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Stratégie nationale pour le Cloud : le gouvernement lance un label et des licences

Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, Amélie de Montchalin, ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, et Cédric O, secrétaire d’État chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques, ont présenté, ce lundi 17 mai, la stratégie nationale pour le Cloud du gouvernement.

Les technologies cloud pourraient représenter un chiffre d’affaires équivalent à celui du secteur des télécommunications d’ici à 2030, indique le gouvernement, chiffre déjà avancé par le rapport de KPMG France commandé par InfraNum, Talan, OVHcloud et Linkt publié début mai, et créer de nombreux emplois en Europe. Et la France veut sa part, via un Cloud français et européen souverain, qui se veut au point à la fois techniquement, c’est-à-dire cyberprotégé, et juridiquement, comprenez échappant aux législations extraterritoriales, principalement le Cloud Act américain.

Pour répondre à ces enjeux, le gouvernement a élaboré une stratégie, un travail de deux années intenses, a souligné Bruno Le maire, reposant sur « 3 piliers novateurs« . A commencer par la création d’un label « Cloud de confiance » qui permettra « aux entreprises et administrations françaises de bénéficier des meilleurs services offerts par le Cloud (suites bureautiques collaboratives, outils de visioconférence, etc.) tout en assurant la meilleure protection pour leurs données« . Deuxième pillier : la politique « Cloud au centre » (ce que les anglo-saxons appellent Cloud-first) de l’administration pour accélérer résolument la transformation numérique du service public. Dernier pillier : une stratégie industrielle ambitieuse, inscrite dans le cadre de France Relance, qui permettra « d’assoir la souveraineté française et européenne accompagnant la construction de nouveaux outils Cloud« .

Un nouveau label « Cloud de confiance » 

Le label « Cloud de confiance », repose notamment sur le visa déjà existant « SecNumCloud » délivré par l’ANSSI et sera octroyé aux fournisseurs de service. Les entreprises ayant déjà ce visa  (comme OVHCloud pour son Hosted Private cloud) devraient de fait obtenir facilement ce nouveau label Cloud de confiance, ainsi que l’a fait remarquer Cédric O. Mais, au-delà de la technique, il est censé également offrir un niveau de sécurisation juridique aux entreprises et administrations françaises. Cela sera possible via des licences, partant « de nouvelles combinaisons » comme la création d’entreprises « alliant actionnariat européen et technologies étrangères« . Cedric O et Bruno l’affirment, ce label permetra d’échapper au Cloud Act. « Nous garantissons une indépendance totale par rapport aux lois extraterritoriales américaines« , a ainsi soutenu Bruno Le Maire.

« Nous garantissons une indépendance totale par rapport aux lois extraterritoriales américaines », a indiqué ce matin Bruno Le Maire

Une politique « Cloud au centre »

Avec l’adoption de la politique « Cloud au centre », le gouvernement fait du Cloud un prérequis pour tout nouveau projet numérique au sein de l’État, afin d’accélérer la transformation publique « au bénéfice des usagers et dans le strict respect de la cybersécurité et de la protection des données des citoyens et des entreprises« . Les services numériques des administrations seront hébergés sur l’un des deux Cloud interministériels internes de l’Etat ou sur les offres de Cloud proposées par les industriels satisfaisant des critères stricts de sécurité. Notamment, chaque produit numérique manipulant des données sensibles, qu’elles relèvent notamment des données personnelles des citoyens français, des données économiques relatives aux entreprises françaises, ou d’applications métiers relatives aux agents publics de l’Etat, devra impérativement être hébergé sur le Cloud interne de l’Etat ou sur un cloud industriel qualifié SecNumCloud par l’ANSSI et protégé contre toute réglementation extracommunautaire.

Amélie de Montchalin et Cédric O, au centre de la table ronde organisée ce lundi 17 mai

Un soutien aux projets industriels de développement de technologies cloud

Le troisième pilier de la stratégie Cloud de l’Etat consiste en un soutien direct à des projets à forte valeur ajoutée dans le cadre du 4ème Programme d’Investissements d’Avenir et de France Relance. Cette action identifiera et soutiendra des projets industriels de développement de technologies cloud en France. Elle vise notamment les technologies critiques telles que les solutions PaaS pour le déploiement de l’intelligence artificielle et du big data ou encore les suites logicielles de travail collaboratif. Un Appel à Manifestation d’intérêt a déjà permis d’identifier 5 projets pour un montant supérieur à 100m€. Ces projets impliquent des grands groupes, des PME, des startups et des organismes de recherche, et couvrent les domaines des plateformes de travail collaboratives, du edge-computing, notamment dans le contexte de l’IoT, ainsi que des communications sécurisées. Depuis cette annonce, Jamespot, éditeur de logiciels français spécialisé dans les solutions collaboratives et sociales, a ainsi indiqué à Solutions Numériques avoir « déposé un gros dossier« .

Les premiers projets débuteront dans les prochains mois tandis que les plus importants d’entre eux seront financés dans le cadre d’un Projet Important d’Intérêt Européen Commun (PIEEC) réunissant à ce jour 11 Etats membres : la France, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, la Belgique, le Luxembourg, la Slovénie, la Hongrie, la Tchéquie, la Pologne et la Lettonie. Ce PIEEC aura notamment pour ambition de développer une offre de Cloud européenne verte dans les domaines de rupture technologique, tels que le edge computing. « Ce PIEEC permettra la mobilisation de fédérations d’acteurs dans l’optique de créer des projets transformant tels qu’une suite de bureautique collaborative européenne« .

Le gouvernement a l’intention de réussir ce nouveau Cloud de confiance contrairement aux échecs passés, comme l’a reconnu Bruno Le Maire – pensant sans doute aux Cloud souverains Cloudwatt, offre souveraine lancée en 2012 par Orange, Thales et la Caisse des Dépôts, ou Numergy portée par SFR, la Caisse des Dépôts et Atos – alors que n’avaient pas été prises en compte ni « les réalités technologiques » ni « les attentes des entreprises et des administrations« . L’offre est « solide » aux yeux du ministre de l’Economie.