La pandémie accélère la transformation des PME et ETI par le numérique, comme le montre une étude du Lab de BPIfrance présentée ce matin. Elle a sondé des dirigeants sur leur gestion de crise.
Selon cette enquête*, les dirigeants restent très déterminés à se battre pour continuer l’activité de leur entreprise, malgré l’ampleur de la crise économique liée au Covid. Ils sont ainsi 69 % à n’avoir jamais songé à abandonner, même s’ils reconnaissent une dégradation de leur forme psychologique de 1,5 point (sur une échelle de 10) durant l’année 2020.
Conserver le lien avec un collaborateur qui n’a pas d’ordinateur
La période du premier confinement a renforcé la confiance des dirigeants dans leurs équipes. Ils considèrent leurs collaborateurs comme leur premier soutien (79 %), devant tous les autres (entourage personnel, réseau de pairs…).
« Les dirigeants ont eu davantage peur pour la motivation de leurs collaborateurs (ndlr : 53 %) que pour la santé de leur entreprise et même pour leur propre santé, fait remarquer Elise Tissier, directrice du Lab de BPIfrance. L’inquiétude a porté sur la façon de conserver le lien avec un collaborateur qui n’a pas d’ordinateur et, au-delà, sur la capacité de travailler à distance. Les dirigeants se sont aussi interrogés sur la manière de garder le lien entre les salariés qui viennent sur site et ceux qui travaillent chez eux et sur le maintien du lien entre cadres et non cadres ».
Accélérer le développement d’innovations
Cette expérience de crise peut également être l’occasion d’un rebond positif, d’une redéfinition des fondamentaux de l’entreprise et d’une nouvelle ambition pour l’avenir. C’est ainsi que 83 % des dirigeants ont affirmé, lors de la première pjase de l’enquête en juillet, que la crise du Covid-19 allait les inciter à accélérer le développement d’innovations imaginées ces derniers mois (50 % « Tout à fait » et 33 % « Un peu »). « Quand les choses vont bien, les projets peuvent traîner, prendre du temps à se mettre en place, tandis que face à des difficultés, on accélère des innovations qui pouvaient être dans des cartons », souligne Elise Tissier.
Des projets maintenus ou accélérés
« Des proportions très importantes d’entrepreneurs ont compris que la crise représentait un reset complet sur le digital, ajoute Nicolas Dufourcq, directeur général de BPIfrance. Ils ont décidé de se mettre en plan d’action en la matière, que ce soit l’industrie du futur ou la digitalisation dans l’ensemble des autres verticales de l’économie ».
Philippe Mutricy, directeur de l’Evaluation des Etudes et de la Prospective chez BPIfrance, met en exergue un autre élément : « dans le baromètre trimestriel sur la trésorerie, l’investissement et la croissance des TPE et PME, réalisé par BPIfrance avec Rexecode, plus de 70 % avaient déjà des projets de numérisation et comptaient les maintenir ou les accélérer, et la thématique qui arrivait en tête, à 45 %, était la relation client ».
Ces transformations en période de crise peuvent aussi concerner l’activité même de l’entreprise : en juillet, 76 % des sondés projetaient de modifier leur business model pour gagner en performance dans les mois à venir (12 % « Profondément » et 64 % « Légèrement »). « C’est un bon signal car cela signifie que ces chefs d’entreprise restent debout et parfaitement concentrés pour transformer leur entreprise, et cela au niveau digital comme écologique », estime Elise Tissier.
* Etude quantitative « Les dirigeants de PME-PMI face à la crise » menée en juillet auprès de 1 734 dirigeants d’entreprises de 10 à 5000 salariés, et actualisée à l’aide d’un nouveau sondage du même panel (900 répondants) en novembre, après l’annonce du deuxième confinement.
Patricia Dreidemy
