Pour les enfants de la famille, vous n’aurez pas échappé aux sollicitations des jouets connectés. En particulier la ravissante tête (de celluloïd) blonde de la poupée « Mon amie Cayla », et le robot i-Que (peut-être davantage pour les garçons) . Papatras, un mois avant Noël, des associations de consommateurs européennes pointent la vulnérabilité de leurs applications.
Ils trônent sur les rayons ou dans les pages des sites de ventes en ligne : « Rencontre i-Que, le robot connecté, malin et rigolo qui te comprend et te répond », et « Cayla est bien plus qu’une poupée, c’est une vraie amie qui comprend ce que tu lui dis et te répond ». Ces jouets nécessitent le téléchargement d’une application (iOs, android), et grâce à la reconnaissance de voix de Nuance, sont censés dialoguer avec l’enfant. Ils sont produits par le hong-kongais Genesis Toys, qui se présente comme le leader mondial du jouet connecté.
Le succès est effectivement au rendez-vous : la poupée Cayla figurait dans le top 10 des ventes à Noël 2015 et l’industrie anglaise du jouet lui a décerné le prix de l’ « Innovative Toy of the Year » .
Plainte des consommateurs
Il semble qu’au niveau des utilisateurs, la satisfaction soit moindre.
Les consommateurs se plaignent de l’absence d’ergonomie : sur le forum de ce site de parents, les avis sont unanimes, comme : « Arnaque et pas au point –Posté le 25 déc. 2014 – Application très lourde à télécharger. Produit pas au point, il faut tendre l’oreille pour entendre, le son est au max. Il faut être connecté à une tablette en Bluetooth et pour les questions en wifi ! (…) Questions/réponses très restreint : elle ne comprend pas grand chose ! impossible de changer le prénom de la poupée ! Enfin bref ne correspond pas à la pub ni à l’explication de Vivid (site, emballage…) »
Plus grave, l’organisme indépendant de protection des consommateurs norvégien (Forbrukkerradet), dénonce la vulnérabilité de ces jouets :
« Il est très facile pour n’importe qui de se connecter à la poupée. Donc, si vous êtes à proximité de la poupée et qu’elle est allumée, il est facile pour un inconnu par exemple de se connecter et de parler au travers de la poupée et d’écouter ce que les gens disent au travers de cette connexion« , a expliqué à l’AFP Finn Myrstad, responsable de la section Services numériques au Conseil norvégien des consommateurs. Le rapport norvégien recommande d’ailleurs cette modification: ajouter un bouton pour valider le jumelage avec le jouet.
L’Association européenne de défense des consommateurs (BEUC), basé à Bruxelles, a publié un communiqué qui dénonce la vulnérabilité des jouets.
Un site norvégien précise (en anglais) les griefs d’enfreinte à plusieurs directives de l’UE : Unfair Contract Terms Directive, EU Data Protection Directive, et peut-être la Toy Safety Directive.
La reconnaissance de parole de Nuance en cause
Le grief principal repose en fait sur l’utilisation de l’application Nuance. Celle-ci n le sait rapatrie sur ses serveurs les paroles, afin indique l’éditeur, d’améliorer la reconnaissance de parole grace à l’apprentissage. Ce transfert de données sans l’assentiment explicite de l’utilisateur vers le serveurs de Nuance fait l’objet de la critique.
L’AFP précise: « Dans leur projet de plainte contre Genesis Toys et Nuance Communications devant la Commission fédérale du Commerce (FTC), quatre associations américaines soulignent que Nuance – qui affirme utiliser les données recueillies pour améliorer ses produits – vend sa technologie à des agences militaires, de renseignement et de police. Au moins 18 associations de défense des consommateurs et de protection de l’enfance dans 15 pays européens et aux Etats-Unis vont porter le dossier devant les autorités concernées.Un troisième jouet, « Hello Barbie », est concerné par l’étude norvégienne. Le cas de la poupée, non commercialisée en Europe, avait déjà été soulevé aux USA par les défenseurs de la sécurité en ligne. »
Décidément, derrière le minois innocent de la poupée blonde une véritable Mata-Hari se cache-t-elle ?
