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« CYBERATTAQUES ET POIGNÉES DE MAINS » : la saga d’un champion de la cybersécurité

« En 2025, I-TRACING fête ses 20 ans ! Cette société, Laurent Charvériat et moi en avons eu l’idée sur un coin de table ».

Théodore-Michel Vrangos raconte dans son livre, Cyberattaques et poignées de mains, les coulisses d’une ex-start-up, devenue un champion en cybersécurité, avec bientôt 1000 salariés, 150M de CA, une filiale dans 7 pays et une croissance annuelle moyenne enviable de 25% à 30%!

Fruit d’entretiens avec la journaliste Florence Bouchy, l’ouvrage raconte à la première personne les épisodes de la vie de I-TRACING. C’est aussi un partage d’expérience pour comprendre les ressorts de l’entrepreneuriat dans la tech, et l’histoire de la cybersécurité depuis un quart de siècle. Une lecture passionnante et instructive, pour comprendre l’histoire contemporaine de la cybersécurité.

Se déclarant « entrepreneur heureux », Théodore-Michel Vrangos reconnait avoir « toujours voulu, depuis l’âge de 16 ans », créer son entreprise.  Il résume l’intention du livre dans l’avant-propos : « J’ai voulu mettre par écrit l’essentiel de ce que je pense de la création d’entreprise dans la tech et en particulier dans les services. Avec cet extraordinaire cas d’école qu’est I-TRACING pour la cybersécurité. Un domaine qui attire, qui intrigue, qui fascine le néophyte, mais qui reste complexe et fragile, car l’humain est au centre de l’échiquier. »

Théodore-Michel Vrangos

Du VPN au firewall, les prémisses de la cybersécurité 

Avant I-TRACING, en 1990, la première aventure de Th.-M. Vrangos comptait déjà Laurent Charvériat comme associé. DataStaff, devenue Dimension Data sera vendue à NTT. Leur société suivante, Cyber Networks, intégrateur en cybersécurité, axée sur la sécurisation des télécoms et réseaux, sera également cédée à un autre opérateur, British Telecom. 

Après avoir été débarqués brutalement par leur repreneur de la direction de l’entreprise devenue la « filiale flamboyante » d’un grand groupe, les deux complices créent I-TRACING en octobre 2005.

Les logs, une matière en or

L’expérience Cyber Networks leur a appris « comment le domaine de la protection des données, des réseaux et systèmes IT, allait évoluer vers la traçabilité de l’information qui passait par les logs, ces traces qui sont dans tout système informatique, une matière en or… »

Assez vite, le marché mord à l’hameçon. « En avril 2006, dans la même journée, il y a eu une convergence de trois clients de grands secteurs différents qui nous ont chacun confirmé leur besoin fonctionnel, et leur envie de mettre en place un Proof of Concept (PoC) avec nous. Un client du monde bancaire, un des télécoms, et un troisième de l’industrie pharmaceutique. À ces trois secteurs s’est ajouté celui de la grande distribution. Puis celui de La Poste »

Partis à deux, le duo initial s’élargit alors avec l’arrivée de deux associés, deux nouveaux « co-équipiers », pour former un « quatuor entrepreneurial » : Michel Vujicic – CTO au début, il et est aujourd’hui Directeur-général-CEO-, puis Laurent Besset.

La formule magique de l’entreprise : ses 3 piliers

Théodore-Michel Vrangos explique la stratégie, basée sur 3 piliers :

  • une société d’ingénierie. Si le métier est bien fait, la boîte devient indispensable. Les clients ont besoin de la société qui a déployé les solutions…ce qu’on appelle aujourd’hui les services managés.
  • une société de services. Cela permet des contrats pluriannuels. C’est l’opposé des missions d’audit de quinze jours ou de conseil de deux, trois mois sur le format desquelles repose le modèle des sociétés de conseil. Les services managés, ce sont des années de prestations, cela donne de la visibilité financière
  • le troisième pilier, c’était le métier dans lequel nous étions : la traçabilité, l’exploitation des logs, et par la suite la cybersécurité

Le décollage – 2011‑2017- l’irruption du cloud

En une décennie, I-TRACING passe d’une PME ambitieuse à l’un des acteurs français les plus dynamiques de la cybersécurité. En 2011-2012 elle compte désormais 25 collaborateurs, 50 en 2015, près d’une centaine en 2017 !

La révolution du Cloud est arrivée, avec l’externalisation des données, l’hébergement, les datacenters, les hyperscalers, les logiciels en SaaSet aussi les premières crises et attaques ransomware. La demande en cybersécurité a explosé.

Le premier Soc 

En 2012, un moment clé dans l’histoire de l’entreprise a été son premier Soc (Security Operations Center), monté pour le PMU ! « Un Soc, c’est vraiment la cerise sur le gâteau, c’est la preuve qu’on maîtrise l’intégralité du domaine de la cybersécurité. (…) Il y a eu ensuite bien d’autres Soc, celui du groupe Carrefour notamment, et bien sûr celui de LVMH en 2016, et des dizaines et dizaines depuis. »

C’est également en 2012 que I-TRACING accompagne et sponsorise la création du club des RSSI, qui sera baptisé CESIN (Club des experts en sécurité de l’information et du numérique), avec 1500 membres aujourd’hui.

Une cyberattaque à 50 Millions d’euros !

“La pandémie a été le moment de plusieurs grandes cyberattaques. Je me souviens en particulier d’une très grande entreprise industrielle franco‑italienne totalement exsangue à cause d’un rançongiciel. Nous sommes intervenus sans même connaître le client, en urgence. Un Incident Response inoubliable, mené jour et nuit pendant presque deux semaines, mobilisant en télétravail plus de quinze ingénieurs et analystes, nos équipes internes, etc. Le client était dans l’impossibilité d’utiliser la moindre application sur son IT, ses laptops ou ses smartphones…(…)  Avec le recul, le coût de cet incident est estimé à plus de 50 millions d’euros.”

L’international : la stratégie Follow the Sun

La réponse à incident demande une disponibilité des experts à toute heure, et quelle que soit la localisation du client. Un dispositif « Follow the Sun » a amené la présence de bureaux autour du globe, au Royaume‑Uni, au Canada ou en Asie. Le recrutement est toujours un enjeu délicat et cette présence internationale a l’avantage également d’attirer les talents.

2017 : le tournant du Private equity

C’est l’entrée, minoritaire du fonds français Keensight au capital d’I‑TRACING. Le quatuor d’actionnaires initiaux a dû apprendre à travailler avec un fonds de private equity. L’investissement a permis la croissance externe, avec l’acquisition d’Idento, une jeune société de conseil et de prestation dans l’IAM, puis d’un spécialiste suisse de la sécurité du cloud.

Passer à la 3e vitesse

En 2020, Keensight sort et de nouveaux LBO voient l’entrée d’Eurazeo et de Sagard. L’entreprise s’approche alors des limites du mid cap (mid capitalization) en termes de valorisation.

Après la sortie de ces fonds, les fondateurs veulent « s’inscrire dans une stratégie de croissance externe et à l’international. Pour passer la troisième ou la quatrième vitesse, I‑TRACING avait besoin d’un grand fonds d’investisse ment international, de culture anglo‑saxonne, avec des capacités fortes d’investissement au niveau mondial ».

En novembre 2024, les fondateurs bouclent troisième LBO, avec un fonds anglais dynamique et « le sentiment, en faisant ce choix, de monter dans un TGV. » En 2025, deux processus d’acquisition de sociétés de plus d’une centaine de personnes s’enclenchent, la première au Royaume‑Uni, la deuxième en Allemagne. Pour intégrer ces prochaines cibles, Th.-M. Vrangos croit en « une stratégie de groupe multimarque, qui laisse chacun exister », citant des groupes comme LVMH, Michelin ou Veolia.

Bientôt 1000 employés

L’entreprise prévoit de mener de front la croissance externe et la croissance organique : « notre plan prévoit de maintenir environ 200 embauches annuelles. Au premier trimestre 2026, le groupe devrait compter environ 1 000 collaborateurs ! »

Mais les associés, conservent un rôle opérationnel. « Ma vie, ce sont les liens avec les clients qui m’appellent si quelque chose ne fonctionne pas ou, bien plus souvent, quand ça marche bien ! Un CIO du CAC40 m’appelle à 6 heures du matin pour me dire qu’il fait face à tel incident et qu’il aurait besoin de nous. », confie Théodore-Michel Vrangos.

La conclusion de cette saga d’un entrepreneur de la cybersécurité : « La clé de la réussite – en tout cas de notre réussite –, c’est d’avoir entrepris à plusieurs », … et sans doute d’être restés associés pendant vingt ans.

 

CYBERATTAQUES & POIGNÉES DE MAINS -208 pages – 19,90 € – Éditeur : ecrire@novice-editeur.com Diffusion : Geodif – Distribution : Sodis