Piero Cipollone, membre du directoire de la BCE, a alerté sur les menaces sur le système financier et la nécessité d’améliorer la résilience lors de son intervention à De Nederlandsche Bank à Amsterdam.
“Permettez-moi d’aborder un défi particulièrement transversal : le cyber-risque. À l’ère des tensions géopolitiques et des avancées technologiques rapides, la cybersécurité est devenue une priorité absolue” a t il prévenu.
Le nombre de cyberincidents signalés à la BCE par les grandes banques a doublé entre 2022 et 2024. “Défendre notre système financier n’est pas seulement une nécessité financière, mais une question de sécurité européenne“.
Dans un secteur interconnecté une seule faille peut fragiliser tout l’écosystème et entrainer une risque systémique. La BCE a mené en 2024 un test de résistance auprès de 109 banques significatives de la zone euro. Les simulations ont révélé la nécessité de marges d’amélioration, notamment en matière de sauvegardes, de dépendance aux prestataires tiers et de continuité opérationnelle.
“Trois banques centrales sur cinq ont signalé une augmentation de la fréquence des cyberattaques contre leurs systèmes financiers au cours de la seule année écoulée.Les enjeux sont colossaux. Le coût mondial du cyber-risque est estimé à plus de 200 milliards de dollars par an. Une seule attaque réussie contre une infrastructure de marché financier d’importance systémique pourrait éroder la confiance et perturber l’ensemble du système financier. Le renforcement de la cyber-résilience n’est donc pas seulement une exigence technique ; il est essentiel à la stabilité financière et à la confiance dans la monnaie“.
Piera Cipollone préside également le Conseil européen de cyber-résilience pour les infrastructures financières paneuropéennes, réunissant banques centrales, acteurs du marché, Europol et l’ENISA. Cette plateforme illustre la nécessité d’une coopération public-privé pour partager des renseignements, coordonner des réponses et anticiper les attaques.
Il a également annoncé cette semaine, le lancement potentiel de l’euro numérique en 2029. Un rapport d’étape devrait d’ailleurs être publié en octobre 2025 afin de préciser les avancées, les modalités techniques et les choix stratégiques associés. “un euro numérique permettrait aux Européens de payer à tout moment avec un moyen de paiement numérique universellement accepté, même en cas de perturbations majeures. La continuité des activités serait notamment assurée par la répartition et le réacheminement automatique des transactions entre trois régions différentes, chacune équipée de plusieurs serveurs. De plus, la fonctionnalité hors ligne de l’euro numérique offrirait un niveau de sécurité supplémentaire en permettant d’effectuer des paiements même en cas de perturbation de la connexion internet ou de limitation de l’accès aux réseaux de distribution d’argent liquide“
L’articulation entre cyber-résilience et euro numérique est nécessaire pour assurer la confiance dans la résilience européenne.