bouillé, délégué général du CESIN, « nous sommes à un point de bascule. La capacité des organisations publiques et privées à réduire leur dépendance technologique dépend désormais d’un accès clair, structuré et consolidé à l’offre souveraine ».

Changer l’échelle : la vision de Jean-Noël de Galzain

Si la souveraineté numérique fait désormais partie du débat public, sa traduction concrète dans les organisations reste encore largement à construire. Pour Jean-Noël de Galzain, président d’Hexatrust, la première urgence est de rétablir une réalité que beaucoup ignorent encore : « On adopte une IA pour faire du juridique dans l’administration, et on découvre que tout est hébergé chez Amazon. On va déverser des données sensibles dans des systèmes soumis au FISA et au Cloud Act. La souveraineté n’est manifestement pas maîtrisée. »

L’un des paradoxes qu’il pointe est celui d’un continent qui finance massivement l’innovation tout en captant très peu de valeur. « Les Français financent de la tech via le crédit impôt recherche et d’autres dispositifs, puis les entreprises sont revendues à des acteurs étrangers, qui nous revendent ensuite nos propres technologies. C’est la double peine. » Un chiffre illustre cette dépendance : 83 % des produits et services numériques achetés en Europe proviennent d’acteurs non européens.

Pour Hexatrust, le Cyber Panorama doit participer à inverser cette dynamique. Jean-Noël de Galzain rappelle qu’un léger rééquilibrage suffirait à créer un choc économique majeur : « Aujourd’hui, nous n’achetons que 17 % de nos produits et services numériques en Europe. Si on réoriente seulement 15 % de ces achats vers des solutions européennes, on crée 690 milliards d’euros de valeur et un demi-million d’emplois sur dix ans. C’est un game changer. » Une transformation qui ne nécessite ni nouvelle réglementation, ni subventions : « Tout repose sur la volonté de ceux qui choisissent les outils numériques. »

Au-delà de l’enjeu économique, c’est aussi une question de représentation. « Tout le monde voit Microsoft, Google, Apple ou Meta. Mais derrière les technologies françaises, il y a des entreprises, des talents, des emplois. Il fallait commencer par donner un visage à cet écosystème. » Le Cyber Panorama s’inscrit dans cette logique de visibilité et d’acculturation : montrer ce qui existe, donner des repères, installer une dynamique collective.

Pour le président d’Hexatrust, cette démarche marque un début : « On ne pourra plus dire que l’offre souveraine n’existe pas ou qu’elle n’est pas à la hauteur. Quand tout sera organisé et lisible, il ne restera plus qu’à chacun d’assumer sa volonté. Les excuses disparaissent. » Le chantier qui s’ouvre est celui d’un changement culturel profond, une transition de long terme. « C’est une course de fond. Mais il faut commencer quelque part. Le Panorama donne un point d’entrée clair. À partir de là, chacun peut prendre sa part. »

Au moment où nous écrivons ces lignes, le lien vers le Cyber Panorama n’a pas encore été rendu public. Il le sera sous peu, et vous pourrez le retrouver ici dès sa mise à disposition.