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« Dans les prochaines années, le marché du cloud va se consolider » Sébastien Lescop, directeur général de Cloud Temple

A l’occasion de cette première journée du Forum InCyber, qui se tient jusqu’au jeudi 3 avril au Grand Palais de Lille, Solutions Numériques & Cybersécurité a rencontré le directeur général de Cloud Temple. L’occasion d’aborder avec lui les enjeux du cloud et de l’autonomie stratégique.

SNC – Que retenez-vous de 2024 ?

Sébastien Lescop : 2024 a été une très belle année pour Cloud Temple. Nous avons qualifié le premier PaaS SecNumCloud en France et, à cet instant, on est toujours le seul. On a également lancé la première IA souveraine sur un environnement SecNumCloud qui est facturée au token. Nous sommes rentrés également dans les prestigieux Quadrant de Gartner et nous avons signé nos premiers contrats allemands. Nous avons en effet pour ambition de passer à l’échelle européenne. On a signé avec T-System l’hébergement d’applications de péage et avec Wire qui est une société de collaboratif, qui a comme client le Bundestag par exemple.

Comment s’annonce 2025 ?

Nous souhaitons poursuivre notre croissance et ouvrir de nouveaux marchés en Europe. Nous ciblons l’Allemagne, l’Espagne et l’Italie où nous voulons nous renforcer en parallèle de la France. On a prévu de passer à ce titre la certification C5 qui est l’équivalent de SecNumCloud en Allemagne. On devrait l’obtenir d’ici juin. On est également rentré dans Gaia X, qui a un label de certification très pertinent et qui se calque sur ce qu’on connait de EUCS aujourd’hui. Nous souhaitons être le premier acteur en Europe à être certifié niveau 3, ce que l’on vise dans les prochains mois et qui est pour nous un gage du bon respect des contraintes et des exigences locales des 27 pays membres de l’Union Européenne. Nous avons enfin de grands projets autour de l’IA en interne, pour optimiser la personnalisation de l’expérience client, augmenter notre compétitivité et toujours continuer à améliorer notre portefeuille d’offres avec la base de données managées, le traitement de données, etc.

Nous avons prévu de passer la certification C5 qui est l’équivalent de SecNumCloud en Allemagne.

Pourquoi s’étendre maintenant à l’international ?

La société a été créée en 2017, c’est à la fois vieux et jeune. Ce n’est plus une startup : l’année dernière, nous avons terminé l’exercice à 52 millions d’euros de chiffres d’affaires. Désormais nous avons la taille, le volume critique, le savoir-faire qui nous permettent d’ouvrir de nouveaux marchés. Et pourquoi le faire maintenant ? Parce qu’on est persuadé que, dans les prochaines années, le marché du cloud va se consolider. Si on veut rivaliser avec les grandes plateformes étrangères, on va devoir mutualiser nos forces et cela va passer par la consolidation de marché.

On va devoir mutualiser nos forces et cela va passer par la consolidation de marché.

Vous envisagez des acquisitions ?

On y réfléchit en effet, parce que nous, ce qu’on vend, c’est de la confiance. Et donc pour obtenir la confiance des clients, vous avez deux possibilités. Soit passer par des tiers de confiance – c’est pour ça qu’on travaille avec des partenaires locaux, à l’instar de T-System en Allemagne – soit vous devez avoir une marque qui apporte directement cette confiance. Donc oui, nous regardons aujourd’hui les acquisitions. Mais comme il y a une forme d’opportunisme dans les acquisitions – ce n’est pas une valeur sûre – nous avons un plan A qui est la construction d’un réseau de partenaires locaux.

Nous avons un plan A qui est la construction d’un réseau de partenaires locaux.

A la suite du rachat de VMware par Broadcom, les changements de politiques tarifaires et de licensing provoquent la grogne de bon nombre de clients. Comment Cloud Temple, en tant que fournisseur de Cloud, gère cette situation ?

Notre objectif est de répondre aux attentes du client dans sa transformation numérique et surtout de ne pas le mettre en risque. Naturellement, on a une plateforme historique qui est qualifiée SecNumCloud sur VMware, mais nous commercialisons depuis l’année dernière une plateforme open source, et l’on attend que l’ANSSI se prononce dans les prochaines semaines sur sa qualification. Nous sommes assez sereins puisque le rapport d’audit ne remonte aucune non conformité. Nous avons également une solution bare metal qui devrait être qualifiée et une offre qualifiée sur l’OpenShift Manager. Nous avons donc quatre plateformes dans la même bulle de confiance, ce qui donne aux clients la possibilité de choisir selon ses usages et ses risques. Cela laisse également au client enfermé sur VMware l’opportunité de pouvoir migrer au sein de la même bulle, tranquillement, ses VM, sans Big Bang au fil de l’eau de ses projets.

Nous avons quatre plateformes dans la même bulle de confiance, ce qui donne aux clients la possibilité de choisir selon ses usages et ses risques.

La politique américaine actuelle est-elle un catalyseur de business pour des acteurs qui se présentent comme souverains ?

Aujourd’hui, il n’y a pas un seul rendez-vous client sans que ce sujet soit abordé. Néanmoins est-ce un accélérateur de business depuis l’élection de Donald Trump ? Non, pas encore. A notre niveau, nous devons assurer que nous sommes indépendants : nous ne pouvons pas proposer à nos clients une autonomie stratégique et être nous-mêmes complètement dépendants. Nous sommes propriétaires de tout le SI de la plateforme, qui est basé sur des briques open source. Néanmoins, pour certaines, on va faire du Oracle ou autre. Ces briques, qui sont nécessaires pour le client, sont des technologies américaines. Les serveurs de compute, à cet instant, sont également américains. S’il arrivait que Cisco monte ses prix de 50 % ou de 100 % ou qu’il ne veule plus nous vendre ses serveurs, nous, notre sujet, c’est d’assurer que notre SI interne puisse en utiliser d’autres. Ce que nous faisons d’ores et déjà avec plusieurs constructeurs et éditeurs. Nous sommes capables de passer des workflows de clients d’un serveur à un autre. A l’heure actuelle, on travaille encore avec des constructeurs américains parce qu’on y voit une opportunité de répondre aux usages et aux nécessités de nos clients, mais si demain nous n’avons plus accès à cette ressource, il faudra trouver un plan B qui sera peut-être plus coûteux pour l’entreprise mais qui permettra de tenir nos engagements.