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Intel a-t-il caché les problèmes sur ses processeurs 7 nm à ses actionnaires ?

Au moins six actions collectives contre Intel ont fleuri aux Etats-Unis depuis le 23 juillet 2020, date où le fondeur a annoncé le report, à nouveau, de la commercialisation de ses futurs processeurs Core gravés en 7 nanomètres. Les investisseurs lui reprochent d’avoir masqué les problèmes techniques rencontrés et de leur avoir fait perdre beaucoup d’argent. Un techno remake du procès Meltdown et Spectre contre Intel, Apple et AMD ?

Ces multiples plaintes émanent de certains investisseurs ou actionnaires mécontents aux Etats-Unis . Ils reprochent au fondeur de leur avoir communiqué de fausses déclarations pour masquer les problèmes techniques qui retardent, à nouveau, la fabrication de ses futurs processeurs (CPU) Core en 7 nanomètres (nm). Or, ils constatent qu’IBM et AMD commercialisent eux des processeurs haut de gamme en 7 nanomètres depuis 2020…

Le PDG d’Intel a fini par reconnaître officiellement de graves problèmes techniques

Des problèmes techniques sérieux que le PDG d’Intel, Bob Swan, a fini par reconnaître officiellement le 23 juillet 2020. Il parle alors dans sa communication d’un « mode défaut » dans le processus de fabrication de ses puces 7 nm. Il reconnaît aussi que leur production a désormais six mois, voire un an de retard sur sa feuille de route. Ils ne seront pas commercialisés avant 2022 ou 2023 cette fois. Pour mémoire, Intel annonçait en mai 2019 la livraison de ses premiers Core 7 nm pour 2021.

Un tel retard pénalise non seulement les investisseurs d’Intel, mais également ses clients et revendeurs. Il fallait donc couper des têtes. Ce tout petit « défaut » a occasionné semble-t-il le départ en juin 2020 de Jim Keller, le célèbre designer des processeurs chez Intel. Puis celui en août de Venkata Murthy Renduchintala, son puissant directeur de l’ingénierie, et de Wendell Brooks, le directeur d’Intel Capital, pour raisons personnelles. Un rapport sinon avec les 20 Go de données source et de code volées cet été à Intel ?

Intel confronté à au moins six actions collectives

Depuis le 23 juillet 2020, au moins six actions collectives ont vu le jour contre Intel et certains de ses dirigeants aux Etats-Unis. L’une d’elles est portée par le cabinet juridique Bronstein, Gewirtz & Grossman (BG&G) pour le compte d’actionnaires qui ont acquis des titres d’Intel entre le 23 avril 2020 et le 23 juillet 2020. Une autre sur la même période pour Huang par le cabinet juridique américain Frank R. Cruz ; et d’autres par les juristes des cabinets Bernstein Liebhard, Bragar Eagel & Squire,  Robbins Geller Rudman & Dowd et de Doyle APC, dont la plainte est la plus ancienne car elle date de 2019. Et la plus large car elle porte sur l’ensemble de la gamme des processeurs x86-64 d’Intel produits depuis 2004.

Intel a-t-il communiqué des déclarations trompeuses à ses investisseurs ?

Les plaignants reprochent, à chaque fois, au fondeur américain de leur avoir communiqué des déclarations matériellement fausses et/ou trompeuses sur la fabrication de ses processeurs Core en 7 nanomètres (nm). Ils estiment que le fondeur américain n’a pas divulgué assez tôt, en toute connaissance de cause, le fait qu’il avait « identifié un mode défaut dans son processus de 7 nanomètres qui a entraîné une dégradation de la performance ; en conséquence, la société a enregistré un retard de six mois dans son calendrier de production des processeurs en 7 nanomètres. Or, Intel était raisonnablement susceptible de s’appuyer sur des fonderies tierces pour la fabrication de ses processeurs en 7 nanomètres ».

Intel et… Nvidia leur ont fait perdre de l’argent

En conséquence, ils estiment qu’ils ont perdu beaucoup d’argent car l’action Intel a reculé de plus de 16% quelques jours après l’annonce officielle pour chuter à environ 50 dollars le 24 juillet. Elle en valait encore environ 12 dollars de plus le 23 juillet 2020. Si l’on en croit ces chiffres, la valeur boursière d’Intel aurait fondu de 43 milliards de dollars en quelques jours !

En outre, les plaignants considèrent que le fondeur a perdu des parts de marché au profit de ses concurrents qui vendent déjà des processeurs gravés en 7-nanomètre, dont AMD, son principal rival.

Ces actions collectives visent à obtenir des dommages-intérêts pour d’éventuelles violations des lois fédérales sur les bourses de valeurs de 1934. Les pénalités peuvent être élevées, comme l’a appris à ses dépens Nvidiva dès 2017, à qui des investisseurs reprochent, encore aujourd’hui, d’avoir falsifié les ventes de ses GPU en mode crypto SKU sur le marché du jeu vidéo.

Intel, Apple et AMD également dans la tourmente

Intel, Apple et AMD se trouvent aussi confrontés à un vaste recours juridique collectif. Il porte sur deux failles de sécurité majeures, baptisées Meltdown et Spectre, qui affectent presque tous les processeurs Intel depuis 1995. Ces failles permettent aux pirates d’accéder à des données sensibles qui sont normalement protégées par le matériel de l’ordinateur. Or, la technologie d’Intel est à la base de la majorité des processeurs utilisés aujourd’hui… En conséquence, les bugs Meltdown et Spectre impactent le matériel et les logiciels commercialisés par de nombreuses sociétés, dont Apple et AMD, mais aussi ARM, Nvidia, Google et même Microsoft.

 

Ces multiples actions juridiques collectives pourraient encourager Intel, et ses pairs, à utiliser les services de fondeurs-tiers pour améliorer leurs processus et respecter les délais de fabrication de leurs nouveaux processeurs. D’ailleurs, IBM a dévoilé mi-août son Power10, un nouveau processeur en 7 nm destiné aux serveurs équipant les centres de données qui sera fabriqué par… Samsung.