L’association professionnelle eFutura, qui a pour objectif de fédérer les acteurs de la transformation digitale de l’économie liés au traitement des contenus et des documents numériques, organise le 21 octobre sa sixième Journée de la Transition Numérique (JTN). Les discussions vont s’ouvrir, à travers trois tables- rondes, à un thème fort d’actualité : « Data, éthique et transition numérique ».
Depuis plusieurs JTN, eFutura « se détache des sujets techniques pour aborder des thèmes sociétaux en rapport avec la dématérialisation« , explique à Solutions Numériques Rédoine Billaud, secrétaire général d’eFutura. Wladimir Taranoff, consultant en transformation numérique et qui pilote cette année la JTN, abonde dans ce sens, expliquant la volonté de l’association, sous l’impulsion de son président Jean-Pierre la Hausse de Lalouvière, « d’élargir sa vocation et le rôle de la JTN pour en faire un moment de respiration » dans un contexte où la révolution numérique n’en est qu’à ses débuts. Cette révolution secoue, « économiquement, dans les habitudes de travail, dans les états d’esprit…« , et le spécialiste de prévoir dans les années à venir « des frictions au sein même de la population » sur de nombreux sujets.
Ainsi de la data, ce « carburant » qui alimente l’intelligence artificielle et les modèles économiques. eFutura lui consacre cette 6ème JTN, qui veut aller au delà du « vernis journalistique« , et « dédramatiser« . « L’important, c’est l’usage et comment on utilise la data« . « Et c’est là que la notion d’éthique est importante« .
Data et éthique sont-elles conciliables ? Voilà posé ce vaste et fort sujet d’actualité, première table-ronde, à l’heure de l’usage de plus en plus intensif des données dans diverses applications sensibles de la transition numérique. Wladimir Taranoff avec Mick Levy, auteur de « Sortez vos données du frigo », Benoît Thieulin, ancien président du Conseil National du Numerique (CNNum), co-fondateur de La Netscouade , Violaine Champetier de Ribes, auteur de « Demain tous estoniens » et Ibrahima Nour Eddine Diagne, conseiller au Conseil national du numérique du Sénégal, participeront, chacun avec leur regard, à ce débat qui suscite à la fois des craintes et des opportunités…
Philosophes, psychologues, sociologues… pour réfléchir
Un cas précis d’exploration de cette question – l’usage de la data pour passer à la médecine prédictive et à l’humain augmenté – sera abordé lors d’une deuxième table-ronde. La confrontation des visions sera intéressante entre le Dr Bernard Nordlinger, président du CESREES (Comité éthique et scientifique pour les recherches, les études et les évaluations dans le domaine de la santé), Laure Tabouy, PhD, docteur en neurosciences, Pierre-Henri Tavoillot, président du Collège de Philosophie, auteur de « La morale de cette histoire », et le Général Henri Bentegeat, Chef d’état-major des armées (2002-2006) et vice-président du Comité d’Éthique de la Défense…
Enfin, une dernier débat autour de l’économie de l’attention sur la « data addiction » à l’ère de l’infobésité devrait nous emmener sur les chemins de la responsabilité des organisations, à l’instar des réseaux sociaux, et des personnes. Fabienne Billat, conseil en communication et stratégie digitale, membre du Comité Digital de la Caisse des Dépôts et Consignations, experte Institut Sapiens, Michael Stora, directeur-fondateur École des Héros, auteur de « Hyper Connexion », Dominique Boullier, auteur de « Comment sortir de l’emprise des réseaux sociaux », professeur de sociologie à Sciences Po ainsi que Stefana Broadbent, professeure d’anthropologie numérique à University College London, confronteront leurs points de vue.
Wladimir Taranoff fait remarquer les profils divers et complémentaires des intervenants. « Il est important de ne pas laisser entre les mains d’une poignée de californiens ou de chinois, qui ont une culture technologique avant tout, la création de notre avenir« , soutient-il. Pensées ultra-positives mais déconnectées de la réalité ou encore langues de bois et incantations n’ont pas leur place ici…
La JTN sera à la fois en présentiel – eFutura vise 200 visiteurs – et diffusée en direct sur la chaîne Youtube d’eFutura, précise Rédoine Billaud.
