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IA autonome, robots, quantique : le CES 2026

CES 2026 tendances

Au CES 2026, l’IA sort du laboratoire, la robotique se déploie, et la question du quantique cesse d’être théorique. Un terrain d’observation privilégié pour mesurer ce qui, demain, pèsera réellement sur les systèmes d’information des entreprises. Florent Roulier, responsable innovation chez Niji, décrypte pour Solutions Numériques & Cybersécurité les tendances clés à surveiller de près.

L’IA agentique, un tournant pour la gouvernance IT

L’intelligence artificielle n’est plus cantonnée à l’assistance ou à la génération de contenus. Au CES 2026, elle s’impose comme une force d’exécution à part entière. La montée en puissance de l’IA agentique, capable d’orchestrer plusieurs agents autonomes sous la supervision d’un « agent maître », marque une rupture nette dans la façon dont les systèmes d’information sont conçus et gouvernés.

« Quand des agents commencent à naviguer, décider et agir seuls, ce sont tous les métiers qui sont touchés », souligne Florent Roulier. Pour les entreprises, cela implique un changement de paradigme : les clients comme les collaborateurs délèguent désormais une partie de leurs actions numériques à des agents. La relation au site web, par exemple, évolue profondément. « On ne parle plus seulement de SEO, mais de GEO, la Generative Engine Optimization. Il faut penser son site pour qu’il soit lisible et exploitable par des agents IA, pas uniquement par des humains. »

Cette délégation massive pose immédiatement des questions de biais, de conformité réglementaire et de protection des données. L’émergence du « shadow IA » devient un sujet critique. « Si l’entreprise se contente d’interdire, ça ne fonctionne pas. Les collaborateurs ont besoin de ces outils. Il faut donc proposer des alternatives auditées, conformes au RGPD, intégrées dans une vraie gouvernance data et IA. »

Robots autonomes : de la démonstration au déploiement

Longtemps cantonnée aux démonstrateurs, la robotique entre désormais dans une phase de commercialisation accélérée. Au CES, robots humanoïdes, machines spécialisées et chiens robots ne relèvent plus de la science-fiction.

« Certains fabricants ont déjà vendu plusieurs milliers de robots l’an dernier. Ce n’est plus un sujet prospectif », affirme Florent Roulier. Dans l’industrie et la logistique, des robots spécialisés sont déjà utilisés pour la surveillance, la maintenance ou la préparation de commandes. Les entrepôts équipés de chiens robots de type Boston Dynamics ne sont plus des exceptions.

Pour les entreprises, le modèle économique évolue lui aussi. « On voit apparaître des modèles de leasing de robots, exactement comme pour les flottes automobiles. Demain, le budget voiture pourrait être réalloué à des flottes de robots, domestiques ou industriels. » Une transformation qui interroge directement les stratégies RH, les modèles d’investissement et la sécurité des environnements de travail.

Mobilité autonome : une promesse qui se concrétise

La mobilité reste un pilier historique du CES, mais dans un contexte géopolitique et industriel profondément bouleversé. Face à la montée en puissance des acteurs chinois, les constructeurs occidentaux avancent leurs pions sur les batteries solides, la recharge par induction ou encore les robotaxis.

« La conduite autonome a pris du retard et suscité de la méfiance, mais elle progresse de façon inexorable », analyse Florent Roulier. Les démonstrations de solutions comme Waymo ou Cruise permettent de mesurer des avancées très concrètes, notamment sur l’intégration de kits d’autonomie sur des véhicules existants. 

Smart Human : l’IA au plus près du corps

L’édition 2026 confirme une tendance de fond : l’IA quitte les écrans pour s’intégrer directement dans les objets portés. Lunettes à vision augmentée, interfaces de traduction instantanée ou dispositifs de monitoring biométrique s’installent progressivement dans le quotidien.

« Ce que l’on voit au CES, c’est souvent le précurseur à deux ans de ce qui arrive sur le marché grand public », rappelle Florent Roulier. Les lunettes AR, déjà commercialisées, ne sont plus perçues comme des gadgets, mais comme de nouveaux écrans personnels. « C’est un usage universel : avoir un grand écran privé, dans un avion ou un train, sans que personne ne voie ce que vous regardez. »

Énergie et IA : une alliance devenue indispensable

L’explosion des besoins énergétiques liés à l’IA et aux data centers place la question de l’énergie au cœur des préoccupations du CES 2026. Micro-nucléaire, batteries solides, photovoltaïque flexible… les innovations abondent, mais un point fait consensus : sans IA, ces systèmes ne sont pas pilotables.

« L’IA est déjà déployée pour optimiser le rendement de centrales solaires ou réduire la consommation énergétique des data centers », explique Florent Roulier. Gestion prédictive des charges, optimisation en temps réel, conception assistée de composants thermiques : l’IA devient l’outil clé pour éviter les défaillances réseau et maîtriser les coûts.

Cyber et quantique : le compte à rebours est lancé

Enfin, la cybersécurité s’impose comme un fil rouge transversal. L’échéance du Q-Day, annoncée par l’ANSSI à l’horizon 2030, accélère la prise de conscience autour de la cryptographie post-quantique.

« On n’est plus dans un futur lointain. 2027, c’est demain », alerte Florent Roulier. Pour les entreprises, intégrer dès maintenant des mécanismes de chiffrement résistants au quantique devient une obligation stratégique, d’autant plus que l’IA est déjà utilisée par les attaquants pour industrialiser les cyberattaques.