Un an après le rapport Draghi sur la compétitivité, l’Europe met en avant ses avancées en matière d’intelligence artificielle et d’investissement industriel. Mais malgré des gigafactories, de nouveaux supercalculateurs et une progression des usages de l’IA, le continent reste fragilisé par ses retards et ses dépendances stratégiques.
Un premier bilan attendu
À Bruxelles, la conférence marquant le premier anniversaire du rapport Draghi a révélé deux lectures opposées de la trajectoire européenne. Du côté de la Commission, Ursula von der Leyen revendique des avancées tangibles : lancement de gigafactories soutenues par des milliards d’investissements publics et privés, montée en puissance de champions comme Mistral AI et installation de supercalculateurs capables de rivaliser dans le Top 10 mondial. Elle insiste sur la dynamique enclenchée, avec une adoption croissante de l’IA dans le tissu économique européen.
Des retards persistants
Mario Draghi, lui, pointe l’ampleur du chemin restant à parcourir. L’ancien Premier ministre italien rappelle que les États-Unis et la Chine produisent à grande échelle des modèles d’IA, quand l’Europe peine à exister sur ce terrain. Il plaide pour concentrer les efforts sur quelques projets stratégiques, lever les blocages du marché intérieur et s’inspirer des méthodes d’agences d’innovation américaines.
La question réglementaire
Draghi estime que les lourdeurs administratives imposées aux entreprises, notamment depuis le RGPD, pèsent sur leur compétitivité. Les ajustements envisagés par Bruxelles comme l’extension de certaines dérogations et simplification limitée des registres, restent très en-deçà d’une réforme de fond qu’il juge indispensable.
Entre ambitions et dépendances
Si l’Union européenne affiche désormais une industrie de l’IA en croissance et des infrastructures de calcul renforcées, ses fragilités demeurent. La dépendance aux matières premières contrôlées par la Chine et aux technologies américaines reste forte. Draghi insiste sur ce paradoxe : l’Europe avance, mais ses fondations stratégiques sont encore trop fragiles pour lui assurer une souveraineté réelle.
                
            







