Pour soutenir son ambition dans l’IA et le cloud, la Chine expérimente des centres de données sous-marins alimentés par l’éolien offshore. Une stratégie pour réduire la consommation d’eau et d’énergie liée au refroidissement, tout en dépassant les initiatives américaines comme le projet Natick de Microsoft.
Un défi énergétique et hydrique
Les centres de données sont de gros consommateurs. En effet, près de 40 % de leur électricité sert au refroidissement, souvent avec d’immenses quantités d’eau. Face à la tension croissante sur cette ressource, la Chine explore une alternative, celle d’utiliser directement l’eau de mer pour dissiper la chaleur des serveurs.
Le projet de Shanghai
En juin, l’entreprise Hailanyun a lancé la construction d’un centre de données sous-marin à 10 km des côtes de Shanghai, connecté à un parc éolien offshore censé fournir 97 % de son énergie. Lors de la première phase, on comptait 198 racks de serveurs, soit jusqu’à 792 machines IA, opérationnels en septembre avec une capacité suffisante pour entraîner un modèle de type GPT-3.5 en une journée. La consommation d’électricité serait réduite d’au moins 30 % par rapport à un centre terrestre classique.
Inspiration et compétition avec Microsoft
Le projet s’inspire du programme Natick lancé par Microsoft en 2015, qui avait démontré la faisabilité des data centers sous-marins au large de l’Écosse. Mais contrairement à Microsoft, qui a suspendu ses déploiements, Hailanyun veut passer à la vitesse supérieure avec le soutien de Pékin.
Des interrogations environnementales
Si les bénéfices énergétiques sont réels, des chercheurs alertent sur les risques pour la biodiversité marine, notamment en cas de vagues de chaleur océaniques. La sécurité reste aussi un sujet sensible ; des travaux récents montrent que ces infrastructures peuvent être vulnérables à des attaques sonores ciblées.
Une tendance qui s’internationalise
Au-delà de la Chine, la Corée du Sud prévoit aussi des projets de centres sous-marins, tandis que le Japon et Singapour explorent plutôt des structures flottantes. L’issue dépendra autant de la faisabilité technique que de la capacité à résoudre les défis réglementaires et écologiques.