Accueil Business Découverte d’un métier du digital – Le testeur

Découverte d’un métier du digital – Le testeur

Tester les sites et applications régulièrement, sur différents appareils, en se mettant dans la peau d’un internaute, tel est le quotidien d’un testeur. A sa charge : déceler bugs et anomalies, qui peuvent dissuader le visiteur de poursuivre sa navigation ou de procéder à l’achat. Un métier qui embauche alors que les profils se font rares.

Si les développeurs vérifient les fonctions d’une application à chaque étape de sa réalisation, il est indispensable de vérifier l’ensemble des fonctionnalités à chaque évolution du logiciel ou du site internet. C’est donc à cette étape qu’intervient un expert en test digital.

Olivier Denoo
Olivier Denoo, président du CFTL

« Le métier est aujourd’hui en forte tension. Au point que de nombreuses ESN se tournent aujourd’hui vers des embauches massives sur les marchés nearshore (Maghreb, Portugal, Roumanie…). Les raisons sont multiples : une massification des produits et services IT qui s’invitent un peu partout dans notre quotidien ; une évolution de la maturité qui amène les tests au niveau des services « mainstream » ; une certaine carence au sein de l’enseignement traditionnel qui peine à intégrer ces nouveaux métiers« , relève Olivier Denoo, président du CFTL, Comité Français des Tests Logiciels.
« C’est un métier qui est méconnu auprès des jeunes diplômés et pourtant il y a de la demande. Il y a une réelle pénurie de profils obligeant parfois à aller recruter à l’étranger », renchérit Xavier Brice, directeur du laboratoire de tests de Byron Group, une ESN spécialisée dans le test logiciel, qui compte 200 collaborateurs et souhaite en recruter 120 de plus d’ici à 2019.
Pour Olivier Denoo, la demande va rester « soutenue avec toutefois une « normalisation » des salaires en raison d’une augmentation ou d’une diversification de l’offre. L’intégration généralisée des tests dans les métiers de l’IT devrait aussi favoriser l’émergence de nouvelles compétences évoluant en parallèle avec l’offre IT ».

 

-> Quelles sont les qualités et compétences demandées à un testeur ? Quelles évolutions ?

Le métier évolue et « l’émergence des approches Agiles amène d’une part à une plus grande technicité des rôles (avec des testeurs-développeurs qui disposent d’une forte appétence technique et des testeurs « en continu », comme par exemple au sein de projets DevOps) et d’autre part à une plus forte composante métier mais aussi des tests non-fonctionnels (user experience, performance, sécurité, interopérabilité…) avec une implication forte dans la recette en appui des Product Owners, analyse Olivier Denoo, On assiste à une véritable redistribution des rôles comme conséquence d’un changement de paradigme méthodologique.« 

Byron Group indique : « Un testeur qui débute va d’abord exécuter seulement des tests. Puis, une fois qu’il sera plus à l’aise avec le fonctionnel, il aura la possibilité de rédiger ou mettre à jour des cas de tests. Dès lors qu’il devient à l’aise et autonome dans l’analyse des spécifications fonctionnelles et la rédaction des cas de tests, il pourra s’initier à la stratégie de test (document qui organise l’ensemble d’un projet de test). A terme, lorsqu’il maîtrise les 3 grands tâches du poste : stratégie, rédaction des cas de tests et exécution des tests, en fonction de son appétence au management, il pourra démarrer des missions en tant que Test Lead (capable de mener un projet de bout en bout et pourquoi pas, encadrer des testeurs juniors). Et plus tard, s’orienter vers du management d’équipe de test. »

Byron Group détache 5 qualités indispensables. Les voici.

L’imagination

L’expert doit créer des plans de tests. Il est donc indispensable d’avoir de l’imagination, de savoir se mettre à la place de l’utilisateur et d’imaginer toutes les interactions possibles avec l’interface. En effet, les réflexes d’usages ne seront pas les mêmes selon l’âge, le degré de connaissances ou même le temps disponible de l’utilisateur.

L’attention et le sens de l’observation

Le testeur doit être capable d’identifier les changements opérés d’une version à l’autre. Les fonctionnalités, évoluant au fur et à mesure de la mise à jour de l’application ou du développement d’une nouvelle fonction, peuvent engendrer des anomalies, non identifiées précédemment par les testeurs. Il ne s’agit donc pas de survoler le site pour vérifier que tout « semble » fonctionner, il s’agit plutôt de vérifier méthodiquement chaque cas de test pour éviter tout incident technique.

La logique

Lorsqu’un défaut est identifié en consultant une application sur un device, il faut penser à tester les autres devices du même constructeur pour vérifier si le bug se reproduit. Appliquer cette logique est un réflexe qu’un testeur aguerri doit garder en tête pendant toutes les phases de tests.

La curiosité

Se mettre à la place d’un utilisateur pour tester un site web ou une application ne se limite pas à ouvrir l’appli et à naviguer à travers les fonctionnalités. Cela suppose de connaître et d’imaginer quelles vont être les différentes utilisations du support, dans quelles conditions il va être utilisé, dans quel objectif, etc.

La communication

Enfin, l’étape fondamentale pour réaliser un travail de test pertinent et constructif : savoir communiquer les bonnes informations aux bonnes personnes. Si le testeur identifie les points bloquants dans les fonctionnalités d’un site web, son rôle n’est pas de les corriger. Il doit donc faire un état des lieux précis et une mise en contexte des bugs constatés, pour les faire corriger pas les équipes de développeurs, dédiées à la conception de l’application ou du site web.

 

-> Quel salaire ?

Le salaire d’un débutant est de 1 700 € brut/mois, selon les chiffres fournis par l’Onisep (Office national d’information sur les enseignements et les professions). Selon l’Etudiant, il est de 2 000 €. Mais le testeur peut espérer plus. Olivier Denoo précise que « tout dépend bien évidemment de l’expérience et de la région. Toutefois, on constate une réelle inflation au niveau des salaires et certaines ESN n’hésitent pas à embaucher des testeurs juniors à plus de 30 K€ voire 35 K€ brut annuel. »
« Les profils plus séniors semblent aussi attirés par des modèles en freelance (indépendants) favorisés par le contexte politico-économique actuel », remarque Olivier Denoo.
Byron Group paie un débutant (moins d’1 an d’expérience) entre 28k et 32k, un testeur confirmé, de plus de 5 ans d’expérience, enter 40k et 50k.

-> Quels diplômes ?

Selon Onisep : 2 ans pour obtenir un BTS, un DUT ou un DEUST, éventuellement complété par une licence professionnelle en informatique, par exemple ; 5 ans pour un master ou un diplôme d’ingénieur en informatique, spécialisé en génie logiciel, programmation informatique…

« Certaines écoles ont bien compris l’importance des changements et offrent des mastères spécialisés (ISTIA, Univ. Franche-Comté…), des ESN s’engagent fortement dans la formation de « nouvelles pousses » au travers de programmes adaptés et plus que jamais les formations certifiantes (ISTQB notamment) deviennent incontournables. En parallèle, des structures se mettent en place pour favoriser les tremplins à l’emploi (Inzerty, Ares…). Le diplôme reste une valeur sûre, mais la forte tension permet aux têtes bien faites de faire leur chemin au sein des structures en demande », explique Olivier Denoo.

« Le recrutement des testeurs s’appuie avant tout sur la personnalité et l’envie de faire du test sur une longue durée. Le diplôme vient après. Nous recrutons à partir du Bac+2. Il faut également être à l’aise avec l’utilisation des outils informatiques (bureautique, Internet, e-commerce, réservation en ligne, application de gestion…)« , indique de son côté Byron Group.

-> Quels conseils pour ceux qui voudraient se lancer ?

Selon Olivier Denoo :
-Intégrer d’une part les composantes technologiques (tests en boîte blanche, automatisation, intégration continue, DevOps, TDD, etc.)

-Intégrer les composantes métier et utilisateur (BDD, Ux…).

Olivier Denoo croit également « à une importance accrue des « soft skills » indispensables à la fois au travail collaboratif et à la compréhension/la modélisation du comportement utilisateur« .

« Je reste persuadé que la qualité reste et restera un différenciateur majeur et déterminant à l’avenir (particulièrement au travers de l’Ux). »