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« La cybersécurité est une urgence » : Florent Roulier décrypte le GITEX

credit photo GITEX

Du 13 au 17 octobre, Dubaï accueille le GITEX, le salon mondial dédié à l’innovation technologique. Cette année, cybersécurité, intelligence artificielle et smart cities sont au programme. Florent Roulier, Responsable Innovation chez Niji revient pour Solutions Numériques sur les principales tendances.

SNC : La cybersécurité est au cœur du GITEX. Pourquoi une telle mise en avant ?

Florent Roulier : Deux raisons majeures. D’abord, l’IA décuple la puissance des cyberattaques : avec des scripts en open source, elle peut automatiquement identifier des failles et trouver des identifiants en quelques minutes. Ensuite, le calcul quantique représente une menace encore plus grande. Le « Q-Day » – moment où les ordinateurs quantiques casseront les systèmes de chiffrement actuels – est attendu vers 2030. L’ANSSI demande déjà qu’à partir de 2027, les solutions de sécurité intègrent la cryptographie post-quantique (PQC). C’est un enjeu vital : se protéger à la fois des attaques dopées par l’IA et anticiper la rupture du quantique. Les Émirats l’ont bien compris, avec un espace entièrement dédié au cyber au GITEX.

SNC : Du côté de l’intelligence artificielle, pourquoi passe-t-on si vite du copilote à l’IA exécutante et qu’est-ce que ça dit de la maturité de l’écosystème ?

Florent Roulier : On est entré dans une phase d’accélération. En quelques années, on est passé de GPT-3 à GPT-5. L’IA n’est plus seulement un copilote, elle agit en arrière-plan : service client automatisé après un achat, gestion de demandes en temps réel… Avec des solutions comme AgentKit, l’IA est désormais intégrée directement dans l’écosystème d’OpenAI. On franchit une étape : l’IA remplace véritablement l’humain sur certaines tâches.

SNC : La 5G n’est pas encore pleinement déployée, et déjà la 6G est mise en avant. Pourquoi ?

Florent Roulier : La 6G, prévue autour de 2030, ne sera pas une simple évolution. Elle pourra cartographier l’environnement en 3D comme un radar, ouvrant la voie à des usages spectaculaires : villes intelligentes conscientes de leur environnement, sans recourir à des caméras.

SNC : Justement, où en sont les Émirats sur le sujet des smart cities ?

Florent Roulier : Ils ont une nette avance. Le UAE Pass, identité numérique nationale, est déjà déployé. La vidéosurveillance couplée à l’IA aussi. Là où l’Europe débat encore – souvent à juste titre – les Émirats testent directement à grande échelle. Ce que nous considérons comme la ville du futur est déjà une réalité à Dubaï.

SNC : Pourquoi le GITEX se distingue-t-il des autres salons technologiques mondiaux ?

Florent Roulier : C’est le plus grand salon au monde dédié à l’innovation, avec 250 000 m² d’exposition et près de 200 000 visiteurs en 2023. Le CES de Las Vegas, pourtant référence, est légèrement plus petit. Mais surtout, le GITEX bénéficie d’une position unique, au carrefour de l’Europe, de l’Asie et de l’Afrique, dans un contexte géopolitique neutre. C’est ce qui attire tous les grands acteurs mondiaux.