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J. Froissant, Pdg d’Altaïde : « Le marché du travail digital reste actif et toujours en manque de certains profils »

Jacques Froissant, Pdg du cabinet de recrutement spécialisé Altaïde . Crédit: DR
Jacques Froissant, Pdg du cabinet de recrutement spécialisé Altaïde . Crédit: DR

Entretien avec Jacques Froissant, qui dirige le cabinet de recrutement digital Altaïde, sur l’état du marché de l’emploi Tech, et les attentes des candidats. Altaïde est spécialisé dans les métiers de l’innovation et du numérique depuis 23 ans. Il est présent en France et en Espagne.

Emplois Numériques : Quel regard portez-vous sur le marché du travail Tech aujourd’hui ?

Jacques Froissant, Pdg d’Altaïde : Le marché reste globalement pénurique dans le digital, comme il l’est depuis 20 ans, même s’il l’est un peu moins que ces dernières années. Nous sommes revenus au niveau d’activité de 2019.

Après chaque crise, il y a un regain de recrutement. Cela a été le cas pour la crise du Covid, qui en outre a contribué à renforcer les usages numériques et l’e-commerce.

Nous observons depuis le printemps un ralentissement sur certaines fonctions du numérique. C’est lié à la fin de l’euphorie post-Covid dans les entreprises, ainsi qu’à la baisse des investissements dans les startups, après des levées de fonds record en 2021 et 2022. Il y a une plus grande prudence sur les recrutements. Toutefois, ce n’est pas un coup d’arrêt, le marché reste relativement actif. Quoiqu’un peu moins pénurique, le marché du travail est toujours en manque de certains profils : développeur, expert en cybersécurité, data manager. Dans le marketing digital en revanche, cela s’est rééquilibré.

Quelles sont les attentes des candidats ?

Les candidats ont des attendus : télétravail au moins deux jours par semaine, mutuelle, tickets restaurants. Côté salaires, comme ils n’ont plus forcément plusieurs propositions d’emploi en même temps, ils ne surenchérissent plus à 15 ou 30% au-dessus de la rémunération proposée. Je ne m’attends pas à de fortes hausses de salaire en 2024.

Fatigue managériale vs. manager coach

Comment analysez-vous le comportement et les motivations des candidats ?

Les candidats sont un peu moins sollicités. Ils sont aussi plus prudents après avoir vu des startups qui n’ont pas tenu leurs promesses. Quelle que soit leur expérience, ils sont plus attentifs au sens, à la solidité de l’entreprise et à l’équipe : l’ambiance de travail, la façon de manager, la vision et la confiance donnée au collaborateur.

Les générations Y et Z en particulier n’ont aucun état d’âme à changer d’entreprise. Ils apprécient qu’on leur fasse confiance, et que leur manager leur apprenne des choses.

Les candidats ont aussi pris du recul vis-à-vis du management. Avec le télétravail qui s’est généralisé, les collaborateurs se sont aperçus qu’ils n’avaient pas forcément besoin de leur manager pour faire leur travail. Or, il y a un certain nombre de managers intermédiaires qui n’auraient pas dû être promus managers. Le manager gentil avec son équipe, mais sans vision, qui manque de courage face à ses supérieurs, contribue à la fatigue managériale des collaborateurs. Et avec une organisation du travail hybride, ne pas être un bon manager devient plus visible. Les visioconférences ont ainsi pu souligner la platitude des réunions du management à l’ancienne. Les collaborateurs aspirent à avoir un manager « coach » et empathique.

Travailler pour un manager qui n’est pas bon est souvent la motivation principale pour changer d’entreprise, même si bien sûr une augmentation de salaire est la bienvenue.

Quel est le principal vecteur de mutation du marché de l’emploi ?

L’intelligence artificielle vient bousculer le marché du travail. Elle va détruire certains emplois et en créer d’autres. Et elle change les méthodes, tant du côté recruteurs qui utilisent ou vont utiliser l’IA pour optimiser leurs offres d’emploi et leurs messages, que du côté candidats qui s’en servent ou s’en serviront pour optimiser leur profil LinkedIn ou répondre à certaines offres d’emploi.