Accueil Business L’IA devient un facteur déterminant de l’inflation selon Christine Lagarde

L’IA devient un facteur déterminant de l’inflation selon Christine Lagarde

Christine Lagarde, Présidente de la BCE - copyright Justin Jin ECB
Christine Lagarde, Présidente de la BCE - copyright Justin Jin ECB

Certaines caractéristiques structurelles fondamentales de notre économie et de l’environnement inflationniste sont en train de changer : la géopolitique, la numérisation, l’utilisation croissante de l’intelligence artificielle, la démographie, la menace pour la durabilité environnementale et l’évolution du système financier international” a annoncé Christine Lagarde, Présidente de la BCE, le 30 juin, lors de sa présentation d’évaluation de la stratégie monétaire. L’IA fait entrer notre économie dans une nouvelle ère. Elle est désormais un facteur clé de l’économie au même titre que l’énergie. Elle est aussi désormais un acteur majeur et un levier de mutation notamment sur l’inflation. La politique monétaire européenne l’intègre désormais.

Les acteurs économiques et Banques Centrales doivent désormais prendre en compte le développement de l’IA et ses dynamiques sur l’économie et la société. “Nous avons déjà évoqué la numérisation la dernière fois, mais cette fois-ci, nous la désignons comme un élément distinct et important : l’intelligence artificielle” a indiqué la Présidente de la BCE.En effet, l’IA par sa propagation dans l’ensemble des activités peut désormais exercer une pression à la baisse sur les prix de diverses manières. “Par exemple, si elle se substitue au travail et accroît la productivité, le risque de pénurie de main-d’œuvre et la pression à la baisse sur la croissance des coûts unitaires de main-d’œuvre pourraient être réduits. Ce phénomène est particulièrement pertinent dans la zone euro, où le chômage est à un niveau historiquement bas et où la population en âge de travailler devrait diminuer de 19 % d’ici la fin du siècle en raison du vieillissement démographique” explique les travaux de la BCE.

L’IA pourrait également entraîner une baisse des prix de l’énergie grâce à son impact sur l’offre ou encore fournir de meilleures informations aux consommateurs permettant une plus grande concurrence et une baisse des coûts. A l’inverse, l’IA pourrait également créer des hausses de prix. “Par exemple, l’adoption de l’IA aura également un impact sur la demande énergétique mondiale, la puissance de calcul nécessaire pour soutenir l’essor de l’IA doublant tous les 100 jours“. Cette situation provoquerait une hausse des prix de l’énergie.

L’IA change la donne

L’IA redistribue également les cartes. De petits acteurs peuvent émerger et changer les situations actuelles rapidement. “L’IA est susceptible de créer de nouveaux gagnants et de nouveaux perdants sur le marché du travail et du capital, avec des conséquences sur la répartition des revenus et des richesses” prévient la BCE. En outre, l’IA peut conduire à un changement dans l’intermédiation non bancaire et conduire à des niveaux de risques crédits plus élevés et ainsi provoquer des perturbations.

Enfin, “nous pourrions voir une pression à la hausse s’exercer sur le taux d’intérêt naturel ou neutre, à mesure que la demande de capitaux augmente pour investir dans de nouvelles technologies et étendre les capacités de production“. Les investissements pourraient ainsi augmenter et augmenter le taux. A l’inverse, des taux pourraient progresser par le déplacement de main-d’œuvre et provoquer une augmentation des inégalités de revenus. Le mécanisme d’épargne de précaution se mettrait en place et aurait des conséquence sur les capacités et les offres de crédits.

La BCE intègre l’IA et la met en oeuvre au service de la politique monétaire pour mieux anticiper les évolutions et apporter une aide dans ses multiples activités.