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La responsabilité éthique du DSI, mise en lumière par le Cigref

Créé en 1970, le Cigref est à l’aube de ses 50 ans. L’association regroupe des grandes entreprises et grandes administrations(154 adhérents à ce jour), principalement représentées par leur DSI. Compte tenu du poids de ses membres dans l’économie, son avis est écouté et son assemblée générale une grand’messe, incontournable. La dernière marquait l’irruption de l’éthique dans le numérique.

« Le digital est-il éthique, moral, responsable ? A qui rendre des comptes »

Cette année, après l’assemblée générale interne, nous étions invités, dans le cadre du Pavillon Gabriel, à Paris et devant 400 responsables, à une soirée débat sur le thème « L’âge de raison du numérique : durable, responsable et de confiance ! »

Jean-Christophe Lalanne, CIO d’Air-France /KLM et Vice-Président de l’association revendiquait cette thématique de l’ « âge de raison », et estimait pertinent de l’associer à la problématique du sens et de l’éthique, des sujets auxquels on préfère généralement des sujets technologiques dans les réunions de DSI.

Le CIO d’Air France rappelait avec humour combien son entreprise pouvait se voir reprocher son impact négatif en terme de Co2. « Le digital est-il éthique, moral, responsable ? A qui rendre des comptes ? Après une telle révolution technologique, il faut se poser des questions. »

« Bénéficier d’un cloud de confiance mutualisé avec l’etat »

Corinne Dajon, DSI de AG2R La mondiale et administratrice du Cigref, a insisté sur la dimension risques et cybersécurité qui sont de la responsabilité du DSI d’aujourd’hui.

Elle a rappellé qu’ « il n’y a pas de numérique sans confiance. Elle devient un élément stratégique.. ». La DSI s’est interrogée: « comment faire pour que la France et l’Europe aient une industrie de la sécurité? « . Elle a insisté sur  » la nécessité de développer la cyber-résilience, d’intégrer le rique dans tous les scénarios et de s’entraîner à la crise… ».

Corinne Dajon a évoqué « l’appel de Paris d’Emmanuel Macron, sur la sécurité du cyberespace. » et a affirmé: « le Cigref a rejoint en janvier cet appel. Les membres du Cigref cherchent à bénéficier d’un cloud de confiance mutualisé, avec l’Etat ». 

« L’ Ethique, nous sommes des ingénieurs, nous ne sommes pas formés pour ça…« 

Invité, Godefroy de Bentzmann, président de Syntec Numérique, rappelait qu’il représentait les fournisseurs. Et approuvait la thématique: «  Il n’y a pas que le business, il n’y a pas que la technologie. Avec le Cigref, nous abordions les sujets de budget, d’organisation, mais pas celui du sens. Et il est vrai que c’est une logique nouvelle. Nous sommes des ingénieurs, nous ne sommes pas formés pour ça. Mais nous savons nous adapter. Au lieu de parler de tarif avec le Cigref, parlons du fond, du sens. « 

Jean-Claude Laroche, DSI d’Enedis remarque que son « entreprise se transforme en gestionnaire de données, par exemple avec le compteur Linky », dont le déploiement peut rencontrer la « défiance ». Or « il n’y aura pas de numérique durable sans adhésion. » Et la question du DSI est: « comment créer un système d’information transparent, auditable ».

La soirée proposait à l’assistance de voter à quelques questions, dont « Quelle action doit-elle être prioritaire, dans l’IT »? Le vote du public était, sans étonnement: réduire l’empreinte carbone.

Les 7 qualités que le public attend du numérique

Le prospectiviste Jacques-Français Marchandise, délégué général du FING, think tank sur les transformations numériques, a analysé la situation de l’IT : « On est passé des promesses de la technologie aux controverses. Le numérique est sur la sellette. Le numérique n’est pas adapté à un monde de demain aux ressources finies. Le monde numérique nous ’calcule’ plutôt que nous le ‘calculons’. Il y a une dyssimétrie telle (avec les utilisateurs), que la confiance est émoussée. A force de pointer les impacts du numérique nous avons intégré un ‘fatalisme numérique’ ».

Jacques-Français Marchandise a indiqué les 7 qualités que le public attend du numérique , qui doit se montrer résilient et économe: « capacitant, inclusif (permet qu’on en soit acteur), démocratique, équitable, innovant, protecteur, frugal -faire mieux avec moins- ). »

Bernard Duverneuil, président du Cigref a conclu la soirée.  » Après l’accélération forte, il y a des vents contraires. Le numérique faisait consensus, était synonyme de progrès dans l’imaginaire collectif. Le ‘green IT’ était à la mode , il faudrait peut-être le relancer. Un sondage nous apprend que 51% des personnes pensent qu’à terme la technologie apportera plus de problèmes qu’elle n’en résout » .