Accueil Datacenter La Corée du Sud en état d’urgence, suite à l’incendie d’un datacenter

La Corée du Sud en état d’urgence, suite à l’incendie d’un datacenter

Que se passe-t-il dans les datacenters du pays du Matin calme ? Quelques jours après l’incendie le 26 septembre d’un datacenter gouvernemental qui a crée le chaos en Corée du Sud, un autre datacenter, dans la même ville de Daejeon a pris feu le 2 octobre.

Le dernier sinistre se serait déclaré dans un boîtier d’alimentation sans interruption UPS, et a été neutralisé en 40 minute.s Le datacenter utilise des batteries au plomb pour ses UPS, et non des batteries lithium-ion, ce qui ici a limité le risque d’emballement thermique lié aux batteries lithium-ion,  comme l’explique DC MAG.

A l’origine : une batterie lithium-ion

L’incendie du 26 septembre, dans le datacenter du National Information Resources Service (NIRS) avait démarré sur une batterie lithium-ion avant de se propager à 384 packs de batteries, qui ont ensuite entraîné l’incendie à la salle serveur, détruisant une partie des serveurs et des systèmes de stockage. Le sinistre a demandé l’intervention de 70 véhicules anti-incendie et mis 10 heures pour être maîtrisé. Un étage a été dévasté, et les serveurs des autres étages ont pu redémarrer le 28 septembre.

74 ministères coréens impactés

Des systèmes vitaux d’Etat sont bloqués depuis cet incendie. Les 125 000 fonctionnaires, de 74 ministères et administrations, ont perdu leurs données. Le système national G-Drive (sans rapport avec Google, le « G » étant l’initial de « Government »), un back-up en ligne stocké dans les serveurs du National Information Resources Service, dans la ville de Daejeon, n’avait aucune sauvegarde synchronisée. Le volume de stockage représentait 858 To de datas, comme l’explique le quotidien The Chosun.

G-Drive avait été créé en 2017, pour disposer d’un système national de stockage et de partage des fichiers. Ce système gouvernemental attribuait 30 Go de stockage à chaque fonctionnaire. Le gouvernement avait encouragé les fonctionnaires à stocker toutes les données sur le système et non pas sur leur PC.

858 To de data sans sauvegarde

La messagerie du gouvernement ne fonctionne plus. Plusieurs sites du gouvernement sont off-line. Le ministère de la fonction publique (Ministry of Personnel Management) est en état d’urgence : il a perdu toutes les données relatives à la gestion de l’emploi des fonctionnaires, et la totalité de ses fichiers de travail de huit années de fonctionnement. Les employés essaient de reconstituer une partie des informations dans leur PC et leur messagerie.

Le service de vente de la Poste coréenne a perdu les données relatives aux fonds des petites entreprises, avec un préjudice de 7,7 millions d’euros (12,6 milliards de won) et les fichiers de secours de santé aux enfants. Des travaux de L’Assemblée nationale ont été arrêtés.

« Trop gros pour être sauvegardé »

Un total de 96 systèmes informatiques a été détruit. Mais tous disposaient de sauvegarde, à l’exception du back-up en ligne G-drive.

Cité par The Chosun, une source du ministère de l’Intérieur déclare : « Le G-Drive ne pouvait pas être sauvegardé à cause de sa taille ».

Les 95 autres systèmes entièrement brûlés, bien que sauvegardés, connaissent des problèmes de récupération. Les étages épargnés par l’incendie ont été atteints par des cendres et de la fumée.  D’autre part, d’après le service d’informatique de l’état (NIRS), sur la totalité des systèmes hébergés au quartier général de Daejon, 62% sont sauvegardés quotidiennement, les 38% restant une fois par mois.

16% des données étaient récupérés, une semaine après le sinistre. Le ministre de l’Intérieur a  annoncé un délai de 4 semaines pour la relocation et la récupération des données, délai contesté par les experts, selon le média coréen.

Les leçons d’une crise devenue affaire d’état

Une négligence est sans doute à l’origine de l’incendie, selon un officiel. Mais le sujet des batteries Lithium-ion reste posé. Il y a 3 ans, en octobre 2022, l’incendie d’un datacenter, dû aux batteries lithium, avait paralysé la messagerie du pays. On se souvient en France, de l’incendie du datacenter d’OVH à Strasbourg, en mars 2021. Solutions-Numeriques avait pointé ces batteries comme cause de l’incendie, entre autres problèmes.

Bien entendu le dysfonctionnement le plus grave est l’absence, qui parait incompréhensible, de redondance et de sauvegarde de ce système gouvernemental. Un audit de base et des exercices de crise ont apparemment manqué. Ils auraient permis d’anticiper cette crise, devenue une affaire d’état.